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Tebboune et Macron "renouvellent leur volonté de reprendre le dialogue fructueux qu'ils avaient instauré" en 2022

- Selon un communiqué de la Présidence algérienne, le ministre français des Affaires étrangères se rendra à Alger le 6 avril prochain

Aksil Ouali  | 01.04.2025 - Mıse À Jour : 02.04.2025
Tebboune et Macron "renouvellent leur volonté de reprendre le dialogue fructueux qu'ils avaient instauré" en 2022

Algeria


AA/Alger/Aksil Ouali

Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune a reçu, ce lundi soir, un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron, a annoncé la Présidence algérienne dans un communiqué. Cet entretien téléphonique est le premier depuis le début de la crise entre les deux pays en été 2024. Selon le communiqué de la Présidence algérienne, l'échange entre les deux chefs d’Etat qui a eu lieu à l'occasion de la fête de l'Aïd El Fitr, a porté également sur l'état des relations entre Alger et Paris, ébranlées par une tension qui aura duré plusieurs mois.

Selon la même source, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont discuté de manière « approfondie, franche et amicale » sur l’état des relations entre Paris et Alger et « les tensions qui se sont accumulées ces derniers mois ».

« Les deux présidents ont eu un long échange franc et amical sur l’état de la relation bilatérale et sur les tensions qui se sont accumulées ces derniers mois. Les deux chefs d’Etat ont réitéré leur volonté de reprendre le dialogue fructueux qu'ils avaient instauré à travers la Déclaration d'Alger publiée en août 2022 », a fait savoir le communiqué. Ce dialogue mémoriel s’était traduit par des gestes forts en matière mémorielle, notamment la création de la commission mixte des historiens franco-algériens, la restitution de restes humains, la reconnaissance de la responsabilité dans la mort d’Ali Boumendjel et de Larbi Ben M’hidi.


Les deux présidents, a ajouté la même source, « sont convenus que la force des liens – en particulier humains – unissant la France et l’Algérie, les intérêts stratégiques et de sécurité respectifs des deux pays, les défis et crises auxquels l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique étaient confrontées exigeaient le retour à ce dialogue d’égal à égal entre deux partenaires qui constituent des acteurs européen et africain de premier plan et qui sont attachés à la légalité internationale, ainsi qu’aux buts et principes édictés par la Charte des Nations Unies ».

Abdelmadjid Tebboune et son homologue se sont entendus, a-t-on lu, « de travailler étroitement ensemble pour donner à cette relation une nouvelle ambition dans cet esprit d’amitié, permettant de traiter l’ensemble des aspects de la relation bilatérale dans un souci d’efficacité et de résultats ».


- Reprise de la coopération sécuritaire

Les deux présidents, a souligné la même source, « sont convenus de la reprise sans délai de la coopération sécuritaire ».
Ils se sont accordés également, a enchaîné la même source, « sur le fait qu’une coopération migratoire confiante, fluide et efficace permettant de traiter de toutes les dimensions de la mobilité entre les deux pays devait être immédiatement réinitiée, dans une logique de résultats répondant aux préoccupations des deux pays ».

«Tout en saluant l’œuvre déjà accomplie par la commission mixte des historiens créée à leur initiative, les deux présidents ont marqué leur détermination intacte à poursuivre et finaliser ce travail de mémoire, dans l’esprit d’apaisement, de réconciliation et de refondation de la relation à laquelle les deux chefs d’Etat sont attachés. Aussi, la commission mixte des historiens reprendra sans délai ses travaux et se réunira prochainement en France ; les conclusions de ses travaux et ses propositions concrètes seront remises aux deux chefs d’État avant l’été 2025 », a expliqué le communiqué.

L’importance de la coopération judiciaire entre les deux pays a été soulignée, a-t-on précisé, et « les deux présidents sont convenus de la reprise des échanges et des coopérations dans ce domaine ». « Les deux chefs d’Etat ont acté la visite prochaine à Alger du Garde des Sceaux, ministre français de la Justice, M. Gérald Darmanin. Les deux présidents ont souligné l’importance de développer la coopération économique entre les deux pays dans les domaines d’avenir. Ils se sont engagés à œuvrer au renforcement des échanges et des investissements dans le respect des intérêts des deux pays », a ajouté le document.

Selon le communiqué, le président français a fait part au Président Tebboune de l’appui de la France à la révision de l’accord d’association Union européenne - Algérie. Afin de donner rapidement à la relation entre la France et l’Algérie l’ambition que les deux chefs d’Etat souhaitent lui conférer, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, «se rendra à Alger le 6 avril à l’invitation de son homologue algérien Ahmed Attaf».

« Cette visite permettra de détailler ce programme de travail ambitieux, d’en décliner les modalités opérationnelles et le calendrier de mise en œuvre. Il sera ainsi acté que l'ambition commune d’une relation ambitieuse, sereine et respectueuse des intérêts de chacun débouchera sur des résultats concrets », a souligné le communiqué, précisant que « les deux présidents ont enfin arrêté le principe d’une rencontre prochaine ».

Lors de cet entretien, toujours selon le communiqué, « Emmanuel Macron a réitéré sa confiance dans la clairvoyance du président Tebboune et appelé à un geste de clémence et d’humanité à l’égard de M. Boualem Sansal, à raison de l’âge et de l’état de santé de l’écrivain ».

Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. En plus de la question des archives et la restitution des biens d’Algériens confisqués, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes. L’Algérie réclame aussi la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle.

Les relations entre l'Algérie et la France se sont dégradées davantage, depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.

Plus récemment, l’affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal, condamné la semaine dernière par la justice algérienne à cinq ans de prison ferme, et le refoulement de migrants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au "rapport de force", selon les déclarations répétitives du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.

Côté algérien, le président Tebboune a pointé "des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de "perte de temps" et mettant en garde contre "une séparation qui deviendrait irréparable".

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