Shinzo Abe: L'homme des résultats et des réformes au Japon (Portrait)
- Retour sur les grandes étapes de la vie politique de l'ancien Premier ministre japonais assassiné, Shinzo Abe, ainsi que sa vision politique et économique
Tokyo
AA / Tokyo
L’homme politique japonais et ancien Premier ministre, Shinzo Abe, a été assassiné vendredi lors d'une attaque armée qui l’a ciblé, alors qu'il prononçait une allocution au cours de sa participation à un rassemblement électoral.
L’actuel Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a qualifié l'attaque « d'acte barbare et malsain ».
Abe, 67 ans, était dans la ville de Nara (ouest du Japon), pour appuyer le candidat du Parti libéral-démocrate (PLD au pouvoir) aux élections sénatoriales prévues ce dimanche.
Deux coups de feu au moins ont été entendus lorsque Abe prononçait une allocution, après quoi il est tombé à terre inconscient. Il s'est avéré que les coups de feu ont été tirés de l’arrière.
Selon le rapport de l'hôpital, Abe a perdu beaucoup de sang et toutes les tentatives de le sauver ont échoué.
Les autorités japonaises ont arrêté le tireur, nommé Tetsuya Yamagami, âgé de 41 ans et qui est un habitant de Nara. L’arme en sa possession a été saisie et il fait face à un chef d'inculpation de meurtre.
Shinzo Abe avait démissionné de la présidence du Parti libéral-démocrate à l’automne 2020 en raison de problèmes de santé.
A la fin du mois d'octobre 2020, il avait annoncé sa démission en lançant : « Mes conditions de santé ne sont pas parfaites. Une mauvaise santé peut conduire à de mauvaises décisions politiques (...). J'ai décidé de démissionner de mon poste de Premier ministre ».
En contrepartie, Shinzo Abe qui dispose d'un record de longévité en tant que Premier ministre du Japon, avait décidé de poursuivre sa carrière politique.
* La politique exige des résultats
Le slogan « La politique exige des résultats », fut la principale caractéristique de l'homme politique qu’était Abe. Il avait seulement 52 ans lorsqu'il est devenu Premier ministre du Japon pour la première fois en 2006, ce qui a fait de lui le plus jeune Premier ministre de l'histoire du pays.
Il était considéré comme étant un symbole de changement et de jeunesse, mais il représente aussi la troisième génération d’hommes politiques qui appartiennent à une famille politique de l'élite.
Shinzo Abe s’inscrit dans la lignée d'une famille politique. Son grand-père, Nobusuke Kishi, avait occupé le poste de Premier ministre de 1957 à 1960.
Après la mort de son père, qui avait occupé le poste de chef de la diplomatie nippone, Shinzo Abe s'est engagé dans le monde de la politique et a été élu membre du Parlement.
La première crise dans la vie politique de Abe est intervenue lorsqu'il a démissionné en 2007, en raison d'une rectocolite hémorragique, et ce fut la même année où son parti a subi une défaite cinglante lors des législatives.
* Retour au pouvoir
Abe a repris son poste en 2012 de manière époustouflante, lorsqu’il a battu son adversaire au sein du parti, Shigeru Ishiba, en septembre de cette année, pour reprendre les rênes du PLD et conduire sa formation à une éclatante victoire en obtenant une majorité écrasante au Parlement en décembre.
Shinzo Abe est resté ainsi un maître politique et est considéré comme le premier chef du gouvernement qui reprend son poste depuis Shigeru Yoshida en 1948.
Le deuxième mandat de Abe à la tête de l’exécutif japonais a été marqué par une dimension économique, quand il s’est engagé à faire sortir le Japon d’une longue récession.
Son fameux slogan « La politique exige des résultats » a commencé à donner ses fruits, lorsque le programme de la « Forte incitation monétaire de la Banque du Japon » avait abouti à l’augmentation des gains des grandes compagnies, à la hausse de la valeur des actions et au renforcement du yen japonais.
Abe avait été réélu en 2014 et en 2017 et au cours de sa dernière conférence de presse en tant que Premier ministre nippon, avait évoqué les craintes d’ordre sécuritaire qui hantent le pays.
En octobre 2020, il avait déclaré que « la Corée du Nord possédait une grande capacité, en termes de missiles balistiques et le Japon se doit de se doter et d’améliorer ses capacités sécuritaires ».
« Malheureusement, notre voisine (la Corée du Nord) a des ambitions nucléaires et pour garantir la sécurité de notre pays, nous avons besoin d’une forte alliance avec les États-Unis », a-t-il ajouté.
* La relation avec les musulmans
Un homme d’affaires d’Osaka avait déclaré auparavant à l’Agence Anadolu en 2012, que la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 a permis à Abe de se faire son idée des musulmans dans le pays du Soleil levant.
L’homme d’affaires qui s’exprimait sous le sceau de l’anonymat a déclaré que Abe s’était rendu dans plusieurs camps de secours et remarqué la présence des musulmans, notamment les Pakistanais, partout lors des opérations de secours ».
Abe faisait partie de l’opposition lorsque la catastrophe nucléaire de Fukushima s’était produite en 2011.
L’homme d’affaires a ajouté : « Des groupes de musulmans ont été les premiers à arriver aux zones touchées par le tsunami, longtemps avant l’arrivée du gouvernement et des autres communautés japonaises ».
Après son retour au pouvoir en 2012, son Administration a aménagé des espaces de prière aux musulmans aux abords des autoroutes et dans plusieurs aéroports du pays et Abe a été en contact permanent avec la communauté musulmane.
De même, l’Administration de Abe a réservé une section spéciale aux musulmans dans les centres de langue japonais destinés aux étudiants étrangers et aux professionnels.
Abe avait demandé aux propriétaires des grands restaurants de fournir une alimentation halal à la clientèle musulmane, a poursuivi la même source qui a dit que ces développements « étaient rares par le passé ».
Le Japon compte une minorité musulmane avec 230 mille personnes, sur une population de 125 millions d’habitants.
Malgré cela, Abe a tissé des liens solides avec des pays musulmans, dont la Türkiye. Le Japon et la Türkiye sont réunis par des liens forts et importants.
*Traduit de l’arabe par Hatem Kattou