AA / Dar-es-Salam / Kizito Makoye

Le leader de l'opposition tanzanienne, Tundu Lissu, a été formellement inculpé de trahison jeudi, après son arrestation à la suite d'un rassemblement politique dans la région de Ruvuma, dans le sud-ouest du pays.

Cette accusation, qui peut entraîner la peine de mort, fait suite à des déclarations jugées incitatives à la rébellion et à la perturbation des élections générales prévues pour octobre.

Lissu, qui avait affronté le président John Magufuli lors des élections présidentielles de 2020, est apparu devant le tribunal de première instance de Kisutu à Dar es Salaam.

Il ne lui a pas été permis de plaider sur l'accusation de trahison, qui est traitée par un tribunal supérieur.

Toutefois, il a plaidé non coupable d'une autre accusation, celle de publication d'informations fausses.

Selon l'acte d'accusation, Lissu aurait déclaré lors d'un rassemblement à Dar es Salaam le 3 avril : "Il est vrai que nous disons que nous empêcherons l'élection. Nous inspirerons la rébellion, c'est ainsi que nous obtiendrons le changement", une déclaration que les procureurs affirment avoir miné l'autorité de l'État.

L'avocat de Lissu, Rugemeleza Nshala, a qualifié les accusations de motivation purement politique.

"Il s'agit purement d'un enjeu politique.

Mon client parlait à ses partisans et expliquait la position de son parti sur les réformes électorales", a-t-il déclaré aux journalistes devant le tribunal.

Cette arrestation a suscité des condamnations de la part des organisations de la société civile et des figures de l'opposition, qui accusent le gouvernement de réprimer la dissidence à l'approche des élections.

Le gouvernement a rejeté ces allégations, affirmant que les charges sont fondées uniquement sur des motifs juridiques.

Lissu a survécu à une tentative d'assassinat en 2017, lorsqu'il a été abattu à plusieurs reprises par des assaillants inconnus.

Il avait vécu en exil en Belgique avant de revenir en Tanzanie en 2023, suite à la décision du président Samia Suluhu Hassan de lever l'interdiction des rassemblements politiques imposée depuis 2016.

Le Chadema continue de revendiquer des réformes électorales majeures, notamment la création d'une commission électorale indépendante.

Le parti a averti qu'il pourrait boycotter les élections si ces réformes ne sont pas mises en place.

Cette affaire de trahison survient alors qu'une tension politique croissante est observée en Tanzanie, certains observateurs avertissant qu'elle pourrait aggraver la situation démocratique du pays à l'approche d'un vote crucial.

* Traduit de l'anglais par Sanaa Amir