Municipales en France : L'assemblée examine une réforme du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille
– L’Assemblée nationale examine une réforme pour instaurer un scrutin plus direct dans les trois plus grandes villes de France.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le mode de désignation des maires à Paris, Lyon et Marseille pourrait bientôt être profondément modifié. L’Assemblée nationale débat cette semaine d’une proposition de loi du député parisien Sylvain Maillard (EPR) visant à réformer le scrutin municipal dans ces trois métropoles.
Dans une déclaration à la presse, Sylvain Maillard a dénoncé un « mode de scrutin à bout de souffle » ne profitant, selon lui, qu’à « ceux qui ont des intérêts ». Le texte, déjà adopté en commission des lois, entend rétablir l’égalité de représentation : « Un Parisien égale une voix, un Lyonnais égale une voix et un Marseillais égale une voix », peut-on lire dans l’exposé des motifs. Aujourd’hui, ces trois villes disposent d’un régime spécifique hérité de 1982, avec une élection par arrondissement ou secteur. Ce système permet l’élection de maires qui ne sont pas forcément issus de la majorité des suffrages exprimés à l’échelle municipale.
Le projet prévoit notamment l’instauration de deux bulletins distincts lors du vote : l’un pour les conseillers d’arrondissement, l’autre pour les conseillers municipaux qui élisent ensuite le maire. Sylvain Maillard y voit un moyen de dépasser les divisions politiques entretenues, selon lui, par l’actuel système. « Ces trois villes, quelle que soit la couleur politique du maire en place, sont divisées en deux à cause du mode de scrutin », insiste-t-il.
Le texte, soutenu par le Président français Emmanuel Macron, divise les partis d’opposition. Les Républicains oscillent entre soutien tactique, notamment pour favoriser Rachida Dati à Paris, et réticences face à une réforme potentiellement favorable aux macronistes, selon Le Figaro. Laurent Wauquiez y serait favorable, mais la position du groupe reste incertaine. À gauche, la ligne n’est pas uniforme non plus : malgré l’opposition d’Anne Hidalgo, une partie des socialistes, notamment ceux du Sud, s’apprêtent à voter pour. « Ce sera très divisé », anticipe un cadre LR.
Du côté du Rassemblement national comme de La France insoumise, le soutien est clair. Franck Allisio (RN) y voit un pas vers « plus de transparence » et la fin des « combines ». Nathalie Oziol (LFI) plaide pour une « redémocratisation » d’un scrutin qualifié d’« insatisfaisant ».
La proposition de loi semble promise à une adoption en première lecture. Un scénario loin d’être assuré encore récemment, preuve de l’évolution rapide des équilibres parlementaires sur ce dossier.
Pour rappel, à moins d’un an des municipales, une réforme électorale adoptée ce lundi par les députés impose désormais la parité sur les listes dans les communes de moins de 1 000 habitants et met fin au panachage, pratique qui permettait de rayer certains noms.
Saluée par les associations d’élus comme un progrès en matière de stabilité et de représentation, la mesure suscite néanmoins des inquiétudes sur le terrain, notamment en raison de la crise des vocations. Les élus ruraux attendent désormais que le gouvernement tienne sa promesse sur le « statut de l’élu », incluant revalorisation des indemnités, congés spécifiques et meilleure reconnaissance du mandat dans le calcul des retraites.