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Poutine : l'Ukraine et l'Occident ont rejeté les accords d'Istanbul pour infliger une ‘défaite stratégique’ à la Russie

- Le président russe affirme que Moscou n'a jamais refusé de négocier avec l'Ukraine, tout en se disant prêt à discuter avec Kiev sur la seule base des documents convenus lors des pourparlers d'Istanbul

Burç Eruygur  | 05.09.2024 - Mıse À Jour : 06.09.2024
Poutine : l'Ukraine et l'Occident ont rejeté les accords d'Istanbul pour infliger une ‘défaite stratégique’ à la Russie

Istanbul

AA / Istanbul / Burc Eruygur

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré, jeudi, qu'au cours des premières semaines de la guerre en cours, l'Ukraine et l'Occident ont rejeté les accords conclus lors des pourparlers de paix tenus à Istanbul, cherchant au contraire à infliger une « défaite stratégique » à Moscou.

Évoquant les pourparlers de mars 2022 à Istanbul, en Türkiye, Poutine a déclaré : « Nous avions défini presque tous les paramètres d'un éventuel accord de paix avec les représentants du gouvernement de Kiev... Certes, il restait quelques points à régler, mais en général, l'accord (…) méritait d'être conclu, c'était un document ».

« Ensuite, M. (Boris) Johnson (alors Premier ministre britannique) est arrivé, comme on le sait [...] et a donné aux Ukrainiens l'ordre de se battre jusqu'au dernier Ukrainien. Ce qui se passe aujourd'hui (a) pour objectif de parvenir à une défaite stratégique de la Russie », a-t-il ajouté lors d'un forum économique tenu dans la ville portuaire de Vladivostok.

Selon Poutine, les autorités ukrainiennes ont publiquement admis que la guerre entre la Russie et l'Ukraine aurait pris fin « depuis longtemps » si elles avaient appliqué ce que les pays avaient convenu à Istanbul, alors que le conflit durait depuis à peine un mois, au lieu des 30 mois qu'il a duré depuis lors.

« Mais ils ont pris un chemin différent. Et voilà le résultat », a-t-il ajouté.

Quant à savoir si la Russie est prête à négocier maintenant avec l'Ukraine, Vladimir Poutine a déclaré que Moscou n'avait jamais refusé de le faire.

« Pas sur la base de quelques demandes d'ordre éphémère, mais plutôt sur la base des documents qui ont été convenus et effectivement paraphés à Istanbul », a-t-il ajouté.

Les autorités russes ont accusé à plusieurs reprises Kiev de ne pas avoir signé un projet d'accord conclu lors des négociations d'Istanbul, en raison de « pressions directes » exercées par le Royaume-Uni, une allégation que Boris Johnson a démentie.

Ces allégations citent notamment les déclarations du chef de la délégation ukrainienne, Davyd Arakhamia, lors d'une interview accordée en novembre dernier à des médias locaux, selon lesquelles Johnson aurait conseillé à Kiev de ne pas signer d'accord avec la Russie.


** Situation à Koursk

Le président russe a également commenté la situation actuelle dans la région frontalière de Koursk, déclarant que l'opération ukrainienne dans la région avait conduit à la « consolidation de la société » dans le pays au lieu d'atteindre l'objectif visé.

Selon lui, ces objectifs étaient de semer la panique en Russie et de déstabiliser la situation politique interne du pays.

Qualifiant la défense de la région par la Russie de « devoir sacré », Poutine a déclaré que l'Ukraine pourrait bientôt perdre sa « capacité de combat » en raison des pertes subies par l'armée ukrainienne, ce qui, selon lui, est le but recherché par Moscou.

Vladimir Poutine a ajouté que l'objectif de l'Ukraine à Koursk était de détourner l'attention de Moscou de son offensive en cours dans l'est de l'Ukraine.

« L'objectif de l'ennemi (l'Ukraine) était de nous perturber, de nous troubler, dans le but de nous faire transférer des troupes d'une zone à l'autre et d'arrêter notre offensive dans des zones clés, principalement dans (le) Donbass [...] », a-t-il ajouté. « Cela a-t-il fonctionné ? Non, l'ennemi a échoué », a-t-il déclaré.

Il a également affirmé que les militaires russes avaient « stabilisé » la situation dans la région de Koursk, déclarant qu'ils avaient commencé à repousser progressivement les troupes ukrainiennes hors de cette région.

Les autorités ukrainiennes n'ont pas encore commenté les déclarations de Vladimir Poutine, et il est difficile de procéder à une vérification indépendante en raison de la guerre en cours.

Dans la nuit du 5 au 6 août, Kiev a lancé une opération dans la région frontalière de Koursk, les forces ukrainiennes pénétrant dans la région proche de la ville de Sudzha, à environ 10 kilomètres de la frontière.

Poutine a accusé Kiev de mener une « provocation à grande échelle » et des « tirs aveugles », définissant l'incursion comme une « attaque terroriste ».

Quelques jours plus tard, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a admis qu'il s'agissait d'une « opération » des troupes ukrainiennes, précisant que l'objectif était de créer une « zone tampon » contre les attaques transfrontalières de la Russie.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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