AA / Ramallah, Palestine

Avocat passionné de la création d'un Etat palestinien, le négociateur chevronné Saeb Erekat est décédé, mardi, des suites du coronavirus sans avoir réalisé son rêve de vivre dans un Etat indépendant de Palestine.

Le mouvement palestinien Fatah a déclaré qu'Erekat, âgé de 65 ans, avait succombé à la COVID-19 à l'hôpital israélien de Hadassah Ein Kerem à Jérusalem.

Né le 28 avril 1955 dans la ville d'Abu Dis à Jérusalem-Est, Erekat a quitté les territoires palestiniens à l'âge de 17 ans pour les États-Unis, où il a vécu avec son père.

Il obtient une licence en sciences politiques à l'université de San Francisco en 1977 et une maîtrise en relations internationales à la même université deux ans plus tard.

En 1982, Erekat a obtenu son doctorat en études sur la paix à l'université britannique de Bradford. Il a ensuite acquis la citoyenneté américaine.

L'éminente personnalité palestinienne est devenue professeur de sciences politiques à l'université nationale An-Najah de Naplouse de 1979 à 1991. Il a également travaillé comme rédacteur en chef du journal Al-Quds de 1980 à 1992.

Erekat s'est fait connaître en mettant un foulard palestinien alors qu'il assistait à la conférence de paix de Madrid en 1991 en tant que membre de la délégation de négociation palestinienne.

Il a également participé aux pourparlers de paix de Washington en 1992 et 1993 et a été nommé chef de la délégation de négociation palestinienne en 1994.

Erekat a été ministre des collectivités locales dans le premier gouvernement formé par l'Autorité nationale palestinienne dirigée par le leader emblématique Yasser Arafat. Il a également été élu au Conseil législatif palestinien en 1996 et 2006.

Erekat était un proche collaborateur d'Arafat lors des réunions de Camp David en 2000, ainsi que lors des négociations de paix israélo-palestiniennes tenues dans la ville égyptienne de Taba en 2001.

En 2003, Erekat a dirigé le département des négociations au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

En 2009, il a été élu membre du Comité central du Fatah, l'organe exécutif du mouvement. Il a également été désigné comme membre du comité exécutif de l'OLP.

Au cours de sa vie, Erekat s'est engagé dans des négociations avec six premiers ministres israéliens dans le but de réaliser son rêve de mettre fin à l'occupation israélienne qui dure depuis des décennies et d'établir un État palestinien indépendant.

En 2008, Erekat a écrit le livre "Life is Negotiations" ("La vie est une négociation"), dans lequel il relate son expérience de négociateur lors des pourparlers de paix avec Israël.

En 2014, il a écrit un autre livre, "Elements of Negotiation between Ali and Roger Fisher" ("Éléments de négociation entre Ali et Roger Fisher"), sur les comportements des négociateurs occidentaux, arabes et islamiques. Ce livre est une étude comparative entre sept éléments de négociation identifiés par le scientifique américain Roger Fisher et les méthodes de négociation définies par le cousin du prophète, Ali ibn Abi Talib.

En octobre, le négociateur chevronné a proposé aux Palestiniens des idées sur la manière de contrecarrer le prétendu " accord du siècle " du président américain Donald Trump et de faire face aux plans israéliens d'annexion de la Cisjordanie occupée, dans le cadre du livre " Erekat Vision " (" Vision d'Erekat ") publié par l'Arab Thinking Forum de Londres.

La droite israélienne a accusé Erekat de chercher à internationaliser le conflit israélo-palestinien en proposant que la Palestine obtienne le statut de membre à part entière des agences et accords des Nations unies, notamment la Cour pénale internationale (CPI) et les Quatrièmes conventions de Genève.

Avant sa mort, Erekat dirigeait un comité comprenant des représentants de factions palestiniennes et d'ONG pour fournir à la CPI des documents prouvant l'implication de responsables israéliens dans des crimes de guerre contre les Palestiniens.

Erekat a rejeté les tentatives israéliennes et occidentales de désigner le mouvement de résistance palestinien Hamas comme une organisation terroriste, en soulignant que le Hamas est un groupe de libération nationale qui cherche à mettre fin à l'occupation israélienne des terres palestiniennes.

Erekat s'est opposé aux récents accords de normalisation entre Israël et les Emirats arabes unis et le Bahreïn.

" Je préfère prendre feu que d'accepter que Jérusalem, la mosquée Al-Aqsa et l'église du Saint-Sépulcre deviennent la capitale d'Israël ", a déclaré Erekat en réponse à des tweets critiquant la futilité des négociations palestino-israéliennes.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj