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Réduction de la présence militaire américaine, l'Ukraine inquiète

- En privé, le secrétaire à la Défense américain, Pete Hegseth, aurait informé l'administration ukrainienne de la volonté de son pays à réduire sa présence militaire en Europe

Fatma Zehra Solmaz  | 20.02.2025 - Mıse À Jour : 20.02.2025
Réduction de la présence militaire américaine, l'Ukraine inquiète

Istanbul

AA/Istanbul/ Fatma Zehra Solmaz

Les tensions entre l'administration Trump et l'Ukraine se sont intensifiées après que le secrétaire à la Défense américain, Pete Hegseth, ait informé, en privé, des responsables ukrainiens, lors d'une rencontre avec le président Zelensky le 12 février, que Washington envisageait de réduire sa présence militaire en Europe pour se recentrer sur la région Asie-Pacifique et la frontière sud des États-Unis, selon plusieurs sources américaines.

Cette révélation inquiète Kiev sur le virage de Trump concernant l'OTAN et la sécurité de l'Ukraine, rapporte la chaîne de télévision américaine NBC.

En coulisses, les responsables ukrainiens étaient de plus en plus préoccupés par les messages contradictoires des conseillers de Trump sur l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et son rôle dans les négociations avec la Russie pour mettre fin au conflit.

Selon NBC, Zelensky a été averti que ses rencontres avec les responsables de l'administration Trump pourraient être annulées s'il ne répondait pas rapidement à certaines exigences.

Juste avant le discours de Hegseth à Bruxelles le 12 février, des responsables du Département d'État lui ont conseillé de ne pas exclure l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN dans le cadre d'un règlement de paix.

Cependant, Hegseth a ignoré cet avis, déclarant : « Les États-Unis ne croient pas que l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN soit un résultat réaliste d'un règlement négocié. »

Interrogé par NBC, le porte-parole du Pentagone, John Ullyot, a démenti les propos rapportés en les qualifiant de « 100 % faux. »

Ullyot a précisé qu’« à aucun moment le secrétaire Hegseth n’a été conseillé par des responsables de l’administration dans le sens d’éviter de remettre en question l’adhésion à l’OTAN, » soulignant que ses remarques étaient « coordonnées avec les membres supérieurs de l’équipe de sécurité nationale du président » et pleinement soutenues.

Le porte-parole a ajouté que « le président lui-même a renforcé les remarques du secrétaire Hegseth concernant l’adhésion à l’OTAN peu après, dans ses propres commentaires publics dans le Bureau Ovale. »

Il a également précisé que Hegseth « n’a fait aucune annonce concernant une réduction des troupes américaines en Europe, ni de calendrier à cet égard. »

Lors de leurs déplacements la semaine dernière, Hegseth et le vice-président JD Vance ont souligné que l’Europe devait assumer une plus grande responsabilité pour sa propre défense, tandis que les États-Unis se recentraient.

Du point de vue de Trump, Zelensky résistait aux exigences que la Maison Blanche jugeait raisonnables, malgré l’aide militaire américaine à l’Ukraine de plus de 75 milliards de dollars.

Trump estimait que Zelensky était réticent à faire les compromis nécessaires et se montrait frustré par les plaintes publiques de l’Ukraine concernant son exclusion des négociations de paix entre les États-Unis et la Russie.

« Il y a de la frustration, » a déclaré un responsable de la Maison Blanche, accusant Zelensky et certains leaders européens d’essayer de « dénigrer » les efforts de paix de Trump, a rapporté NBC.

Alors que les tensions montaient, Trump a accusé mardi l’Ukraine de la décision du président russe Vladimir Poutine d’envahir le pays, et a demandé de nouvelles élections à Kiev.

Lorsque Zelensky a réagi en accusant Trump de diffuser de la « désinformation » russe, Trump a intensifié sa rhétorique, qualifiant le président ukrainien de « dictateur » qui avait fait « un terrible travail. »

Le 12 février, Trump a annoncé sur sa plateforme sociale Truth Social qu'il avait eu un « appel téléphonique très productif » avec Poutine, au cours duquel ils ont convenu « d’entamer des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine. »

Le même jour, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a rencontré Zelensky à Kiev, lui présentant une proposition qui accorderait aux États-Unis la propriété de la moitié des minerais rares de l’Ukraine, qu'il a souligné comme « essentiels pour diverses technologies. »

Lorsque Zelensky a sollicité un délai pour réfléchir, Bessent l’a pressé de prendre une décision dans l’heure, menaçant d’annuler ses prochaines rencontres avec le vice-président JD Vance et le secrétaire d’État Marco Rubio « si aucun accord n’était trouvé.»

En fin de compte, Zelensky a laissé l’accord en suspens, évoquant des préoccupations concernant la souveraineté de l’Ukraine ainsi que ses intérêts économiques et sécuritaires à long terme.

Traduit de l'anglais par Sanaa Amir



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