Politique

La Cause palestinienne…de l’intérêt personnel à la conscience institutionnelle (Analyse)

Hatem Kattou  | 27.06.2020 - Mıse À Jour : 28.06.2020
La Cause palestinienne…de l’intérêt personnel à la conscience institutionnelle (Analyse)

Turkey
AA / Ankara

Depuis le début du XIXe siècle, le Monde musulman a subi, directement ou indirectement, l’occupation impérialiste, qu’il s’agisse via des invasions militaires directes et de longue durées ou par le truchement de gouvernements dont la volonté est spoliée.

Malgré l’effondrement, en 1990, de l’ordre mondial mis en place après la Deuxième Guerre mondiale, sur la base de blocs bilatéraux, occidental /Otan et Union Soviétique (Pacte de Varsovie), il n’en demeure pas moins que le monde n’a pas connu, jusqu’à aujourd’hui, la création de mécanismes d’équilibre d’un ordre mondial multilatéral.

Le vide généré par l’instabilité et la dislocation d’entités politiques a abouti à l’émergence de nouveaux mouvements politiques, sociaux et religieux dans de nombreux pays musulmans, sur un large axe s’étendant du Maroc jusqu’à l’Indonésie.

Plusieurs entités fondées au nom de l’Islam se sont transformées en organismes génétiquement modifiés à cause de la manipulation de leurs compositions génétiques et qu’elles ont été vidées de teneur, tout en préservant des similitudes avec les entités qui les ont précédées, même au niveau de la nomenclature.

** La Cause du Moyen-Orient

Je garde toujours, allumée, la flamme de la profonde ferveur gravée dans mon cœur par la mobilisation populaire pour Jérusalem, mobilisation qui a défié le monde à partir de la province de Konya, en 1980, alors que j’étais collégien dans la République turque de Chypre du Nord (RTCN).

Au cours de ces années la, j'ai suivi les moindres détails des massacres de Sabra et Chatila, commis au Liban.

J'ai également fait la connaissance de jeunes musulmans provenant de diverses régions géographiques du monde musulman pour participer, en 1978, au « Camp des jeunes islamiques à Chypre (RTCN) », lancé par son ancien président (fondateur) Rauf Denktaş, dans le but de mieux faire connaître l'Etat fédéral chypriote turc, et j’ai ressenti pour la première fois, de l’appartenance à une « Nation » (Oumma).

J’ai commencé mes études primaires dans la ville de Tripoli (capitale de la Libye) et je les ai achevées à Lefkosia (Nicosie) en Méditerranée orientale, ce qui a fait de moi une partie intégrante de la Méditerranée, devenue un bassin au sein duquel j’ai développé ma mission et ma cause, et à l’instar de Chypre (RTCN) qui représente la Méditerranée pour moi, Jérusalem l’est également.

En octobre 1983, j’ai débuté mes études universitaires à l’Université technique du Moyen-Orient et ma tristesse et ma frustration s’accroissaient au cours de ces années à chaque fois que je procédais à des comparaisons entre la Turquie et les pays développées.

A la suite des évènements du 11 Septembre aux Etats-Unis d’Amérique, les Musulmans étaient encerclés de toutes parts, à travers une opération entamée par l’occupation de l’Afghanistan et qui s’est poursuive par l’occupation de l’Irak.

Parallèlement aux attaques médiatiques classiques, nous assistons à des attaques horribles et abjectes en stigmatisant et collant les personnes ou les organisations ou encore les Etats de l’étiquette de « soutien au terrorisme / terroriste ».

Durant la décennie 90, l’ex-Yougoslavie fût le théâtre des premiers cas du chaos généré par la recherche d’un nouvel ordre des relations internationales. Avec la dislocation de ce pays, nos consciences ont été secouées et à jamais marquées par les massacres perpétrés en Bosnie Herzégovine, la prunelle de nos yeux.

Nous avons connu, à cette époque, les efforts de secours et de solidarité humaine déployés par nos organisations civiles (turques) en Bosnie-Herzégovine avant toute activité entreprise sur le terrain par plusieurs pays.

Nos organisations civiles ont confirmé et prouvé l’utilité de leur présence dans plusieurs régions, telles que la Tchétchénie, le Cachemire, la Palestine, l’Arakan, Kirkouk, la Somalie et Moro.

Notre nation et notre Etat ont soutenu, également, la volonté de nos organisations dans leurs efforts consentis pour venir en aide aux opprimés dans le monde.

La Palestine a été victime d’une scission entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza, à cause du différend politique entre les Mouvement Fatah et Hamas. Cela avait abouti à une division politique et géographique qui a impliqué l’approfondissement de la souffrance des Musulmans dans la Bande. Néanmoins, l’initiative de nos organisations civiles dans le domaine des secours humanitaires ont allégé, un tant soit peu, cette souffrance.

Notre nation a constaté, avec fierté, les activités réalisées par les organisations de la société civile turque à Gaza, après que Israël ait resserré son siège imposé aux habitants de l’enclave palestinienne.


** Une diplomatie turque efficiente

La Turquie a entrepris des efforts énormes dans la région du Moyen-Orient avant que ces efforts ne soient entravés par les attaques israéliennes contre Gaza en 2008, ce qui a généré un accroissement de la tension dans les relations.

Le 31 mai 2010, le navire turc Mavi Marmara, à bord duquel se trouvaient des volontaires de différentes nationalités, a été l’objet d’une basse attaque, qui a fait dix martyrs turcs et plus de 50 blessés. Ce douloureux incident s’est produit à un moment où Ankara souhaitait faire prévaloir la paix au Moyen-Orient.

