AA / Tunis / M. Belhaj

Le Premier ministre groenlandais Jens-Frederik Nielsen a affirmé, dimanche à Copenhague, que son territoire « ne sera jamais une propriété que quiconque peut acheter ».

Cette déclaration marque la dernière réaction en date face aux pressions de Washington visant à prendre le contrôle de ce territoire semi-autonome danois.

Arrivé samedi dans la capitale danoise pour une visite de trois jours, sa première visite officielle au Danemark, Jens-Frederik Nielsen, qui dirige un gouvernement de coalition après la victoire en mars aux élections législatives groenlandaises de son parti de centre-droit, Les Démocrates, entendait ainsi afficher l’unité entre son territoire, riche en ressources minérales, et le Danemark.

Le président américain Donald Trump a plusieurs fois exprimé son souhait que le Groenland rejoigne les États-Unis, invoquant des raisons de sécurité, et laissant même planer le flou sur les options qu'il envisageait pour atteindre cet objectif.

« Nous avons besoin du Groenland pour la sécurité nationale et même internationale. (...) Nous en avons vraiment besoin pour la sécurité mondiale et je pense que nous allons l'obtenir. D'une manière ou d'une autre nous l'obtiendrons », avait-il souligné au mois de mars devant le Congrès américain.

Lors d'une visite controversée au Groenland le même mois, le vice-président américain JD Vance avait accusé le Danemark de ne pas faire du bon travail pour protéger l'île de la Russie et de la Chine, suggérant que les États-Unis pourraient mieux protéger le territoire.

Lors d’une conférence de presse commune, tenue dimanche, Jens-Frederik Nielsen et la Première ministre danoise Mette Frederiksen ont annoncé leur volonté de « renforcer leurs liens » en réponse aux pressions américaines.

La Première ministre danoise, qui s'était rendue au Groenland début avril, avait déjà réagi fermement aux déclarations de Washington en affirmant : « Vous ne pouvez pas annexer un autre pays. » Elle a réaffirmé, dimanche, que « seuls les Groenlandais peuvent décider de l’avenir du territoire ».

Dans un contexte diplomatique tendu, Jens-Frederik Nielsen et Mette Frederiksen ont assuré vouloir moderniser les relations entre Nuuk et Copenhague. « Nous sommes dans un contexte de politique étrangère qui signifie que nous devons nous rapprocher », a souligné Nielsen.

La Première ministre danoise a pour sa part déclaré que son pays était prêt à investir davantage au Groenland pour accompagner le développement des compétences locales, en soutenant financièrement son autonomie croissante.

Jens-Frederik Nielsen a également exprimé l’inquiétude suscitée parmi la population groenlandaise par l’extension du consulat américain à Nuuk. Décidée avant l’élection de Donald Trump, cette extension a ravivé les tensions sur la souveraineté du territoire : « Cela cause de l’anxiété parmi le peuple groenlandais », a déclaré le Premier ministre groenlandais lors de cette même conférence de presse.

Interrogé sur d’éventuels contacts récents avec l'administration américaine, Nielsen n’a « ni confirmé ni démenti » avoir échangé avec Washington depuis son entrée en fonction.

Dans un contexte de rivalités accrues autour de l’Arctique, le Danemark a néanmoins appelé à intensifier la coopération de défense avec les États-Unis. Les deux Premiers ministres ont souligné à cet égard leur engagement commun à « renforcer la défense dans la région ».

En signe supplémentaire de solidarité, le palais royal du Danemark a annoncé, mercredi dernier, que le roi Frederik devrait se rendre au Groenland ce lundi 28 avril.