AA - Paris - Bilal Muftuoglu

La photo de l'enfant syrien mort et échoué sur la plage à Bodrum, en Turquie a ébranlé les hommes politiques en France appelant à l'Europe à agir immédiatement, alors que la presse française a décidé de consacrer sa "une" aux manifestations d'agriculteurs.

"Cette image fait le tour du monde, elle doit aussi faire le tour des responsabilités", a affirmé le président français François Hollande, réagissant jeudi à la mort de l'enfant syrien fuyant la guerre dans son pays, aux côtés du Premier ministre irlandais Enda Kenny qu'il a reçu à l'Elysée.

"C'est une tragédie mais c'est aussi une interpellation. L'Europe est un ensemble de principes mais aussi de valeurs, notamment le devoir d'accueillir ceux qui sont persécutés. Cette famille était persécutée", a-t-il aussi noté, appelant l'Europe à mieux faire dans son accueil des réfugiés. 

Le président français a fait savoir à cet égard qu'il s'est entretenu plus tôt dans la journée avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, au sujet de la mort de l'enfant syrien.

"Je pense à ces victimes qui ne sont jamais photographiées, à ces victimes futures si nous ne faisons rien", a encore insisté le président français.  "Si nous ne faisons rien pour lutter contre les causes, il y aura davantage de migrants", a-t-il soutenu.

Le Premier ministre français Manuel Valls a aussi réagi à l'image de l'enfant échoué sur la plage, dans un message diffusé sur Twitter. En partageant la photo en question, Valls a indiqué, "Il avait un nom : Aylan Kurdi. Urgence d'agir. Urgence d'une mobilisation européenne".

Du côté de l'opposition, Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente déléguée les Républicains, a qualifié la photo d'"insoutenable", s'interrogeant ""Où sont les réunions d'urgence pour qu'on arrête de mourir sur les plages ?"

Cependant, contrairement à plusieurs quotidiens britanniques et américains, la presse française n'a pas prêté attention à la photo avant qu'elle fasse l'objet des débats, notamment parmi les responsables politiques. Seul le Monde a diffusé la photo à la "une", accompagnée de l'éditorial de Jérôme Fenoglio, directeur du quotidien français. Le reste des grands journaux français ont décidé de se concentrer sur la manifestation des agriculteurs, qui a eu lieu jeudi à Paris.