Olivia Zemor dénonce "les encouragements au génocide" et fustige l'attentisme de Paris sur la Palestine
- Avant la manifestation de samedi à Paris, la présidente d’EuroPalestine a accusé la France de complicité active avec Israël et mis en doute la sincérité des annonces d’Emmanuel Macron.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Olivia Zemor, présidente du collectif EuroPalestine, n’a pas mâché ses mots ce samedi 12 avril, peu avant la nouvelle manifestation parisienne contre les bombardements israéliens à Gaza.
"Absolument, depuis dimanche on manifeste tous les jours", a-t-elle expliqué lors d’un entretien accordé à Anadolu.
Olivia Zemor dénonce "les encouragements au génocide" et fustige l'attentisme de Paris sur la Palestine
— Anadolu Français (@aa_french) April 14, 2025
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"Puisque tous les jours il y a des assassinats en Palestine, aussi bien à Gaza qu'en Cisjordanie, et qu'en plus notre gouvernement, le gouvernement français, ne prend toujours pas de sanctions contre Israël alors qu'il en prend contre la Russie."
Fustigeant l’attitude de Paris, Olivia Zemor est allée plus loin, dénonçant "pire que le silence" : "On est dans les encouragements au génocide à l'heure actuelle", a-t-elle accusé, en référence à l'accostage à Fos-sur-Mer du navire Maersk transportant des pièces détachées pour les avions de combat israéliens F-35, et au survol récent de l’espace aérien français par un avion militaire israélien.
Interrogée sur l’annonce par Emmanuel Macron d’une possible reconnaissance d’un État palestinien d’ici juin, elle a immédiatement relativisé cette promesse : "D'abord, ce n'est pas une fois de plus qu'il l'annonce", a-t-elle souligné. "Jusqu'à présent, le Parlement français avait voté la reconnaissance de l'État de Palestine et le gouvernement français n'a jamais respecté ce vote. Jamais."
La militante a surtout dénoncé les conditions posées par Paris : "Pour la première fois, il dit que peut-être, peut-être en juin, il reconnaîtrait un État de Palestine à condition que l'Arabie Saoudite reconnaisse l'État d'Israël." Et de s’interroger : "Pourquoi attendre le mois de juin ? Qu'il y ait encore quelques milliers ou dizaines de milliers de Palestiniens qui soient tués ou blessés ? Ça me paraît bizarre."
Mais au-delà du calendrier, Olivia Zemor s’est interrogée sur la faisabilité même d’un État palestinien. "À quel endroit ?", a-t-elle lancé, rappelant que "la Palestine est devenue comme des confettis, pire qu'un gruyère", avec "plus de 900 000 colons installés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est".
"Est-ce qu'il va exiger le retrait des colonies illégales ?", a-t-elle demandé, avant d’exprimer un doute profond sur les véritables intentions du Président français : "Depuis quand Macron est le chef d'orchestre de la normalisation avec les pays arabes ?"
Évoquant les négociations de cessez-le-feu en cours, Olivia Zemor a exprimé sa lassitude face aux déclarations sans effet. "Nous, ce qu'on voit, c'est qu’il y a des bombardements, des enfants déchiquetés, des journalistes", a-t-elle énuméré.
Surtout, elle a dénoncé la situation humanitaire dramatique dans Gaza : "Il y a eu 400 000 personnes qui ont été déplacées d'un endroit à l'autre dans des conditions particulièrement difficiles", a-t-elle alerté, en rappelant que "l'aide alimentaire est bloquée depuis le 2 mars dernier".
"Ils n'ont plus rien à manger", a-t-elle décrit. "Ils mangent de la farine infectée avec des insectes et ils sont véritablement au bord de la mort par la faim."
La colère d’Olivia Zemor résume l’état d’esprit d’une partie des manifestants réunis samedi à Paris : une dénonciation sans détour de la politique israélienne et de l’attitude du gouvernement français, jugée complice par son silence et son inaction. Reste à savoir si les prochaines semaines, et notamment la conférence internationale de juin, parviendront à répondre à ces inquiétudes ou ne feront que nourrir davantage la défiance.
- Un bilan humain alarmant et des violations du cessez-le-feu à Gaza
Pour rappel, depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 1 500 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à près de 51 000 morts depuis le début du conflit en octobre 2023. La majorité des victimes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire.
De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.