Liste d’Algériens à expulser de France : Alger rejette "la démarche de la partie française sur la forme et le fond"
- "Les autorités algériennes ont décidé de ne pas donner suite à la liste soumise par les autorités françaises", a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères

Algeria
AA/Alger/Aksil Ouali
L’Algérie a rejeté, ce lundi, "sur la forme et le fond la démarche de la partie française", qui a transmis aux autorités algériennes une liste de ressortissants algériens devant être expulsés de France. Selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, cette réponse a été transmise au chargé d'affaire de l'ambassade de France à Alger, reçu par le secrétaire général du ministère, Lounès Magramane.
"Cette audience fait suite à celle accordée au Chargé d’Affaires de l’Ambassade d’Algérie en France le 14 mars courant. Le Chargé d'Affaires algérien s’est vu remettre, à cette occasion, une liste de ressortissants algériens faisant l'objet de
décisions d’éloignement du territoire français", a expliqué le communiqué.
Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé, vendredi dernier, avoir transmis à l’Algérie une liste de personnes jugées "dangereuses" qui seront renvoyées dans leur pays. Selon le communiqué de la diplomatie algérienne, le Secrétaire général "a remis au Chargé d'Affaires français une note verbale contenant la réponse officielle des autorités algériennes".
"Dans cette réponse, l'Algérie réaffirme son rejet catégorique des menaces et des velléités d'intimidation, ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire", a précisé le communiqué.
Et d'ajouter : "En outre, l'Algérie désapprouve l'approche sélective de la France vis-à-vis des accords bilatéraux et internationaux liant les deux pays. Elle réaffirme qu'en ce qui la concerne, l'Algérie n'est animée que par le souci de s'acquitter de son devoir de protection consulaire à l'égard de ses ressortissants".
Concernant le rejet de la démarche française, l’Algérie a, sur la forme, "fait valoir que la France ne pouvait, unilatéralement et à sa seule discrétion, décider de remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d'éloignement". "La partie française a, par conséquent, été invitée à respecter la procédure établie en la matière, en suivant le canal d'usage, celui entretenu entre les Préfectures françaises et les Consulats algériens compétents, et en préservant la manière de traitement habituelle, celle de procéder au cas par cas", a fait savoir la même source.
Sur le fond, a indiqué le communiqué, "la réponse algérienne a souligné que le Protocole d'Accord de 1994 ne peut être dissocié de la Convention de 1974 sur les relations consulaires qui demeure le cadre de référence principal en matière consulaire entre les deux pays". "De ce point de vue, la mise en œuvre de l'un ne doit pas se faire au détriment de l'autre, notamment lorsqu'il s'agit de la nécessité de veiller au respect des droits des personnes faisant l'objet de mesures d'éloignement", a souligné le ministère algérien.
Pour toutes ces raisons, a conclu le communiqué, "les autorités algériennes ont décidé de ne pas donner suite à la liste soumise par les autorités françaises", les invitant "à suivre le canal d'usage, en l'occurrence celui établi entre les Préfectures et les Consulats".
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. En plus de la question des archives et la restitution des biens d’Algériens confisqués, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes. L’Algérie réclame aussi la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle.
Les relations entre les deux pays se sont dégradées davantage, depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal et le refoulement de migrants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au "rapport de force", selon les déclarations répétitives du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Côté algérien, le président Abdelmajid Tebboune a pointé "des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de "perte de temps" et mettant en garde contre "une séparation qui deviendrait irréparable".
"Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) Mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu", a-t-il déploré.
Le 25 février 2025, Paris a décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour "défendre les intérêts des Français".
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