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Fidan: "Les attentats perpétrés au Liban à l'aide de bipeurs reflètent l'escalade de la stratégie israélienne"

- S'adressant à la rédaction d'Anadolu, le Chef de la diplomatie turque a déclaré que les attaques d'Israël sont de plus en plus provocatrices.

Dilara Hamit  | 19.09.2024 - Mıse À Jour : 20.09.2024
Fidan: "Les attentats perpétrés au Liban à l'aide de bipeurs reflètent l'escalade de la stratégie israélienne"

Ankara

AA / Ankara / Dilara Hamit

Les explosions meurtrières de bipeurs survenues au Liban cette semaine, participent de la stratégie régionale plus large d'Israël et marquent une escalade systématique du conflit, a mis en garde le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan, jeudi.

Prenant la parole devant la rédaction d'Anadolu, Fidan a décrit les explosions - qui ont fait des dizaines de morts et plus de 3 000 blessés - comme s'inscrivant dans le cadre d'un conflit qui dure depuis environ un an.

« La stratégie d'Israël s'est d'abord concentrée sur la Bande de Gaza, où plus de 41 000 personnes ont été tuées depuis octobre dernier et semble maintenant s'orienter vers le Liban », a déclaré Fidan.

Il a qualifié les attaques de cette semaine d'opérations d'opportunité, un terme d'usage en matière de renseignement pour décrire ce type d'attaques ciblées.

Fidan, ancien chef de l'agence de renseignement turque, a déclaré que le fait qu'Israël ait pu accéder à des renseignements techniques et humains sur le Hezbollah a eu une grande incidence sur la situation actuelle au Liban, notamment sur les attaques par bipeurs, ainsi que sur le conflit qui se poursuit actuellement le long de la frontière entre Israël et son voisin du nord.

Tout en soulignant que ces attaques ne sont pas inédites, Fidan a insisté sur le fait que leur ampleur et leur impact sur des milliers de personnes les rendaient significatives.

Il a également indiqué qu'il avait transmis ses condoléances au premier ministre libanais et offert le soutien médical de la Türkiye aux personnes mutilées ou blessées dans les attentats, dont l'état de certaines d'entre elles est jugé critique.

Le Chef de la diplomatie turque a également exprimé son inquiétude quant à l'escalade des opérations israéliennes, estimant qu'elles sont de plus en plus provocatrices et que des groupes tels que le Hezbollah et des acteurs tels que l'Iran n'ont d'autre choix que de réagir.

Il a également souligné les efforts de la Türkiye pour renforcer sa sensibilisation à la cybersécurité et la création éventuelle d'une nouvelle agence de cybersécurité ; mesures qui pourraient s'avérer particulièrement prudentes à la lumière des attaques lancées à distance, cette semaine, par le biais d'appareils de communication sans fil, sans qu'un seul coup de feu n'ait été tiré.

Sur la question de la Palestine, Fidan a dénoncé le massacre et le « génocide » en cours dans la Bande de Gaza et a souligné la nécessité de ne plus jamais permettre qu'une telle chose se reproduise, en s'efforçant de trouver une solution fondée sur la coexistence de deux États.

Citant les précédentes résolutions de l'ONU reconnaissant la Palestine, Fidan a souligné la prise de conscience et le soutien croissants de la communauté internationale en faveur de la création d'un État palestinien, malgré les défis permanents posés par la poursuite de l'occupation israélienne qui compromet les perspectives d'une solution à deux États.


** Regain d'intérêt pour la solution à deux États

Le ministre turc des affaires étrangères a rappelé les activités du groupe de contact formé par l'Organisation de la coopération islamique (OCI) et les pays de la Ligue arabe, notant que ces activités ont parfois été partagées avec le public.

« Ce groupe a joué un rôle considérable, en redonnant vie à la définition et aux dimensions oubliées de la question palestinienne, et en remettant l'accent sur la manière d'aborder la question palestinienne », a-t-il déclaré, mentionnant que des efforts sont déployés à la fois pour prévenir cette situation et pour œuvrer en faveur d'une solution à deux États, afin de garantir que la question palestinienne ne se pose plus à l'avenir.

Se référant aux résolutions des Nations unies, Fidan a rappelé qu'il y avait eu une résolution reconnaissant la Palestine comme État, approuvée par plus de 150 pays.

« Aujourd'hui, nous avons une résolution de l'Assemblée générale où 124 membres ont approuvé une décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit se retirer des territoires occupés dans un délai d'un an », a déclaré Fidan.

