France
AA / Tunis / Fatma Ben Amor
Le président français Emmanuel Macron, a déclaré ce dimanche, en marge de sa visite en Argentine, que "la France ne signerait pas en l'état" l'accord de libre-échange entre l’Union européenne et les cinq pays du Mercosur, soulignant que "l'agriculture française et européenne n'est pas un facteur d'ajustement à de mauvais accords".
"J'ai effectué cette visite de travail pour avoir des échanges avec le président Milei (Javier Milei, NDLR) et plusieurs de ses ministres (...) J'ai dit de manière très sincère et très claire le fait que la France ne signerait pas en l'état ce traité Mercosur", a indiqué Macron depuis Buenos Aires, avant de s’envoler vers le Brésil où doit se tenir le sommet du G20.
Et de poursuivre : "Nous ne croyons au pré-accord tel qu'il a été négocié (...) parce qu'il ne prend pas en compte les évolutions que nous avons fait nous-mêmes sur nos propres marchés. Pour l'Argentine, il serait très mauvais pour sa réindustrialisation, et pour la France il serait très mauvais pour notre agriculture".
"Nous ne pouvons pas demander à nos agriculteurs français de changer leurs pratiques, de se passer de certains produits phytosanitaires, d'avoir une agriculture de qualité, et en même temps d'ouvrir notre marché à des importations massives des produits qui ne respecteraient pas les mêmes critères", a insisté le président français, notant vouloir "que les règles soient justes" et "équitables".
Macron a parlé de "continuer de travailler pour défendre notre modèle". "On veut pouvoir produire en Européens, et particulièrement en Français, ce qui est important pour nous, notre alimentation (...) Je ne veux qu'on cède de notre souveraineté alimentaire. L'agriculture française et européenne n'est pas un facteur d'ajustement à de mauvais accords", a-t-il assuré.
"On va continuer de travailler avec tout le monde. Le cadre avec cette région (les pays du Mercosur, NDLR), c'est d'avoir un accord qui définit un bon cadre d'investissement, qui ouvre certains domaines où on a des intérêts, qui ouvre des partenariats sur des matériaux critiques, mais il ne doit pas sacrifier l'agriculture européenne", a-t-il encore déclaré.
Emmanuel Macron est, par ailleurs, revenu sur le mouvement de contestation agricole en France, alors que les agriculteurs français ont commencé dès ce dimanche 17 novembre à manifester pour justement exprimer notamment leur opposition à l'accord entre l’UE et les pays latino-américains du Mercosur (l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie).
"Les difficultés que vivent nos agriculteurs aujourd'hui n'ont rien à voir avec le Mercosur, puisqu'il n'est même pas encore signé", a estimé Macron, évoquant entre autres raisons de "la colère" les "épizooties", "des récoltes très mauvaises" et "une réglementation trop importante".
Le traité entre l’UE et le Mercosur est sous le feu de critiques, ses détracteurs l’accusant notamment de contribuer à importer plus de produits agricoles dans l’UE sans pour autant respecter toutes ses règles, favorisant une concurrence déloyale et exerçant une pression sur le marché européen.