AA / Hamilton – Canada / Mervé Aydogan

L'ONU a estimé ce mercredi qu'au moins 9 personnes sur 10 ont été déplacées au moins une fois dans la bande de Gaza, depuis le 7 octobre 2023.

"Nous sommes à nouveau à la croisée des chemins où l'ONU et ses partenaires doivent réinitialiser leurs opérations", a déclaré Andrea De Domenico, chef du Bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) dans les territoires palestiniens occupés, lors d'une conférence de presse en vidéoconférence.

De Domenico a noté que le récent ordre d'évacuation d'Israël à Khan Younès a affecté un tiers de l'enclave, aggravant encore la crise humanitaire.

"À l'heure actuelle, nous estimons que 9 personnes sur 10 dans la bande de Gaza ont été malheureusement déplacées à l'intérieur du pays au moins une fois, voire jusqu'à 10 fois, depuis octobre", a rapporté De Domenico.

Soulignant le déplacement constant, le responsable onusien a affirmé qu’"au cours des neuf derniers mois, les gens ont été déplacés comme des pions dans un jeu de société, forcés de se déplacer d'un endroit à un autre".

Le chef de l’Ocha a expliqué que les habitants doivent à chaque fois reconstruire des conditions de vie extrêmement difficiles, ce qui entraîne davantage de souffrances et un plus grand besoin d'aide humanitaire.

Soulignant que l'ONU continuera à agir dans la région, il a souligné que la distribution de l'aide est un défi quotidien.

Citant les chiffres du Bureau des statistiques de l'Autorité palestinienne, De Domenico a déclaré que la population de Gaza s'élève à 2,3 millions d’habitants et il a estimé que 110 000 personnes ont quitté Gaza et que 37 000 personnes ont été tuées.

Notant que derrière ces chiffres se cachent des gens avec des plaintes, des peurs et des espoirs, il a déclaré que son agence a basé son plan de distribution d'aide humanitaire sur 2,1 millions de personnes à Gaza, qui ont toutes besoin d'aide.

Le responsable onusien a rapporté que les responsables israéliens avaient affirmé qu'ils n'avaient pas l'intention d'évacuer les hôpitaux lors du récent appel “d'évacuation“, ajoutant qu'Israël n'avait pas partagé à temps les informations sur l'ordre d'évacuation.

"Les gens ont encore à l'esprit les souvenirs de ce qui s'est passé à (l’hôpital) Al-Shifa, à Nasser et dans d'autres hôpitaux, où des médecins, des patients et des infirmières ont été arrêtés et interrogés. Certains d'entre eux ont ensuite été retrouvés quelques jours plus tard dans des fosses communes, la peur est partout", a-t-il alerté.

Déclarant que l'hôpital européen de Khan Younès a également été évacué, De Domenico a noté qu'il s'agissait de l'un des derniers hôpitaux encore capables de fournir des services essentiels dans la région, mais qu'il est désormais "hors-service".

De Domenico a déclaré que l'Ocha avait vu les attaques israéliennes se poursuivre dans ce qui est qualifié de “zones de sécurité“ et a rapporté que 247 de ses collègues avaient été tués.

Il a aussi fait savoir que nombre de ses collègues avaient été tués alors qu'ils étaient en service et que certains avaient été tués chez eux avec leurs familles.

"Nous devons vraiment tracer une limite", a-t-il martelé.

* Traduit de l’anglais par Mounir Bennour.