Offensive israélienne à Gaza : la soif de sang de Netanyahu met la région en péril (OPINION)
-Frustré par son échec à éliminer le Hamas et à atteindre des objectifs stratégiques clairs, Netanyahu se laisse séduire par la proposition de Trump de « posséder » la bande de Gaza.

Istanbul
AA / Istanbul
L'auteur, Serhan Afacan, est professeur associé à l'Institut d'études du Moyen-Orient de l'Université Marmara et président du Centre d'études iraniennes (İRAM).
Le cessez-le-feu déjà fragile à Gaza a été davantage brisé lorsque le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a déclaré qu'Israël avait « repris le combat avec force » contre le Hamas dans la bande de Gaza, le 18 mars, pendant le mois sacré musulman du Ramadan. Dans les heures suivant l'annonce de Netanyahu, des frappes aériennes israéliennes – qui violaient déjà régulièrement le cessez-le-feu ces dernières semaines – ont tué plus de 400 Palestiniens, dont un nombre significatif d'enfants. Plus tard dans la journée, les forces israéliennes ont lancé une nouvelle offensive terrestre, tuant selon des travailleurs locaux de la santé au moins 48 Palestiniens supplémentaires.
Promettant d'éradiquer le Hamas, Netanyahu a décrit la nouvelle phase du terrorisme d'État comme « juste le début ». Par ailleurs, des sources israéliennes ont confirmé que l'assaut avait été mené « en pleine coordination » avec les États-Unis. Toujours mercredi, Israël a mené une attaque contre une installation de l'ONU dans le centre de Gaza, tuant un employé étranger et en blessant cinq autres. Jorge Moreira da Silva, directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets, a condamné l'attaque en déclarant : « Israël savait qu'il s'agissait d'un site de l'ONU où des personnes vivaient et travaillaient. C'est un endroit bien connu. »
Dès le début, le bureau de Netanyahu a justifié l'assaut en accusant le Hamas de préparer de nouvelles attaques, de refuser de libérer les otages et de rejeter toutes les propositions avancées par l'envoyé présidentiel américain Steve Witkoff et d'autres médiateurs. Lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur Gaza, convoquée quelques heures seulement après la reprise de l'offensive israélienne, l'envoyé américain a imputé la responsabilité exclusive de l'effondrement du cessez-le-feu au Hamas. Selon le gouvernement israélien, environ 59 otages israéliens restent détenus à Gaza, dont moins de la moitié seraient encore en vie. Hamas, cependant, a nié avoir rejeté la proposition de l'envoyé américain, accusant Netanyahu d'avoir délibérément repris les hostilités pour saboter l'accord de cessez-le-feu. Le groupe a qualifié les actions israéliennes d'« annulation unilatérale » de l'accord existant.
Les pays arabes, dont l'Égypte et le Qatar – tous deux médiateurs clés dans les négociations de paix – ont vivement condamné la dernière escalade militaire israélienne. Le 20 mars, le département d'État américain a réaffirmé la « proposition de pont » avancée la semaine dernière par l'administration du président américain Donald Trump. Elle vise à prolonger la première phase de l'accord sur le cessez-le-feu et la libération des otages entre Israël et le Hamas et reste sur la table. Dans ce contexte, la question se pose : Qu'est-ce qui motive les ambitions génocidaires de Netanyahu ?
Un jeu à somme nulle ?
Netanyahu semble manœuvrer pour réduire l'accord de cessez-le-feu initial en plusieurs phases à sa seule première phase, en obtenant la libération de tous les otages israéliens avant de reprendre sa campagne militaire à Gaza. Hamas, cependant, perçoit le piège. À l'heure actuelle, ni les États-Unis ni des médiateurs comme l'Égypte et le Qatar ne peuvent offrir à Hamas des garanties que, s'il libère tous les otages restants – vivants ou morts – Israël s'engagera à entrer dans la deuxième phase de l'accord.
Il convient de rappeler qu'Israël avait déjà retardé les négociations pour la deuxième phase, qui devait initialement débuter 16 jours après l'entrée en vigueur de l'accord. Au moment où la première phase devait s'achever, le 1er mars, Israël avait refusé d'avancer dans les discussions, paralysant ainsi le processus diplomatique.
Depuis le 2 mars, Israël a pris des mesures de plus en plus punitives contre Gaza. Selon l'ONU, Israël a bloqué l'entrée de toutes les fournitures vitales, y compris nourriture, médicaments, carburant et gaz de cuisson, affectant 2,1 millions de personnes. Tous les points de passage ont également été fermés, et le 9 mars, Israël a ordonné un arrêt complet de l'approvisionnement électrique de Gaza. Cette panne a gravement affecté les usines de dessalement, qui fournissent de l'eau potable à environ 600 000 personnes. Pourtant, malgré ces actions, Israël continue d'échapper à toute responsabilité pour cette punition collective infligée à la population de Gaza.
Quel est l'objectif final d'Israël pour Gaza ?
Israël semble accélérer ses efforts pour mettre en œuvre ce que certains critiques décrivent comme un plan visant à redéfinir radicalement l'avenir démographique et politique de Gaza. Frustré par son échec à éliminer Hamas et à atteindre des objectifs stratégiques clairs, Netanyahu est séduit par la proposition de Trump de « prendre en charge » et de « posséder » la bande de Gaza. À l'heure actuelle, Netanyahu exploite le contexte géopolitique – notamment les pourparlers de haut niveau entre Trump et le président russe Vladimir Poutine sur l'Ukraine, ainsi que la campagne militaire américaine contre les Houthis au Yémen – qui ont détourné l'attention internationale de Gaza. Cette distraction lui offre l'opportunité d'intensifier les attaques avec moins de contraintes diplomatiques.
Cependant, la soif de sang de Netanyahu ne fait qu’aggraver la catastrophe humanitaire à Gaza tout en exacerbant les tensions régionales, poussant le Moyen-Orient vers une instabilité prolongée. Ses actions risquent de déclencher des effets d'entraînement plus larges, en particulier au Liban et en Syrie, aggravant encore un paysage déjà volatile. La question cruciale demeure : Israël a-t-il une stratégie à long terme pour Gaza, ou mène-t-il simplement une campagne de destruction sans issue politique viable ?
Un autre point crucial est de savoir comment la Ligue arabe, à la suite de leur sommet d'urgence au Caire le 4 mars, parviendra à concilier le plan de reconstruction égyptien avec l'agression incessante d'Israël.
L'urgence d'un effort diplomatique et stratégique concerté pour freiner l'agression et l'expansionnisme israéliens ne peut être surestimée. Sans intervention immédiate, toute la région portera les conséquences à long terme d'une escalade militaire incontrôlée et d'une instabilité politique.
* Les opinions exprimées dans cet article sont propres à l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la ligne éditoriale d'Anadolu.
* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba
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