Sommet des BRICS en Russie : Le Caire et Johannesburg expriment leurs préoccupations face à un monde en mutation
- Le président sud-africain a appelé à une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, tandis que le président égyptien a plaidé pour le renforcement de la coopération entre les Etats membres des BRICS « pour faire face aux défis internationaux communs»
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AA / Tunis / M.Belhaj
Dans le cadre de la deuxième journée du 16e sommet du groupe économique des BRICS, qui se tient dans la ville russe de Kazan, des discussions élargies se sont tenues, mercredi. Le sommet de trois jours, qui a débuté mardi, se poursuivant jusqu'à jeudi.
Les dirigeants de l'Égypte, de l'Éthiopie, de l'Iran et des Émirats arabes unis, quatre pays qui ont officiellement rejoint les BRICS en janvier, ont assisté à la réunion élargie, présidée par le chef de l'État russe Vladimir Poutine, et qui a fait suite à une réunion précédente tenue en format restreint avec la participation des membres de longue date que sont le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, à l'origine du nom du groupe.
L'Egypte, nouveau membre du bloc, a déclaré par la voix de son président Abdel Fattah al-Sissi, mercredi, que « les lacunes du système international actuel ne se limitent pas aux questions politiques et de sécurité, mais s'étendent aux questions économiques et de développement ».
« L'Egypte croit en l'importance de renforcer le système international multilatéral, au cœur duquel trônent les Nations Unies et ses agences, car il s'agit du principal pilier pour préserver les acquis de la paix, de la stabilité et du développement, et de la solide garantie pour le maintien de la sécurité et de la paix internationales », a déclaré Al-Sissi.
Et d'ajouter : « Cependant, les crises successives qui ont balayé le monde au cours des dernières années ont démontré l'incapacité du système international à traiter équitablement les conflits dans le monde... en plus de l'état de polarisation et de sélectivité qui caractérise désormais le système international. »
Selon Al-Sissi, « les développements internationaux ont montré que les lacunes du système international actuel ne se limitent pas aux questions politiques et de sécurité, mais s'étendent aux questions économiques et de développement ».
« Les pays en développement souffrent d'une aggravation du problème de la dette, du manque de financement nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable, ainsi que du coût élevé des prêts », a poursuivi Al-Sissi.
Le dirigeant égyptien a exprimé son soutien au Conseil des affaires des BRICS, notamment à son Alliance des femmes cheffes d'entreprise, « pour renforcer la coopération entre le secteur privé et les chefs d'entreprise dans les États membres », car il s'agit là d'un élément clé pour parvenir à un développement durable.
Al-Sissi a déclaré que l'Égypte souhaitait renforcer la coopération entre les États membres des BRICS « pour relever les défis internationaux communs », tels que la pauvreté, le changement climatique et la sécurité alimentaire.
**Cyril Ramaphosa plaide pour une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU
Pour sa part, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a réitéré ses appels à la réforme des institutions internationales qui assurent la justice et l'égalité dans le monde.
« La Cour internationale de justice (CIJ) a clairement indiqué que la communauté internationale avait le devoir d'empêcher le génocide perpétré par Israël à Gaza », a déclaré le dirigeant sud-africain.
« Les pays du monde ont la responsabilité de ne pas financer ou faciliter les actions génocidaires d'Israël », a-t-il souligné.
Et d’ajouter : « Comme l'a décidé l'Assemblée générale des Nations unies, les pays du monde ont la responsabilité de promouvoir la réalisation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination ».
Ramaphosa a déclaré que son pays était gravement préoccupé par la poursuite de l'escalade d'un conflit qui a déjà causé tant de morts et de destructions.
« Alors que le monde est témoin de la détresse persistante du peuple palestinien, l'Afrique du Sud se doit de faire preuve d'un esprit de solidarité », a-t-il déclaré.
Le dirigeant sud-africain a déclaré que l'Afrique du Sud comprenait la valeur du soutien mondial au droit d'un peuple à l'autodétermination et à la création d'un État, compte tenu de son histoire marquée par l'apartheid.
L'Afrique du Sud a saisi la CIJ de La Haye, à la fin de l'année 2023, en accusant Israël, qui bombarde Gaza depuis octobre dernier, de ne pas respecter ses engagements au titre de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Plusieurs pays, dont la Türkiye, le Nicaragua, la Palestine, l'Espagne, le Mexique, la Libye et la Colombie, se sont joints à la procédure, dont les audiences publiques ont débuté en janvier.
En mai, la CIJ a enjoint Israël de mettre fin à son offensive dans la ville de Rafah, au sud de la Bande de Gaza. C'était la troisième fois que le panel de 15 juges émettait des ordonnances préliminaires visant à réduire le nombre de morts et à alléger les souffrances humanitaires dans l'enclave sous blocus, où le nombre de victimes a franchi la barre des 44 000.
Le président Ramaphosa a déclaré qu'il n'y aurait pas de paix et de sécurité durables tant que les Palestiniens n'auraient pas réalisé leurs aspirations à la création d'un État, à la justice et à la liberté.
« La paix et la sécurité dans le monde requièrent la volonté collective de la communauté des nations. Elle nécessite un Conseil de sécurité des Nations unies représentatif et inclusif », a-t-il déclaré.
Selon Ramaphosa, le Conseil de sécurité des Nations unies n'a pas rempli son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales, alors que de nombreux conflits font rage dans le monde.
« Il (le Conseil de sécurité) ne représente pas les intérêts de la communauté mondiale et n'a donc pas les moyens de concrétiser le désir de paix de la communauté internationale »
Il a ajouté que, tout comme les BRICS ont un rôle vital à jouer dans l'élaboration d'un nouvel ordre mondial multipolaire, ils doivent également faire entendre leur voix pour faire avancer le changement.
« Nous avons trouvé un consensus sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies lorsque nous nous sommes réunis à Johannesburg l'année dernière », a déclaré Ramaphosa, faisant référence au sommet des BRICS qui s'est tenu en Afrique du Sud l'année dernière.
Le sommet des BRICS réunit 22 chefs d'État et six chefs d'organisations internationales, dont le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.