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Avec ses relais AQMI et MUJAO, le spectre de Boko Haram n'est pas loin du Mali

Boko Haram a apporté plus d'une fois son soutien aux groupes armés du Nord Mali et ces derniers semblent être influencés par le groupe nigérian, jusque dans le mode opératoire.

20.01.2015 - Mıse À Jour : 20.01.2015
Avec ses relais AQMI et MUJAO, le spectre de Boko Haram n'est pas loin du Mali

AA/ Bamako/ Moussa Bolly

La montée en puissance de Boko Haram, qui tient tête à deux Etats, le Nigéria et le Cameroun, suscite l’inquiétude des acteurs maliens qui appréhendent que cette montée en puissance ne favorise la pérennité des groupes MUJAO et AQMI, déjà actifs dans le Nord du pays.

«Boko Haram est aujourd’hui une véritable menace pour une grande partie de l’Afrique subsaharienne y compris pour le Nord-Mali, surtout que ce groupe a toujours eu des connexions avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et avec le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) dont Gao (nord Mali) est le principal sanctuaire depuis 2012 », s’inquiète Abdoulaye Amadou Touré, un jeune leader très actif dans les mouvements de défense de la Cité des Askia (Gao) depuis l’occupation jihadiste.

Ces propos de Touré sont confirmés par des experts militaires, qui assurent que les liens entre Boko Haram et les groupes armés du Nord Mali sont "véritablement établis" et que c'est en partie grâce au groupe nigérian que certains groupes rebelles maliens parviennent encore à subsister. 

«Le Mujao a été très affaibli par l’opération Serval (opération française déployée en 2012 au Nord Mali dans le but de lutter contre le terrorisme et qui est remplacée par l’opération Barkhane depuis juillet dernier), mais il n’a pas été totalement anéanti parce qu’il est en connexion avec Boko Haram qui lui fournit non seulement des combattants, mais aussi les moyens logistiques de lutter», révèle ainsi un officier et ex-agent des services de renseignement malien joint par Anadolu.

Boko Haram a ainsi prêté main forte au Mujao notamment  en 2012, en fournissant près de 200 combattants au Mujao dans des batailles à Gao (Nord-Est) mais surtout en janvier 2013, lors de la bataille de Konna qui a vu pour la première fois la participation de l'armée française depuis le déclenchement du conflit au Mali, dans le cadre de l'Opération Serval, rapporte l'officier.

Dans une longue étude dans la revue «Al Arabiya Institute for Studie» qui a valeur d’enseignement, l’académicienne tunisienne, Alaya Allani indiquait d'ailleurs que le MUJAO « comprend environ 1.000 combattants et se compose d’éléments étrangers, dont 300 membres du Polisario et 200 militants du groupe terroriste Boko Haram ». 

L'influence de Boko Haram se traduit aussi par l'imitation du mode opératoire du groupe nigérian par les groupes du Mali, souligne pour sa part Alphaly, consultant et spécialiste des questions de sécurité dans la bande sahélo-saharienne.

 «Comme Boko Haram, les assaillants des groupes armés du Mali se déplacent à motos pour perpétrer leurs attentats ou préparer les attaques. Une stratégie qui leur permet non seulement d’échapper à la surveillance aérienne, mais aussi de s’infiltrer dans les villes sans éveiller des soupçons. C’est ainsi qu’ils parviennent à surprendre les soldats maliens »,  détaille Alphaly qui craint que l'influence s'étende avec la montée en puissance du groupe.

 «Récemment, des assaillants avaient tenté d’enlever des enfants dans plusieurs localités du nord du pays, comme le fait Boko Haram au Nigeria. Heureusement que la présence des groupes d’auto-défense ne leur facilite pas la tâche dans cette région», indique pour sa part l’ex-agent des renseignements maliens. 

 Avec l'offensive militaire antiterroriste engagée au Nord du Mali par les forces onusiennes (Minusma) et françaises (Serval puis Barkhane), de nombreuses organisations terroristes comme Aqmi, Mujao et Boko Haram ont décidé de se rapprocher pour ne pas être anéanties et il n'est pas impossible que Boko Haram, qui veut étendre son "califat islamique" trouve des alliés dans les pays de l'Afrique sub-saharienne.

Cependant, face à cette menace grandissante et imminente, les Etats de la commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT – qui regroupe le Tchad, le Niger, le Nigéria, le Cameroun, la Centrafrique et la Libye, accompagnés en plus du Bénin) ont décidé qu'il était temps de passer à l'action à travers une stratégie régionale commune qui arrêtera Boko Haram et qui devrait être mise en place dans les jours à venir. Une réunion officielle dans ce contexte est prévue mardi au Niger.

 
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