Tel-Aviv notifie officiellement l'ONU de sa décision d'interdire l'Unrwa
La décision entre en vigueur dans 3 mois, selon une correspondance envoyée par la diplomatie israélienne à l'organisation onusienne
Quds
AA / Jérusalem / Abdel Ra'ouf Arnaout
Les autorités israéliennes ont informé les Nations Unies de l'annulation de l'accord régissant le travail de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), ce qui implique l'interdiction de ses activités dans les territoires palestiniens occupés, avec l'entrée en vigueur de la décision dans les trois mois, selon un communiqué publié lundi.
L'interdiction de l'agence onusienne de services multiplie ainsi les souffrances d'environ 2,3 millions de Palestiniens dans la bande de Gaza, soumis à une guerre génocidaire menée par l'armée israélienne, avec un soutien américain absolu, depuis le 7 octobre 2023.
Selon un communiqué de la diplomatie israélienne, "le ministère des Affaire étrangères a notifié les Nations unies (via une correspondance) de l'’annulation de l’accord entre Israël et l'Unrwa".
L'accord signé le 14 juin 1967 constituait "le cadre juridique des relations entre Israël et l'Unrwa", a rappelé la même source.
La lettre, envoyée dimanche, faisait référence à une législation approuvée par la Knesset (Parlement) israélienne le 28 octobre 2024, interdisant les activités de l'Unrwa dans les territoires palestiniens occupés (Gaza et Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est occupée).
"En conséquence, le ministère informe les Nations unies qu’Israël interdira le travail de l’Unrwa et que la décision entrera en vigueur dans un délai de trois mois", a ajouté la diplomatie israélienne.
"Pendant et après cette période (les trois mois), Israël continuera à travailler avec ses partenaires internationaux, y compris d’autres agences des Nations unies, pour garantir que l’aide humanitaire aux civils à Gaza soit facilitée d’une manière qui ne porte pas atteinte à la sécurité d’Israël", a prétendu la lettre adressée à l'ONU, exprimant sa conviction que les "Nations unies seront coopératifs dans cet effort".
La décision israélienne aurait des conséquences négatives sur des millions de réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.
Israël prétend que des employés de l’Unrwa ont contribué à l’attaque dite "déluge d’Al-Aqsa" le 7 octobre 2023 et que "le système éducatif de l’agence soutient le terrorisme et la haine", ce qui s’est avéré faux par la suite.
Ce jour-là, le Hamas a attaqué 11 bases militaires et 22 colonies jouxtant la bande de Gaza, tuant et capturant des Israéliens, en représailles pour les "crimes quotidiens de l'occupation israélienne contre le peuple palestinien et ses lieux saints, notamment la mosquée Al-Aqsa", selon le mouvement.
L'Unrwa a rejeté les allégations israéliennes et les Nations Unies ont confirmé que l'agence est neutre et se concentre exclusivement sur le soutien aux réfugiés, soulignant qu'aucune autre organisation ne peut accomplir les tâches de l'Unrwa.
L'Unrwa a été créé par une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies en 1949 et a été mandaté pour fournir assistance et protection aux réfugiés palestiniens dans ses cinq zones d'intervention, à savoir, en Jordanie, en Syrie, au Liban, en Cisjordanie et dans bande de Gaza.
Au fil des années, l'agence a été confrontée à un des restrictions israéliennes pour tenter de la démanteler, et dans le cadre de la liquidation de la cause palestinienne, notamment au niveau des réfugiés, selon les responsables de l'ONU et des Palestiniens.
Le commissaire général de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, a déclaré il y a une semaine que la décision d’interdiction émise par la Knesset "crée un dangereux précédent et est contraire à la Charte des Nations unies".
Les nouvelles restrictions imposées par Israël aux Palestiniens surviennent alors que l'armée israélienne poursuit une guerre génocidaire à Gaza, faisant plus de 145 000 victimes, entre morts et blessés palestiniens, pour la plupart des enfants et des femmes, et plus de 10 000 disparus, dans un contexte de destruction massive et de famine qui a tué des dizaines d'enfants et de femmes, dans l’une des pires catastrophes humanitaires au monde.
Israël a transformé la bande de Gaza en la plus grande prison du monde, l'assiégeant pour la 18e année consécutive, et la guerre « génocidaire » a contraint environ deux millions de ses citoyens à fuir dans des conditions catastrophiques, avec une pénurie grave et délibérée de nourriture, d'eau et de médicaments.
Parallèlement à la guerre d'extermination contre Gaza, l'armée israélienne a intensifié ses opérations en Cisjordanie et les colons ont étendu leurs attaques contre les Palestiniens, leurs biens et leurs moyens de subsistance, entraînant la mort de 768 Palestiniens et environ 6 300 blessés, en plus des 11 500 détenus, selon les données officielles palestiniennes.
Depuis plusieurs décennies, Israël occupait des terres arabes en Palestine, en Syrie et au Liban, et rejette la création d’un État palestinien indépendant aux frontières d’avant la guerre de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.