Algérie : ouverture d’enquêtes sur des faits de corruption
Le Parquet annonce également que certaines personnes, dont il ne cite pas les noms, sont interdites de sortie du territoire par « mesure conservatoire ».

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AA / Alger / Tarik Zaidi
Le Parquet général près la Cour d’Alger a annoncé, lundi, que des enquêtes préliminaires sont mises en œuvre pour des faits de corruption et de transferts illicite de capitaux vers l’étranger, a-t-on appris d’un communiqué officiel.
Le parquet annonce également que certaines personnes, dont il ne cite pas les noms, sont interdites de sortie du territoire par « mesure conservatoire ».
«Conformément à l'article 11 alinéa 3 du code des procédures pénales, le Parquet général près la Cour d'Alger porte à la connaissance de l'opinion publique que des enquêtes préliminaires sont mises en œuvre pour des faits de corruption et de transfert illicite de capitaux vers l'étranger », indique le communiqué relayé par l’agence officielle APS.
"Dans ce cadre et pour les nécessités des enquêtes, le Procureur de la République près le tribunal de Sidi M'Hamed (Alger) a procédé à l'application des dispositions de l'article 36 bis 1 du Code de procédures pénales et a pris des mesures conservatoires en ordonnant l'interdiction de sortie du territoire national à l'encontre de certaines personnes », précise le texte.
Ce communiqué du parquet intervient au lendemain de l’arrestation à Oum Tboul, près de la frontière tunisienne, d’Ali Haddad, ex-président du forum des chefs d’entreprises, organisation patronale, et réputé proche du frère du président Abdelaziz Bouteflika.
Depuis son arrestation par les douaniers, tôt la matinée du dimanche, Ali Haddad, à la tête d’un grand groupe de travaux publics et d’un groupe médias qui compte deux journaux et deux télévisions, n’a toujours pas donné signe de l’endroit où il se trouve.
Dimanche, en début de soirée, son groupe a dénoncé via sa télévision, Dzair News, une « disparition».
Selon des informations de presse, ils seraient une trentaine de personnes, essentiellement des hommes d’affaires, proches du cercle présidentiel à être ciblés par le communiqué du Parquet.
Désigné comme figurant parmi les personnes ciblées, Mahiedine Tahkout, présent dans la concession automobile et à la tête d’un parc impressionnant d’autobus de transport des étudiants, et proche de l’ancien Premier ministre démis, Ahmed Ouyahia, a démenti dans une déclaration à sa télévision, Numidia News, des informations ayant fait état, dimanche, de son interdiction de sortie du territoire.
La sortie du parquet survient dans un contexte de tension au sein du régime algérien, le chef d’état-major de Corps d’armées, appelant à l’application d’une disposition de la Constitution relative au cas d’incapacité du chef de l’Etat à assumer ses missions.
Mais depuis cet appel, il y a près d’une semaine, le Conseil constitutionnel habilité à statuer, ne s’est toujours pas prononcé, son président étant un proche de la famille Bouteflika.
Sur le terrain, la rue algérienne persiste à réclamer le départ de Bouteflika et de toutes les figures incarnant son régime, dont le chef d’Etat-major, le président du Sénat et le Premier ministre Bedoui, dont le Gouvernement annoncé après trois semaines de gestation est brocardé sur les réseaux sociaux.
Dimanche en soirée, plusieurs centaines de personnes ont défilé à Alger au milieu de la nuit pour dénoncer ce Gouvernement.