AA/Alger/ Ahmed Aziz
L’opération militaire lancée, depuis quelques jours, par l’armée algérienne, dans la province de Bouira, à l’Est d’Alger, et dont le bilan a été de 25 morts parmi les "terroristes", a confirmé «l’échec des mouvements jihadistes », dans le combat qui les oppose aux forces armées algériennes, et a provoqué une régression de la capacité d’initiative de ces mouvements, face à l’armée régulière, selon les experts en matière de sécurité.
Selon d’autres informations publiées par le ministère algérien de la Défense, des unités militaires algériennes spécialisées dans la lutte anti-terroriste, ont abattu, au cours du semestre écoulé, 44 éléments armés, appartenant au mouvement al Qaida du Maghreb islamique (AQMI) et au mouvement «Jound al Khalifa», allié de l’EIIL. Au nombre des éléments tués, figurait l’émir du mouvement, Abdelmalek Koury, abattu en décembre 2014, quelques semaines après qu’il eut proclamé son ralliement à l’EIIL.
Le 20 mai, le ministère algérien de la Défense a annoncé qu’une opération militaire lancée avec la participation de troupes venues des trois provinces voisines d’Alger, à savoir Blida, Bouira et Boumerdès, a fait 25 morts parmi "les terroristes" et permis de récupérer des armements et des munitions , dans une zone escarpée de la province de Bouira, au Sud d’Alger. L’un des terroristes abattus a été identifié comme étant le nouveau leader de Jounoud al Khilafa , Othman al Assimy (41 ans) qui avait pris la relève d’Abdelmalek Koury.
Dans des déclarations exclusives accordées au correspondant d’Anadolu, des experts sécuritaires ont souligné que ces informations étaient significatives des «réussites de l’armée algérienne face aux mouvements jihadistes dans le pays» ; réussite due, selon eux, au savoir-faire de l’armée algérienne dans ce type d’affrontements, par rapport aux forces armées des pays de la région».
Ammar Ghanem, politologue et expert sécuritaire algérien, a révélé, dans une déclaration faite à Anadolu, que «l’Algérie est sous la menace de quatre organismes jihadistes, à savoir l'AQMI, qui, avec le mouvement des Jounoud al Khilafa, allié de l’EIIL, stationne dans les provinces proches d’Alger, ainsi que le groupe des Mourabitoun, fondé après l’alliance conclue entre les mouvements "Attawhid Wal Jihad fi Gharb Afriqya" (L’unicité de Dieu et le Jihad en Afrique de l’ouest) et le mouvement des Moulathamoun (les cagoulés), qui s’est installé à proximité de la ligne frontalière méridionale, limitrophe du nord du Mali; outre le mouvement Ansar Eddin (les partisans de la foi), groupuscule jihadiste composé essentiellement d’éléments venus du nord du Mali voisin».
L’opération lancée dans la province de Bouira, a-t-il précisé, a confirmé deux données : d’abord le fait que les groupes extrémistes sont noyautés par des agents de l’Etat, ce qui a permis à l’armée algérienne de lancer six opérations sécuritaires, depuis décembre 2014 , et d’abattre des dizaines d’éléments armés, pour la plupart membres du groupuscule de Jounoud al Khilafa, et notamment leur chef, l’Emir du mouvement.
Quant à la deuxième donnée, toujours selon Ghanem, elle réside en les équipements techniques dont dispose l’armée algérienne , tels qu’avions de reconnaissance, appareils d’écoute et de dépistage des communications, et maitrise des armes , ce qui lui aurait permis de remporter toutes les batailles, dans les régions escarpées situées au Sud et à l’Est de la capitale algérienne ; de même que les opérations menées le long de la ligne frontalière qui sépare l’Algérie du Mali, du Niger et de la Libye.
«Le potentiel de menace des groupuscules armés, face à la sécurité intérieure de l’Algérie, a nettement régressé durant la période comprise entre 2013 et 2015 », a par ailleurs souligné l’expert sécuritaire, Ahmed Twati, ajoutant que depuis la prise d’otages occidentaux dans l’usine de gaz de Tegantouren, en janvier 2013, les groupuscules armés jihadistes n’ont pu lancer aucune autre opération d’envergure en Algérie».
Dans sa déclaration au correspondant d’Anadolu, Ahmed Tawti a précisé que cette régression était due au fait que «l’armée algérienne a entrepris de mener la confrontation avec les groupuscules armés, d’une manière sécuritaire plutôt que militaire, autrement dit, en faisant recours aux données recueillies, et c’est bien ce qui a influé sur le cours des évènements».
«Malgré les difficultés qu’elle rencontre dans la protection d’une ligne frontalière longue de six mille kilomètres et d’un vaste territoire qui couvre plus de deux millions de kilomètres carrés, l’armée algérienne a pu acquérir une grande expérience en matière de lutte anti-terroriste, depuis 1992 .
Pour sa part, le colonel algérien à la retraite, Seghrouni Lahssen, a dit : " J’ai passé 26 ans dans l’armée, dont près de vingt ans, dans le combat contre le terrorisme ».
Dans une déclaration accordée au correspondant d’Anadolu, Segrouni Lahssen a révélé qu’ " il existe actuellement en Algérie, des officiers supérieurs, nantis du grade de Général, qui ont passé la majeure partie de leur période d’activité dans l’armée, dans le combat contre le terrorisme. En fait, tous les officiers, depuis le grade de Colonel jusqu’aux insignes les plus hauts, ont rejoint les rangs de l’armée au cours de la longue confrontation entre celle-ci et les groupes terroristes. C’est dire que l’armée algérienne est nantie d’une longue expérience en matière de lutte contre les mouvements salafistes jihadistes extrémistes. Pour les forces de sécurité et l’armée, la lutte contre le terrorisme en Algérie, est devenue une activité routinière qui n’incite à aucune frayeur ».
Depuis 1992, l’Algérie connaît des affrontements entre des mouvements jihadistes et l’armée régulière. Les autorités d’Alger ont pu neutraliser des milliers d’éléments armés qui ont déposé les armes et profité de l’amnistie proclamée en vertu de la Loi de réconciliation nationale de 2005.