AA/Tunis

Après la très forte poussée du parti d’Extrême-droite allemand AfD lors des derniers scrutins régionaux dans l’est de l’Allemagne, des ONG tirent la sonnette d'alarme sur la "violence endémique" de l'extrême droite contre les migrants, rapporte le site Infomigrants rappelant que dans certaines régions, en particulier à l'est, le parti d'extrême droite est désormais la force politique la plus en vue.

Une série de statistiques, d'enquêtes et d'études récentes témoignent d’une augmentation spectaculaire de la violence contre les personnes issues de l'immigration, en particulier dans l’est de l’Allemagne, indique le même média.

De 2021 à 2023, plus de 20 000 personnes ont contacté l'Agence fédérale de lutte contre la discrimination, un chiffre en constante augmentation. "Plus les extrémistes de droite réussissent aux élections, plus les gens considèrent apparemment leur attitude [raciste] comme légitime", se désole Ferda Ataman, la commissaire allemande à la lutte contre la discrimination, rapporte encore Infomigrants.

Au cours des six premiers mois de l'année, la police criminelle a enregistré 318 actes de violence perpétrés par des militants de l'extrême droite. Le chiffre réel est sans doute beaucoup plus élevé, nombre de victimes ne se signalant pas auprès des autorités, indique la même source.

Citant une enquête du Centre allemand de recherche sur l'intégration et la migration (DeZIM) le site rapporte que près d'une personne sur quatre issue de l'immigration envisage de quitter l'Allemagne face à la montée de l'AfD.

De plus, plus d'un tiers des quelque 3 000 personnes interrogées ont assuré qu'elles envisageaient de déménager dans une autre région allemande si l'AfD participait au gouvernement local de leur Land.

Selon l'Agence fédérale pour l'emploi, le nombre de travailleurs étrangers dans le Brandebourg a presque quintuplé au cours des dix dernières années, note le même média relevant que les experts mettent en garde contre les conséquences "désastreuses" d’une fuite des immigrés à grande échelle pour l'économie, la démocratie et la cohésion sociale de l'Allemagne.

"Leur départ signifierait une perte de savoir-faire, d'expertise et de capacité économique presque impossible à gérer, en particulier pour l'est de l’Allemagne", note Gert Pickel, professeur de sociologie à l'Université de Leipzig, cité dans l'étude du DeZIM. "De plus, une telle image rendrait pratiquement impossible l'attraction de travailleurs qualifiés".

De nombreuses études démontrent, en effet, que l'économie allemande dépend fortement des travailleurs étrangers, qualifiés et non qualifiés, principalement en raison du vieillissement de la population. Selon l'Institut de recherche sur l'emploi (IAB), le besoin en main-d’œuvre ne peut qu’être couvert à condition d’une immigration nette d'au moins 400 000 personnes par an, précise enfin Infomigrants.