"Nous n'oublierons jamais le massacre de Sabra et Chatila", raconte un survivant palestinien
- Des milliers de personnes ont été tuées et laissées sur les routes pendant plusieurs jours après le massacre de 1982

Ankara
AA / Ramallah
Mahmoud Hashim passe ses journées à donner des cours d'échecs aux enfants du camps de Chatila au Centre d'échecs palestinien, où ils participent également à d'autres activités visant à promouvoir leur identité palestinienne.
Hashim, né et grandi dans le camp, se souvient encore de cette innommable horreur, la veille du 16 septembre 1982. Son réveil est provoqué par le bruit des balles réelles.
"Nous avons observé un mouvement étrange qu'on n'a pas eu l'habitude de voir dans la rue Western", a-t-il déclaré.
"Je ne peux pas croire que les tueurs étaient des humains normaux. Ils avaient perdu leur humanité et leur miséricorde", a-t-il martelé.
Durant cette nuit macabre, Hashim et son ami sont sortis pour comprendre ce qui se passait.
"Les gens couraient en criant, mais nous avons continué dans la direction opposée et nous n'avons pas pu comprendre ce carnage", raconte-t-il.
À l'époque, les factions de la résistance palestinienne avaient quitté les camps palestiniens au Liban et les questions de sécurité étaient sous le contrôle des Forces armées libanaises.
Ce carnage dont il était témoin restera gravé dans la mémoire des Palestiniens et des citoyens libanais. "Ce massacre considéré comme étant le 'pire de l’histoire de l’Humanité' a été orchestré par les forces israéliennes et les milices phalangistes libanaises", a-t-il ajouté.
Selon des données officielles, environ 3 500 civils ont été tués lors de ce massacre perpétré les 16 et 18 septembre 1982 dans toutes les ruelles du camp de réfugiés de Sabra et Chatila au Liban.
- Chaos et confusion
Hashim se souvient toujours de l'état de confusion et de chaos total ce jour-là.
"Personne ne comprenait ce qui se passait. Nous n'avons pas pu atteindre la rue Western et le quartier de Sabra. C'était un scénario apocalyptique", a-t-il déclaré.
Quelques heures plus tard, un journaliste britannique a accompagné Hashim à moto jusqu'à Western Street malgré le grand risque. Lorsqu'ils ont atteint la zone, des cadavres jonchaient le camp de réfugiés de Sabra et Chatila et couvraient les routes.
Selon Hashim, qui a perdu son oncle et deux de ses cousins dans cette tragédie, les corps sont restés dans les rues pendant plusieurs jours.
"Ce spectacle macabre m'a fait oublier que les tueurs pouvaient encore traîner dans les parages, et peut-être qu'ils me tueraient", se souvient-il.
"C'était horrible. J'ai vu le cadavre de l'épicier où l'on vient pour acheter nos denrées, tué par une hache qui lui a tranché la tête. Ils ont aussi tué mon oncle et ses chevaux. Je me souviens encore de la victime qui a été décapitée. Il était dénudé", a-t-il ajouté.
Et Hashim de conter : "Nous avons survécu miraculeusement".
Depuis lors, Hashim subit un trouble de stress post-traumatique. Pour vaincre ce traumatisme, il a choisi de consacrer son temps aux enfants du camps et leur transmettre les valeurs du nationalisme palestinien.
Mahmoud Hashim a fondé le Centre d'échecs palestinien pour soutenir les enfants.
"Je reçois environ 70 enfants dans chaque classe d'échecs", a-t-il déclaré.
Le centre propose également aux étudiants des cours de dessin, de langue et d'histoire.
"Cette génération doit être en connexion continue avec sa patrie et ne doit pas être coupé du monde. Les victimes ne peuvent pas être oubliées", a-t-il conclu.
* Traduit de l'anglais par Hajer Cherni
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