Maroc : les propos de Macron sur la résistance palestinienne créent la polémique
- Macron a déclaré dans un discours devant le Parlement marocain que la résistance palestinienne était "barbare", la tenant pour responsable des événements du 7 octobre 2023 et justifiant l'agression sur Gaza par "le droit d'Israël à se défendre"
Rabat
AA / Rabat/ Ahmad Bentaher
Des partis, des organisations non gouvernementales et des manifestants marocains ont exprimé, mercredi, leur protestation contre les déclarations du président français Emmanuel Macron, lors de son intervention devant le Parlement marocain, mardi ; déclarations dans lesquelles il a critiqué la résistance palestinienne.
C’est ce qui ressort de déclarations distinctes publiées par le Parti marocain de la justice et du développement (opposition), le bloc parlementaire de l'Alliance de la fédération de gauche (opposition) à la Chambre des représentants (chambre basse du parlement), ainsi l'Observatoire marocain contre la normalisation (non- gouvernemental).
Mardi, dans une allocution devant le Parlement marocain, Macron a déclaré que la résistance palestinienne était "barbare" et l'a tenue pour responsable des événements du 7 octobre 2023, justifiant l'agression contre Gaza par "le droit d'Israël à se défendre".
"Mais rien ne justifie ce grand nombre de morts civils à Gaza", a ajouté Macron, commentant le génocide qu'Israël commet contre les Palestiniens de la Bande de Gaza depuis plus d'un an.
Les déclarations du président français ont été critiquées par le Parti marocain de la justice et du développement dans une déclaration de son bloc parlementaire : "Nous rejetons la description injuste et incorrecte figurant dans le discours de Macron, dans son évaluation des événements du 7 octobre, que la résistance palestinienne a baptisé le Déluge d'Al-Aqsa."
"Le Déluge d'Al-Aqsa est une réaction naturelle, que garantissent toutes les lois et chartes internationales, pour tous les peuples qui souffrent sous le joug de l'occupation et du colonialisme, et notamment pour le peuple palestinien", ajoute la déclaration.
Celle-ci considère que "qualifier les événements du 7 octobre 2023 de barbares ou de sauvages, en opposition à ce qui est qualifié de droit d'Israël à se défendre, pourrait équivaloir à une complicité avec l'occupation israélienne, dans la guerre d'extermination qu'elle commet au vu et au su du monde entier depuis plus d'un an à Gaza et au Liban".
Et d’expliquer que "le bloc parlementaire du parti de la justice et du développement a discuté d'une réaction immédiate pendant que le président français prononçait son discours, mais par respect pour lui en tant qu'invité de Sa Majesté le Roi, et conformément à l'approche marocaine à l'égard de ses invités, nous avons décidé de nous en abstenir".
Pour sa part, l'Observatoire marocain contre la normalisation a estimé que Macron "renoue avec la vieille terminologie coloniale en criminalisant le droit à la résistance et en le qualifiant de terrorisme, de la même manière que la France coloniale qualifiait les résistants du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie contre l'impérialisme au milieu du vingtième siècle."
Il a souligné que "pendant que Macron prononçait son discours, les dépouilles de plus de 70 déplacés se trouvaient sous les décombres d'un immeuble à Beit Lahia".
Mardi, le bureau des médias du gouvernement de Gaza a annoncé que 93 Palestiniens avaient été tués, et que plus de 40 autres étaient portés disparus, à la suite de la destruction d'un immeuble résidentiel de cinq étages par des avions de guerre israéliens.
De son côté, la députée de l'Alliance de la fédération de gauche, Fatima Tamni, a rejeté les propos de Macron concernant la résistance palestinienne.
Elle a déclaré dans un communiqué que "ce discours révèle l'hypocrisie flagrante de l'État français, qui prétend défendre la démocratie et les droits de l'homme, alors qu'il continue de soutenir et d'armer l'entité sioniste qui pratique les formes les plus odieuses de terrorisme et de crimes contre le peuple palestinien."
Mardi soir, le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation (non gouvernemental) a organisé une manifestation dans la ville de Marrakech (centre) contre les déclarations de Macron.
Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant la qualification de la résistance palestinienne de "barbare", affirmant leur solidarité avec les peuples palestinien et libanais face au génocide perpétré par Israël.
Macron a entamé, lundi, une visite officielle au Maroc, qui s'achève aujourd'hui mercredi ; visite au cours de laquelle il a assisté avec le roi Mohammed VI à la signature d'accords bilatéraux.
Avec le soutien total des États-Unis, Israël mène, depuis le 7 octobre 2023, une guerre "génocidaire" contre la Bande de Gaza, qui a fait plus de 144 000 victimes palestiniennes (morts et blessés), pour la plupart des femmes et des enfants, et plus de 10 000 disparus, dans un contexte de destructions massives et de famine.
*Traduit de l’Arabe par Mourad Belhaj