AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

La mosquée Attaqwa, située au cœur du quartier des Moulins à l’ouest de Nice, est un lieu bien connu des musulmans du secteur.

Implantée en 2000, cette salle de prière de 150m2, accueille chaque jour jusqu’à 300 personnes dont une grande majorité de jeunes issus de cette cité réputée sensible.

Mais il y a quatre ans, le bailleur social Côte d’Azur Habitat, a fait le choix de ne pas renouveler le contrat de location conclu avec l’Organisation des Musulmans de la Côte d’Azur (OMCA), en s’appuyant sur l’existence d’une extension jugée illégale.

Alors que les fidèles de la mosquée Attaqwa étaient sur le point de perdre ce lieu emblématique de leur quartier, les discussions ont finalement repris entre l’association musulmane et l’office de HLM qui lui propose désormais de se maintenir sur les lieux à condition d’en racheter les murs pour un montant de 337 000 euros.

Depuis, les habitants des Moulins, l’OMCA et leurs soutiens, se mobilisent pour tenter de récolter les fonds nécessaires à l’acquisition des locaux situés aux pieds du bâtiment 40.

Et depuis le début du Ramadan, tous sont à pied d’œuvre pour sensibiliser à la préservation de cette salle de prière.

Interrogé par Anadolu, Youssef, 27 ans, qui habite lui-même aux Moulins, ne conçoit pas que l’OMCA puisse être expulsée.

« Depuis aussi loin que je me souvienne, ce lieu a toujours permis aux gens du quartier de venir prier. Je n’imagine pas que la salle puisse fermer. C’est inconcevable et Côte d’Azur Habitat n’aurait jamais dû refuser de renouveler le bail », estime le jeune électricien.

Et de poursuivre: « C’est simple, cette mosquée fait partie de la vie de tout le monde. Tous nos parents y viennent régulièrement les vendredis et maintenant pendant le Ramadan, c’est plusieurs soirs par semaine. Où vont aller les parents si elle ferme? »

Le son de cloche est le même pour d’autres jeunes qui expliquent pourtant ne pas fréquenter les mosquées mais souhaitent que cette salle de prière soit préservée.

« On n’acceptera jamais qu’elle ferme, c’est simple clair et net. C’est quoi le problème ? On cherche toujours à fermer les mosquées dès qu’on trouve une faille quelque part ! Nous aussi en tant que musulmans on a notre place dans ce pays. Il faut nous laisser tranquille », glisse l’un d’entre eux à Anadolu.

Une pétition, mise en ligne il y a quelques mois, a récolté plus de 7000 signatures pour s’opposer à l’expulsion de la mosquée Attaqwa mais la direction de l’association est désormais beaucoup plus sereine grâce notamment au soutien d’autres mosquées du département, dans lesquelles des collectes sont organisées pour financer le rachat des lieux.

« La période du Ramadan est propice aux dons et c’est bien qu’on puisse compter sur les fidèles d’autres mosquées pour réunir les fonds. Il y a besoin de solidarité maintenant que Côte d’Azur Habitat a ouvert la voie à un rachat », explique Kaïs, qui travaille à proximité et vient ponctuellement prier aux Moulins.

Dans le détail, si aucune date butoir n’a été fixée pour récolter les 337 000 euros nécessaires, une cagnotte a été lancée sur la plateforme Cotizup pour permettra de recueillir les donations du plus grand nombre.

« Cette acquisition garantirait un lieu de culte permanent pour nous et les générations futures, éliminant toute crainte d’expulsion. C’est une responsabilité qui nous incombe à tous », plaide l’OMCA, pour qui « il ne s’agit pas d’un simple appel aux dons, mais d’un devoir collectif ».

Et de conclure: « Chaque musulman est concerné. Nous ne pouvons pas attendre que les autres portent seuls cette responsabilité. Chacun doit agir, selon ses capacités, avec sincérité et engagement ».

Selon nos informations, à ce stade, pas moins de 150 000 euros ont été réunis.