Fouad Siniora: "La situation en Syrie est pire que celle de la guerre du Viêt-Nam" (Interview)
Dans une interview exclusive à Anadolu, le président de la coalition parlementaire libanaise «le courant du futur» a rappelé que "lutter contre le terrorisme suppose l'appui aux forces modérées dans la région".

Beyrut
AA/Beyrouth/Omar Ballut et Wassim Seïfeddine
Le président de la coalition parlementaire libanaise «le courant du futur» et ancien Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a qualifié la situation en Syrie de «pire que celle de la guerre du Viêt-Nam», appelant la Russie à être aux côtés du peuple syrien et de ne pas se consacrer à servir le régime et son chef.
Seniora a également souligné que la voie pour lutter contre le terrorisme est de «renforcer les forces modérées dans la région, car tout extrémiste tente toujours de justifier ce qu’il fait selon l’idéologie de son ennemi également extrémiste».
L’ancien Premier ministre libanais, qui a accordé une interview exclusive à Anadolu, a précisé qu'en Syrie «le degré d’injustice, de destruction et de pertes humaines est beaucoup plus élevé que ce qu’avait enduré le peuple vietnamien lors de la guerre 1959-1973», estimant que la poursuite de la crise aura des conséquences extrêmement graves.
Concernant l’impact de la crise syrienne sur le Liban, Siniora a rappelé que «deux millions de réfugiés syriens se trouvent au Liban» ajoutant que «aucun pays au monde n’a jamais reçu sur son sol un nombre de réfugiés équivalant à 40% de sa propre population, car cela pèse lourdement sur l'infrastructure et sur les composantes culturelles et sécuritaires.»
Il a rappelé également que selon l’ONU, le nombre des réfugiés dans le monde est désormais de 60 millions, dont 20% sont Syriens, «ce qui donne une idée sur ce que la Turquie et le Liban sont en train de supporter», a-t-il dit.
Siniora a exprimé l’espoir de voir la dernière résolution du Conseil de Sécurité (approuvée lundi dernier) «contribuer à trouver des véritables solutions à mêmes de mener vers une nouvelle Syrie qui sera un modèle d’une société civile et d’un Etat civil où il sera possible pour le peuple syrien de choisir lui-même ses représentants.»
Fouad Siniora s’est également exprimé sur la crise entre la Turquie et la Russie estimant qu’il «n’est pas de l’intérêt de la Turquie ni de celui de la Russie de faire monter la tension et de multiplier les réactions qui l’attisent.»
Il a appelé «la Russie qui a des relations anciennes avec les pays arabes empreintes d’amitié et de coopération, de prendre conscience qu’il y va de son intérêt d’être du côté du peuple syrien et de ne pas se consacrer à servir le régime et son chef». Il a en outre rappelé que la Russie a des intérêts dans la région «dont il faut saisir la portée sans pour autant concéder quoi que ce soit de notre souveraineté ou des intérêts de nos peuples».
Le chef de la coalition du «Courant du futur» libanais a par ailleurs estimé que plusieurs facteurs alimentent l’extrémisme dans la région, allant de la question palestinienne à la dictature qui sévit dans plusieurs pays, et que la lutte contre le terrorisme passe par «le renforcement des forces modérées, des pratiques démocratiques et par la non ingérence dans les affaires internes des pays de la région».
Parlant de la vacance du poste du président de la République au Liban qui dure depuis près de 20 mois, Siniora a déclaré que cette vacance «paralyse les institutions constitutionnelles du Liban et sa situation économique et sociale, comme sécuritaire». Il a annoncé à ce sujet «des efforts de penser autrement qui se mettent en place afin de trouver des solutions qui, nous l’espérons, donneront des résultats positifs au début de l’année prochaine».
Abordant enfin les relations turco-libanaises, l’ancien Premier ministre du Liban a indiqué que «les efforts de la Turquie pour assoir les pratiques démocratiques et ses réussites économiques lui ont permis d’avoir un rôle dans la région d’autant que la Turquie est membre du G20».
Il a également signalé que «le soutien de la Turquie à la cause palestinienne, sa coopération avec les Etats arabes, le fait qu’elle se garde de s’ingérer dans les affaires intérieures de ces pays, influence positivement les relations turco-arabes».
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