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Yennayer, le jour de l’an amazigh qui réconcilie les Algériens avec leurs racines

- Pour les Amazighs d’Algérie qui fêtent demain mercredi l’an 2972, cet évènement symbolise l’attachement de l’agriculteur et de l’éleveur à la terre.

Fatma Bendhaou  | 11.01.2022 - Mıse À Jour : 11.01.2022
Yennayer, le jour de l’an amazigh qui réconcilie les Algériens avec leurs racines

Algeria


AA/Alger/Aksil Ouali

« Asseggas Ameggaz ! » Cette expression amazighe (Berbère) qui signifie « bonne année » est sur toutes les lèvres en Algérie, à la veille de la célébration, ce mercredi 12 janvier, de Yennayer (1er jour de l’an du calendrier agraire berbère). Fêté aussi dans la majorité des pays d’Afrique du Nord et dans la région du Sahel, cet évènement est célébré de manière particulière par les Algériens.

Dans tout le territoire national, de l’est à l’ouest et du nord au sud, l’Algérie vit au rythme de festivités en tous genres : cérémonies officielles, expositions sur les us et coutumes ancestrales, et étalage de l’art culinaire et vestimentaire local, allant du couscous au poulet aux différentes formes de gâteaux. Les familles algériennes ne ratent pas ce rendez-vous, dont l’appellation diffère aussi selon les régions.

Si Yennayer est le plus utilisé dans le pays, on l’appelle aussi « Ayred » dans la région de Tlemcen, à l’extrême ouest de l’Algérie, ou « Aam 3rab (l’an arabe) dans certaines régions arabophones. Mais la signification reste la même. Pour les Amazighs d’Algérie qui fêtent l’an 2972, cet évènement symbolise l’attachement de l’agriculteur et de l’éleveur à la terre.

C’est une occasion pour souhaiter une nouvelle année agricole fertile et abondante, tant les Berbères étaient attachés, pendant des millénaires, au travail de la terre.


- Un autre symbole identitaire

Reconnue officiellement comme une journée nationale chômée et payée, depuis janvier 2017, le nouvel an berbère est aussi un symbole identitaire et historique. Il renvoie à une appartenance à une langue et une culture qui ont résisté au temps et aux différentes colonisations et invasions de l’Algérie et de l’Afrique du Nord en général.

D’où vient cette fête ? Si elle faisait partie des coutumes nord-africaines, son institution en tant que « nouvel an amazigh » est très récente. Elle est le fait de l’Académie berbère, fondée à Paris par un groupe de militants de la cause amazighe. C’était en 1980. Et c’est Ammar Negadi qui mit en avant un calendrier berbère, fondé sur un évènement marquant dans l’histoire du peuple amazigh, un fait historique incontestable pour en faire le point zéro du calendrier.

Son choix s’est porté sur l’an 950 avant Jésus-Christ qui correspond à la date où le roi berbère Sheshonq Ier (orthographié également Chichnaq ou Chichneq) fut intronisé pharaon d’Égypte et fonda la XXIIe dynastie qui régna sur l’Égypte jusqu’à l’an 715 av. J.-C.

Ce roi berbère avait réussi à unifier l’Égypte pour ensuite envahir le Royaume d’Israël. On dit de lui qu’il s’empara des trésors du temple de Salomon à Jérusalem en 926 avant Jésus-Christ. Mais il a fallu des dizaines d'années de lutte des militants amazigh pour que les autorités algériennes reconnaissent officiellement cette date et l’inscrivent comme journée nationale officielle.

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