Politique

Algérie : Saïd Bouteflika, frère-conseiller du président déchu, lève le voile sur sa fortune

Fatma Bendhaou  | 30.05.2022 - Mıse À Jour : 30.05.2022
Algérie : Saïd Bouteflika, frère-conseiller du président déchu, lève le voile sur sa fortune

Algeria

AA/Alger/Aksil Ouali

Le frère-conseiller du président Bouteflika, déchu en 2019 et décédé en 2021, Saïd Bouteflika, a levé le voile, ce lundi, sur sa fortune personnelle. Auditionné par le juge du pôle économique et financier près le tribunal de Sidi M’Hamed d’Alger, l’ancien homme fort du régime d’Abdelaziz Bouteflika, a nié toutes les accusations « d’abus d’autorité », « d’abus de fonction », « d’enrichissement illicite » et de « recel de produits issus de la corruption ».

Lors de ce procès lié « au financement de la campagne présidentielle d’avril 2019 (l’élection a été annulée après le Hirak, NDLR) » et à « la création d’une chaîne de télévision pour faire la promotion de celle-ci », Saïd Bouteflika a affirmé que « tous ses biens sont acquis légalement ». Il a confirmé ainsi la détention d’un compte en monnaie algérienne de 10 milliards de dinars (environ 100 millions de dollars) et d’un autre compte en devise de 30 millions d’euros.

Selon lui, ces fonds sont le fruit de « son travail en tant qu’enseignant pendant 11 ans à l’université d’Alger et de sa fonction de conseiller à la présidence pendant 20 ans ». Saïd Bouteflika a reconnu être propriétaire d’un appartement F5 de 249 mètres carrés à Ben Aknoune, sur les hauteurs d’Alger, « qu’il a obtenu dans le cadre de la promotion immobilière ».

Il a affirmé également détenir un parking. Pour d’autres biens, dont un appartement à Alger-Centre, il a affirmé qu’il « l’a hérité de son frère décédé, Mustapha Bouteflika ». De même pour la propriété possédée dans le quartier huppé d’Alger, Hydra, d’un terrain dans le même quartier ainsi que d’un autre appartement dans la wilaya (département) de Tlemcen, à l’extrême ouest du pays. Ces derniers, a-t-il affirmé, « sont hérités de sa défunte mère ». Saïd Bouteflika a nié également l’accusation de son implication dans l’achat et le dédouanement du matériel destiné à la création d’une chaîne de télévision pour faire la campagne du cinquième mandat avorté de l’ex-chef de l’Etat.

Ce matériel, a-t-il soutenu, « a été acquis en 2018 par l’homme d’affaire, Ali Haddad, dans le respect de la loi en vigueur ». Poursuivant, il a demandé au juge de « l’innocenter », en dénonçant « une affaire politique ». « J’étais dans la prison militaire où j’ai été condamné à 15 de prison (il a été acquitté en 2020, NDLR) lorsque cette affaire a été instruite. Il n’y a aucun fait », a-t-il lancé. Considéré comme le vrai décideur après la maladie d’Abdelaziz Bouteflika en 2013, Saïd Bouteflika été poursuivi dans plusieurs affaires.

Dans la première, il a été accusé, en compagnie de deux anciens patrons des services algériens, « de complot contre l’Etat » et condamné à 15 ans de prison ferme, avant que la Cour suprême ne décide de renvoyer l’affaire devant la Cour militaire qui l’a ensuite acquitté.

Mais il a été maintenu en détention en raison des poursuites engagées contre lui dans une autre affaire liée à l’influence de la justice dans le dossier du mandat d’arrêt international émis contre l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, et annulé en septembre 2013. Cette affaire a été jugée en appel, la semaine dernière, et Saïd Bouteflika a été également blanchi. Mais deux autres affaires pèsent encore sur lui, dont celle où il est accusé « de financement du terrorisme ».

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