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Mohamed Hadid: "Les images des civils fuyant les attaques à Gaza me rappellent ce qu'a vécu ma mère"

- Le père des célèbres mannequins palestino-américains Bella et Gigi Hadid, n'était qu'un bébé de 9 jours lorsqu'il a été chassé de sa maison par deux familles d'immigrants juifs qui avaient fui l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.

Can Hasasu  | 28.11.2023 - Mıse À Jour : 04.12.2023
Mohamed Hadid: "Les images des civils fuyant les attaques à Gaza me rappellent ce qu'a vécu ma mère"

New York

AA / New-York / Can Hasasu

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Mohamed Hadid, le père des célèbres mannequins palestino-américains Bella et Gigi Hadid, a confié, au cours d'une interview accordée à Anadolu, se remémorer le vécu de sa mère, il y a 75 ans, en voyant à la télévision les civils fuir vers le sud de la Palestine en raison de l'occupation de la bande par Israël.

Mohamed Hadid n'était qu'un bébé de 9 jours lorsqu'il a été chassé de sa maison par deux familles d'immigrants juifs qui avaient fui l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.

Selon lui, le peuple palestinien a ouvert ses portes aux immigrants juifs d'origine polonaise et hongroise qui ont fui l'Europe en 1946 et ont accosté par bateau dans le port de Haïfa.

Il a expliqué que son père avait accueilli deux familles juives dans leur maison de Safed. Sa mère s'était rendue à Nazareth, où se trouvait la maison de son père, pour la mettre au monde deux ans plus tard.

Mohamed Hadid est né à Nazareth, dans la région de Galilée au nord de la Palestine, en 1948, au début de la première guerre israélo-palestinienne. Il souligne que des groupes juifs ont commencé à confisquer les terres des Palestiniens à cette époque. Pendant cette période, sa famille se trouvait à Nazareth loin de leurs maisons.

"Alors que j'étais âgé de neuf jours, ma mère est retournée chez nous à Safed, emmenant avec elle ma sœur de deux ans. La ville de Safed avait presque été prise par les Juifs qui s'y trouvaient. Mon père, professeur à l'université de Haïfa, n'était pas à la maison. Lorsque ma mère et moi nous sommes rendues dans la partie qui appartenait à notre famille, on ne nous a pas laissées entrer", a-t-il confié.

Mohamed Hadid raconte que sa mère, Khairiah Hadid, s'étant rendu compte que la famille était devenue réfugiée, a voulu prendre des couvertures pour que ses enfants n'aient pas froid sur la route. Cependant, la famille juive ne les a pas laissés entrer dans la maison, et sa mère n'a même pas été autorisée à prendre l'album photos de famille.

Voir des civils fuyant les attaques à Gaza, soutient-il, lui rappelle les récits de sa mère, qui voyageait avec ses enfants vers la Syrie, à pied ou sur le dos d'animaux pendant des jours en terrain montagneux, et arrivait quelques jours plus tard dans un camp de réfugiés en Syrie.

"Je ne me souviens de rien car je n'avais que 9 jours, mais ce que j'ai vu à la télévision m'a profondément affecté et m'a fait ressentir la lutte et les difficultés que ma mère a dû affronter pour m'emmener vivant dans un camp de réfugiés", ajoute-t-il.


- La famille Hadid reçoit des menaces de mort pour des messages de soutien à la Palestine


Mohamed Hadid indique que ses filles Bella et Gigi Hadid ont publié des messages sur les réseaux sociaux, qui ont suscité des réactions au sujet des victimes civiles enregistrées depuis le début de l'offensive israélienne sur Gaza.

"Mes enfants suivent leur intuition concernant la nature et tout ce qui arrive aux gens dans le monde. Qu'il s'agisse du tremblement de terre en Türkiye, des sans-abri en Asie du Sud-Est ou de la construction d'écoles pour l'UNICEF, elles ont toujours œuvré en faveur de ces causes pendant des années. Elles se sont toujours intéressées aux situations humanitaires. Comme je suis Palestinien, elles sont à moitié Palestiniennes. Cela crée un intérêt naturel chez elles", dit-il.

Mohamed Hadid a condamné avec force la montée en puissance des critiques à l'encontre de sa famille à la suite des attaques contre Gaza.

"Nous recevons beaucoup de menaces. Ils ont affiché mon numéro de téléphone et celui de mes filles sur l'internet. Nous avons reçu de nombreux appels pour nous menacer de mort ou nous agresser. Nous avons dû changer nos numéros de téléphone", déplore-t-il.


- L'Occident est à l'origine de l'antisémitisme


Selon Mohamed Hadid, l'antisémitisme est un phénomène d'origine européenne.

"Cela s'est produit en Europe de l'Est et à l'Ouest, contre des personnes de notre région. Je ne peux pas être antisémite, je suis de race sémite, je viens du pays où est né Jésus-Christ. Je ne peux pas être contre moi-même. Trois religions se sont rencontrées sur ces terres. Par conséquent, nous ne pouvons pas être contre eux et ils ne peuvent pas être contre nous", soutient-il.


- Les réfugiés palestiniens ne peuvent retourner sur leur terre ni morts ni vivants


Selon Mohamed Hadid, la plus grande douleur de ce monde réside dans le fait que des personnes, vivantes ou mortes , ne parviennent pas retourner sur les terres où elles sont nées.

"Nous n'avons pas pu respecter la volonté de ma mère, mon père et ma grand-mère, d'être enterrés dans le pays où ils sont nés et ont grandi. Ce sont les trois événements les plus douloureux de ma vie. Personne ne devrait souffrir de ne jamais pouvoir retourner dans le pays où il est né et où il a grandi", défend-il.

Il explique que sa famille a vécu à Rhodes Island pendant un certain temps, et que sa grand-mère, décédée dans cette île, n'a pas eu le droit d'être enterrée en Palestine.

Mohamed Hadid a rappelé la situation dans laquelle ils se trouvent de nombreuses personnes depuis des années en tant que réfugiés dans différents pays, après avoir été expulsés de Palestine par les colons juifs.

Il révèle que sa grand-mère a été enterrée dans le cimetière d'une mosquée construite par ses parents maternels à Rhodes pendant la période ottomane.

"C'est le lieu le plus proche de la Palestine où nous pouvions l'emmener. Nous avons été obligés d'enterrer mes parent aux États-Unis", poursuit-il.

Et de conclure: "J'aimerais être enterré dans mon pays natal."


* Traduit du turc par Alex Sinhan Bogmis

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