AA - Ankara - Metin Mutanoğlu

"Le plan d’annexion des terres de Cisjordanie est la démonstration de la nouvelle politique d’occupation et de confiscation poursuivie par Israël. Personne ne doit se faire prendre au jeu".

C’est en ces termes que s’exprimait l’ambassadeur Ibrahim Kalin, porte-parole de la Présidence turque, au cours d’une interview exclusive accordée à l’Agence Anadolu (AA), et qui a été conduite par le Directeur de la Rédaction, Metin Mutanoglu.

La politique étrangère d’Ankara, la situation en Libye et les développements survenus en Méditerranée orientale, tels sont les principaux thèmes développés par Kalin, à côté des questions régionales qui ont été également évoquées.

Dans cette deuxième partie de ce long échange, Ibrahim Kalin revient sur la situation en Syrie, engouffrée dans une guerre civile depuis 2011.

Il a rappelé que l’accord de cessez-le-feu à Idleb conclu le 5 mars par les présidents turc et russe, est toujours appliqué, les patrouilles conjointes des forces turques et russes étant réalisées sur le terrain, comme convenu.

"La trêve est généralement respectée, mais parfois les forces du régime la violent. L’ONU a dernièrement publié un rapport confirmant les crimes de guerre perpétrés par le régime contre des civils à Idleb", a-t-il expliqué.

Le responsable turc a rappelé que la Turquie souhaite la création d’une zone sécurisée autour d’Idleb, sans quoi les 3 à 3,5 millions de personnes réfugiées dans la région ne pourront se maintenir, elles se tourneront alors vers la Turquie, seule issue pour elles. Un nouveau flux migratoire serait impossible à gérer par la Turquie seule, l’Europe devra alors se montrer plus solidaire.

La présence de l’organisation terroriste YPG/PKK en Syrie, qui continue de perpétrer des attentats contre les civils à Afrin et Tell Rifat, est un autre sujet important pour Ankara, "qui ne laissera pas faire".

Pour la Turquie, la solution en Syrie passe par la constitution d’un gouvernement de transition, comme indiqué dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Kalin a également déclaré que les affirmations "d’un prochain remplacement de Bachar al-Assad à la tête de la Syrie, ne sont que des spéculations infondées de certains médias russes, qui ont d’ailleurs été contredits par de nombreuses sources.

- Le conflit israélo-palestinien :

Sur la situation au Moyen-Orient, notamment la politique du gouvernement israélien autour du plan d’annexion de certains territoires palestiniens occupés en Cisjordanie et de la Vallée du Jourdain.

"Avant tout, ce plan est illégal, contraire au droit. Le plan d’annexion des terres de Cisjordanie est la démonstration de la nouvelle politique d’occupation et de confiscation poursuivie par Israël. Personne ne doit se faire prendre au jeu", a-t-il affirmé.

Kalin invite à ce sujet la communauté internationale à faire preuve de la même solidarité et unité, comme elle l’a fait au sujet du statut de Jérusalem.

Le porte-parole de la Présidence turque, a, dans ce sens, regretté le manque de solidarité de la Ligue Arabe, "qui devrait plutôt se pencher sur cette question au lieu de faire des déclarations hostiles à la Turquie".

- Les débats en Turquie concernant le statut de Sainte-Sophie :

Le Conseil d’État turc s’est penché sur le statut de Sainte-Sophie, basilique byzantine transformée en mosquée en 1453 lors de la conquête d’Istanbul par les Ottomans, puis devenue musée dans les années 1930, après un décret controversé dont la légalité est remise en question.

"La réouverture de Sainte-Sophie en tant que mosquée est sujet à débats depuis plusieurs décennies. Certains pensent que dans ce cas, son identité de patrimoine mondial disparaitra. Sa réouverture au culte [musulman] n'affectera pas son statut de patrimoine mondial, plus de personnes la visiteront", a-t-il estimé, donnant les exemples des autres grandes mosquées d’Istanbul, comme la Mosquée Bleue (Sultanahmet) ou encore la mosquée Suleymaniye, ouvertes au culte et qui accueillent chaque année des millions de visiteurs.

"Il y aussi l’exemple de Notre-Dame à Paris, c’est une église où les Chrétiens prient, et c’est en même temps un musée", a-t-il ajouté.