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Villepin appelle à «réformer la gouvernance des instances multilatérales» dans un contexte de crise du multilatéralisme

-L'ancien PM français souligne l'urgence de repenser les institutions internationales pour restaurer leur efficacité et leur légitimité, alors que le multilatéralisme traverse une période de turbulences

Ümit Dönmez  | 10.04.2025 - Mıse À Jour : 10.04.2025
Villepin appelle à «réformer la gouvernance des instances multilatérales» dans un contexte de crise du multilatéralisme

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Lors de son audition devant la Commission des Affaires étrangères le 9 avril 2025, l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a mis en avant la nécessité de réformer en profondeur la gouvernance des institutions internationales. Face à des organisations multilatérales qu’il juge affaiblies et inadaptées, l’ancien Premier ministre a défendu l’idée d’un nouveau cadre mondial.

« De très nombreux sujets ont été évoqués ce matin », a-t-il déclaré, « la guerre commerciale initiée par les États-Unis, la nécessaire réforme de la gouvernance des instances multilatérales, je ne reviendrai pas dessus. » Villepin a ainsi posé un diagnostic sans ambiguïté : les institutions actuelles — ONU en tête — sont dépassées par les enjeux contemporains.

Il a souligné que « la France, là encore, a une occasion d'assumer un leadership avec les autres pays européens, pour poser les bases de ce à quoi pourrait ressembler ce nouvel ordre mondial ». Une ambition qu’il inscrit dans une stratégie globale visant à réinventer les règles du jeu international.

« Il faut revenir à une stratégie qui nous permet véritablement de changer l'ordre des choses », a-t-il martelé, appelant à sortir d’une diplomatie de gestion pour renouer avec une diplomatie de projet et de transformation.

Plus largement, Villepin estime que le moment est venu de construire « un nouvel ordre », tout en menant en parallèle une action pragmatique sur le terrain : « Nous sommes à la fois dans une exigence de construction d'un nouvel ordre et en même temps dans la microchirurgie régionale qui doit nous permettre de penser les plaies et d'avancer en cicatrisant jour après jour. »

Selon lui, ce chantier de réforme globale est d’autant plus essentiel que les anciennes structures sont à bout de souffle : « Les institutions qui ont structuré l’ordre mondial depuis 1945 sont aujourd’hui fragilisées, contournées, souvent impuissantes. »

Mais Villepin refuse de verser dans le fatalisme. Il voit dans la crise actuelle une opportunité : celle pour la France et l’Europe de proposer un nouveau modèle, « pour que l’intérêt général mondial ne soit pas définitivement sacrifié aux égoïsmes nationaux ».

Les propos de Dominique de Villepin interviennent dans un contexte où la réforme des institutions multilatérales est au cœur des débats internationaux. Le Sommet de l’avenir, tenu les 22 et 23 septembre 2024 à New York, a abouti à l’adoption du Pacte pour l’avenir, visant à adapter le système multilatéral aux réalités contemporaines et à renforcer sa représentativité et son efficacité.

Lors de ce sommet, la France a réaffirmé son attachement à un multilatéralisme ambitieux et efficace, soulignant la nécessité de réformer la gouvernance mondiale pour qu’elle soit plus représentative et opérationnelle.

Cependant, malgré ces initiatives, des critiques persistent quant à l’efficacité des réformes entreprises. Des voix s’élèvent pour dénoncer la paralysie du Conseil de sécurité de l’ONU face aux crises majeures, illustrant les défis auxquels est confronté le multilatéralisme contemporain.

Les propositions de Dominique de Villepin s’inscrivent donc dans une dynamique globale de réflexion sur l’avenir du multilatéralisme, soulignant l’urgence de réformes structurelles pour répondre aux défis du XXIᵉ siècle.

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