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Menacé de perdre son contrat avec l’Etat, le groupe scolaire musulman Al-Kindi pointe « des aberrations »

Dans un entretien à Anadolu, Maître Sefen Guez Guez indique qu’il est notamment reproché à l’établissement, la confection de cartes de voeux pour les fêtes de l’Aïd.

Feiza Ben Mohamed  | 31.12.2024 - Mıse À Jour : 01.01.2025
Menacé de perdre son contrat avec l’Etat, le groupe scolaire musulman Al-Kindi pointe « des aberrations »

Provence-Alpes-Cote d Azur

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

Alors que la préfecture du Rhône envisage la résiliation du contrat liant le groupe scolaire Al-Kindi et l’Etat, les avocats et la direction de l’établissement ont été entendus par une commission académique le 12 décembre dernier. Les conclusions de celles-ci sont attendues dans le courant du mois de janvier, et permettront à l’établissement de connaître les suites que les autorités souhaitent donner à ce dossier.
 

Dans un entretien à Anadolu, Maître Sefen Guez Guez, qui fait partie de l'équipe de défense du groupe scolaire (qui inclut également Maître Hakim Chergui), pointe « des aberrations » qui sont contenues dans le dossier à charge, constitué par les autorités préfectorales pour justifier l'opportunité d'une résiliation du contrat établi avec l’Etat.

« Le groupe scolaire Al-Kindi est aujourd’hui menacé d’une rupture de son contrat d’association, mais en réalité de trois contrats avec le collège, le lycée et l’école primaire. Et parmi les accusations celles qui sont peut-être les plus aberrantes, visent à reprocher à cet établissement musulman sous contrat, d’avoir cette coloration-là ».

Dans le détail, le conseil explique qu’il est notamment reproché « dans le rapport de saisine remis par la préfecture », le fait que « des élèves de CM1, à l’occasion des fêtes de l’Aïd, ont réalisé des cartes de voeux », que « durant la période du Ramadan, a été trouvé, un affichage sur le Prophète », ou encore « le fait que cet établissement privé ne propose pas assez d’heures d’arabe alors que c’est lié au fait que le rectorat de Lyon, ne met pas à disposition d’Al-Kindi, assez d’enseignants pour que les heures d’arabe réglementaires dans le cadre d’un contrat d’association, puissent être réalisées ».

« Ce qui se passe c’est que concrètement, Al-Kindi fait appel à des enseignants hors contrat, et c’est ce qui lui reproché quand la préfecture explique qu’il existe une confusion entre la partie hors contrat et la partie sous contrat » poursuit Maître Guez Guez pour qui les griefs sont « hallucinants ».

Au-delà de ces éléments opposés par la préfecture, des éléments beaucoup plus politiques ont été ajoutés au dossier, dont, la critique, par l’un des enseignants du groupe scolaire, de l’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen, le pliant de facto « en contradiction avec les valeurs de la République et avec la politique de l’Etat ».

« Vous avez le sentiment que la liberté d’expression, même à l’extérieur de l’établissement, n’est pas acceptée pour les enseignants et les intervenants de ce groupe scolaire », dénonce l’avocat qui pointe « un deux poids deux mesures » vis-à-vis de l’établissement catholique Stanislas, récemment épinglé « pour des atteintes très graves de discriminations ».

Et face à cette procédure, les réactions ont été dans le même sens du côté de la direction du groupe scolaire Al-Kindi mais aussi de du tissu associatif musulman dont la FNEM (Fédération nationale des établissements musulmans).

Son président, Makhlouf Mameche, rappelle dans un communiqué de presse que « les écoles privées musulmanes répondent à une demande croissante des familles, en proposant un cadre pédagogique qui allie excellence académique, respect des valeurs de la République et transmission de valeurs propres ».

Il estime à cet effet que « les attaques répétées contre ces établissements ne sont pas seulement injustes » mais « privent des milliers de familles d'une alternative éducative reconnue et appréciée ».

« L'éducation privée musulmane représente une véritable valeur ajoutée au service de l'intérêt général et mérite de pouvoir se développer et apporter sa contribution au paysage éducatif français » poursuit le responsable associatif.

Faisant état d’un « sentiment d’injustice », la FNEM, par la voix de Makhlouf Mameche « s'indigne de cet acharnement systématique qui vise les établissements privés musulmans, soumis à des décisions disproportionnées et à des contrôles intensifiés, en comparaison avec d'autres réseaux d'enseignement privé ».

« Déjà en 2024, le groupe scolaire Averroès a vu son contrat d'association résilié, et le collège privé musulman Avicenne a été menacé d'une fermeture heureusement annulée par la justice à Nice » souligne enfin la FNEM pour qui « ces décisions portent atteinte au principe fondamental d'égalité de traitement et réduisent injustement la liberté d'enseignement, pourtant garantie par la Constitution ».

Pour rappel, malgré les multiples procédures intentées pour contester la résiliation du lycée Averroès de Lille, l’Etat est allé au bout en mettant fin, de manière ferme et définitive, au contrat qui le liait à l’établissement qui bénéficiait pourtant de résultats d’excellence.

Du côté de Nice, le tribunal administratif a suspendu la fermeture du collège musulman Avicenne, visé lui aussi par un arrêté préfectoral.

À noter que le groupe scolaire Al-Kindi, qui accueille 617 élèves du CP à la Terminale, est ouvert depuis 2007 et a été régulièrement contrôlé par les services de l’Etat.

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