Politique, Monde

Sit-in à Sciences Po Paris : une mobilisation étudiante pour la Palestine

– Un appel au "blocage pacifique" du campus de la rue Saint-Guillaume a été lancé pour protester contre la "complicité" de la direction de l’école.

Ümit Dönmez  | 24.04.2025 - Mıse À Jour : 25.04.2025
Sit-in à Sciences Po Paris : une mobilisation étudiante pour la Palestine

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Des dizaines d’étudiants se sont rassemblés, jeudi soir, devant et à l'intérieur du bâtiment principal de Sciences Po Paris, à l’appel de collectifs et d’organisations solidaires de la cause palestinienne.

Par voie d’un communiqué largement relayé sur les réseaux sociaux, les organisateurs annonçaient une "occupation massive" du site du 27 rue Saint-Guillaume dès 20 heures.

Selon la même source, cette action vise à dénoncer "la complicité active" de l’administration de l’école face à ce qu’ils qualifient de "génocide en cours" à Gaza.

Dans leur texte, les collectifs dénoncent "l’aveuglement, la répression, la complicité" de la direction de Sciences Po, accusée d’avoir sanctionné des étudiants engagés pour la Palestine. "50 conseils de discipline, 10 étudiant·es suspendu·es", avancent-ils, évoquant également "5 interventions policières sur le campus" et des actes de "surveillance, intimidations, harcèlement".

L’action se veut également un acte de convergence entre différentes luttes.

"L’heure est à l’unité", proclame l’appel, qui ambitionne de fédérer largement la jeunesse autour de revendications politiques et universitaires. La présence d’un grand nombre de personnes devant les grilles de l’école est perçue comme un moyen de rendre visible une colère qu’ils estiment "partagée bien au-delà des murs".

Les collectifs préviennent que toute tentative d’expulsion des occupant·es constituerait, selon eux, "un alignement politique" de la direction de Sciences Po. Aucune déclaration officielle n’a encore été faite par l’administration de l’école au moment de la publication de cet article.

Cette mobilisation s’inscrit dans un climat plus large de tensions dans plusieurs établissements d’enseignement supérieur en France, où les mobilisations propalestiniennes sont surveillées de près, voire réprimées. Elle rappelle, par ailleurs, les récents mouvements sur les campus américains, où des actions similaires d’occupation ont été entreprises ces dernières semaines.


-- Les étudiants veulent rompre toute coopération avec les universités israéliennes

Les étudiants ont brandi des banderoles sur lesquelles était écrit : "Israël Assassin, Sc. Po complice". D'autres ont levé leurs mains teintées en rouge en allusion à l'effusion du sang à Gaza.

"La Palestine vaincra" ; "Viva-viva Palestina" ; "Viva-viva intifadha", ont, entre autres, scandé les étudiants, certains vêtus de keffieh, d'autres levant le drapeau palestinien.

"Nous avons une liste de 5 revendications, dont une que nous voulons mettre en avant, à savoir, la rupture des partenariats avec les universités israéliennes", a déclaré à Anadolu, sur place, un étudiant mobilisé, sous couvert d'anonymat.

"Pourquoi on demande à couper les partenariats avec les universités israéliennes ? Ce n'est pas parce qu'elles sont israéliennes, c'est parce qu'elles sont activement complices du génocide en cours à Gaza", a-t-il expliqué.

"Il y a notamment l'université de Tel-Aviv qui contribue à l'élaboration de la doctrine militaire d'Israël", a-t-il détaillé.

"Il y a des universités qui ont leur campus dans des territoires occupés, et donc nous, on demande à ce qu'on coupe les partenariats avec ces universités-là, ces partenariats institutionnels qui soutiennent un génocide en cours, et nous on ne comprend pas", a-t-il poursuivi.

Notre interlocuteur a insisté sur le caractère pacifique du mouvement : "à l'intérieur il y a une occupation pacifique, une mobilisation", a-t-il affirmé.

"Quand je dis occupation, c'est-à-dire juste reprendre possession de l'espace de Sciences Po, mettre des drapeaux palestiniens, montrer, chanter, donner nos revendications pour qu'on soit visible sur le campus et que l'admin de Sciences Po voit nos revendications, qu'elle refuse d'écouter", a-t-il expliqué.

"On a organisé des ruptures de partenariats avec les universités russes après l'invasion russe de l'Ukraine. On pense qu'après presque deux ans de génocide, il serait temps de faire la même chose pour les universités israéliennes", a-t-il argumenté.

Cette mobilisation étudiante a gardé son caractère pacifique. Des véhicules de CRS sont arrivés en nombre au début du mouvement avant de repartir quelques minutes après.


- Catastrophe humanitaire à Gaza

Pour rappel, Israël bloque, depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération".

Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a récemment réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".

Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de près de 2000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 52 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023.

La majorité des victimes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.

Dans la foulée des événements, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire.

De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.


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