Il a reconnu que, alors même que l'État palestinien a été occulté, le fait de remettre l'accent sur la solution à deux États est un élément positif.

Et le Chef de la diplomatie turque de poursuivre : « Il y a aujourd'hui une prise de conscience significative au sein de la communauté internationale. La communauté internationale accepte et soutient désormais le fait que si Israël a droit à un État, les Palestiniens devraient également en avoir un. Tout comme les Israéliens aspirent à la souveraineté et à la sécurité, les Palestiniens devraient également aspirer à la souveraineté et à la sécurité ».

« Personne n'accepte ni ne tolère une situation dans laquelle une partie jouit de la souveraineté et de la sécurité tandis que l'autre partie demeure opprimée et asservie. Il est toutefois essentiel d'insister et de militer continuellement sur cette question », a ajouté Fidan.

Il a noté que cette question était légitime, ajoutant : « D'un autre côté, le projet de Netanyahu, lancé au début du 20ème siècle avec le soutien de l'Occident, visant à faire main basse sur les territoires palestiniens, est également en cours ».


** Le risque d'une guerre plus étendue est réel

Réaffirmant que le massacre et le génocide se poursuivent, Fidan a souligné la persistance des menaces contre le Liban et, compte tenu de l'implication de l'Iran, le risque d'une guerre plus étendue est bien réel.

Le Chef de la diplomatie turque a fait remarquer que ces risques existent et que des efforts continus sont déployés pour les atténuer et donner la priorité aux solutions.

Fidan a indiqué que le risque d'escalade d'une guerre régionale à un conflit d'envergure quasi mondiale était réel.

« En ce qui concerne le Liban, il existe toujours un risque de guerre qui pourrait englober toute la région, y compris l'Égypte », a-t-il déclaré.


** « Nous ne sommes qu'à un veto près de la création d'un État palestinien ».

Fidan a fait remarquer qu’à l'heure actuelle, la communauté internationale n'est qu'à un veto près de la reconnaissance du statut d'État palestinien. Il a souligné que près de 200 pays dans le monde reconnaissent la Palestine, et que seule l'objection des membres du Conseil de sécurité de l'ONU reste un obstacle. Fidan a indiqué que les cadres juridiques et internationaux concernant le statut d'État de la Palestine sont pour ainsi dire achevés, hormis le cas du Conseil de sécurité de l'ONU.

Il a souligné que le véritable problème n'est pas l'absence de reconnaissance, mais plutôt le génocide et l'occupation israéliens, qui empêchent la Palestine de jouir de sa propre souveraineté et d'assurer sa propre gouvernance. Fidan a critiqué Israël pour avoir tenté d'imposer une situation de facto afin de saper la solution à deux États, en particulier sous la conduite de Netanyahu.


** Les actions d'Israël mettent son avenir en péril

Fidan a fait remarquer qu'alors qu'Israël poursuit ses attaques avec le soutien des États-Unis et des pays occidentaux, il doit y avoir une volonté et une puissance pour mettre fin à ces actions.

« Le système international doit s'unir et mettre un terme à cette situation avant qu'il ne soit trop tard. Par ailleurs, des voix rationnelles doivent s'élever au sein d'Israël pour mettre fin à cette folie. Pourquoi ? Parce que cette folie ne nuit pas seulement aux Palestiniens, mais met également en péril l'avenir d'Israël et de son peuple », a-t-il déclaré.

« Cela vous enfermera dans un cycle d'insécurité pendant des décennies, voire des siècles. Les Israéliens rationnels s'en rendent compte, mais l'état d'esprit fanatique qui prévaut est entièrement axé sur l'anéantissement et met en œuvre une politique visant à la destruction totale », a-t-il ajouté.

Fidan a dénoncé la position de l'Occident à l'égard d'Israël, marquée par un soutien aveugle et par l'absence de solutions de rechange. Il a insisté sur le fait que cela est désormais remis en question à l'échelle mondiale, et pas seulement par les communautés musulmanes.

L'accent n'est plus seulement mis sur la recherche de la justice pour la Palestine, mais aussi sur la remise en question de l'oppression et de l'exploitation perpétuées par le système international. Le Chef de la diplomatie turque a averti que si l'on ne s'attaque pas à ces politiques et à ces conceptions injustes, leurs conséquences négatives ne manqueront pas de se manifester sous diverses formes.


*Traduit de l'Anglais par Mourad Belhaj

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