Cet événement s’est transformé en une crise politique entre la Turquie et Israël et les relations entre les deux pays ont entamé la phase de la réduction du degré de la représentation diplomatique au plus bas niveau. La rupture des relations diplomatiques entre les deux parties a généré des résultats d’envergure au niveau de la région du Moyen-Orient en général et de la Palestine en particulier.

D'autre part, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ont été le théâtre de changements majeurs depuis 2010, avec l’éclatement, notamment, de la guerre civile au Yémen et en Syrie et le reversement via un putsch du président égyptien élu, Mohamed Morsi.

Plusieurs pays sont également intervenus dans la guerre syrienne, en premier lieu, les Etats-Unis, la Russie et l’Iran, dont le pouvoir et l’influence politique se sont accrus aussi bien en Syrie et au Liban qu’au Yémen. Au même moment, Israël a renforcé ses pressions et son iniquité à Jérusalem et en Cisjordanie.

La région est entrée dans une phase marquée par la recrudescence d’efforts à court terme et loin de la réalité, fondés essentiellement sur l'hostilité à l’endroit de la Turquie et de son président, Recep Tayyip Erdogan, œuvre d’alliances contre-nature et provisoires, dirigées par l'Egypte et les Emirats Arabes Unis et d’autres parties opposées à la Turquie.

En réalité, il n’existe aucune affaire qui ne peut être résolue avec les pays précités et il est même envisageable de mettre en place des équilibres sur la base de partenariats et d’intérêts mutuellement profitables en focalisant sur l’avenir.


** Un soutien constant à la Palestine

A compter du mois de juillet 2020, Israël s’apprête à annexer les colonies de la Cisjordanie et de la Vallée du Jourdain.

L’ensemble des mesures inappropriées mises en œuvre en partant de la logique consistant à imposer le « fait accompli » constituent un legs des «crises » qui sera transféré aux générations futures. Le fait de ne pas saisir, à sa juste mesure, la valeur du rôle et de la force de la Turquie et de ne pas interagir positivement aux conseils prodigués par sa Direction et son approche juste représente une grande perte historique.

La Turquie continuera à soutenir les personnes démunies via ses institutions caritatives et de secours, l’Agence turque de Coopération et de Coordination (TIKA), le Croissant rouge turc, la Présidence des Affaires religieuses (Diyanet), la Direction de gestion des Urgences et des Catastrophes (AFAD) et la Fondation des Secours humanitaires (IHH) et d’autres institutions de bienfaisance.

Le monde entier a été témoin des succès engrangés par nos institutions au cours des dernières années, dont la plus grande partie a été réalisée par la TIKA, qui a construit deux hôpitaux en Cisjordanie et à Gaza, dans le cadre de l’approche inclusive d'Ankara envers le peuple palestinien en matière d'investissements dans les infrastructures de la santé. La TIKA a procédé également à des travaux de restauration à Jérusalem afin de protéger son patrimoine.

L’infrastructure de Gaza a été détruite à cause de l’attaque israélienne en 2007 et la vie socioéconomique s’est détériorée des suites du blocus terrestre, aérien et maritime infligé à la Bande depuis l’année 2006.

La Turquie a procédé, sur instructions et suivi personnels du président Erdogan à l’approvisionnement de l’unique centrale électrique de Gaza en énergie, à maintes reprises, en coordination avec les services des Nations Unies.

La Turquie poursuit, également, la réalisation de ses projets hydrauliques à Gaza, à travers, notamment, le forage des puits et la fourniture du chlore, l’objectif étant de résoudre les problèmes d’approvisionnement en eau potable, lesquels problèmes qui se sont accrus dans la Bande à cause des attaques et du siège israéliens.

La TIKA a mis en œuvre des projets dans le cadre du soutien apporté aux agriculteurs et aux éleveurs de bétail à Gaza et a ouvert une huilerie moderne dans la Bande.

Parmi les autres projets importants réalisés par l’Agence TIKA figure celui de « IRADA » (Volonté) destiné à l’adaptation et à la formation des personnes handicapées, victimes des multiples guerres israéliennes menées contre la Bande.

De même, notons le projet de construction de logements, au nombre de 320, pour abriter les veuves et les orphelins ainsi que l’organisation d’un mariage collectif de plus de 4 mille jeunes, en coordination avec Diyanet.

Tout le soutien moral et matériel que fournit notre gouvernement a pour dessein de renforcer l’unité de la Palestine et de resserrer les rangs des Palestiniens, l’objectif étant d’établir un Etat souverain.

** La Paix dans le Moyen-Orient

Nous veillons à soutenir tous nos frères palestiniens, en vertu de notre position de principe de notre Etat visant à réaliser la paix régionale dans un Moyen-Orient morcelé.

Lors de nos rencontres avec les parties concernées, nous faisons part, à chaque fois, de notre soutien à une paix durable dans la région et nous critiquons les initiatives agressives et conflictuelles. Nous affirmons que la région, tout entière, et non pas la Palestine uniquement, a besoin de la paix. De même, nous soulignons que dresser des embûches sur notre voie pour contrer nos activités, ne sera bénéfique pour personne, dès lors que nous apportons une valeur ajoutée importante à l’économie de la région, à travers, notamment, nos aides au développement.


Une paix durable et pérenne ne peut être réalisée qu’à la faveur d’une approche juste fondée sur l’égalité et qui n’exclurait aucune partie. A défaut, il est inéluctable de faire face à une scène douloureuse et à des retombées destructrices des initiatives, qui fait peu de cas des textes fondamentaux, fruit des expertises institutionnalistes acquises par le monde jusqu’à présent et ignore, contourne et manipule le droit international et les vérités historiques, le tout véhiculé sous la dénomination du prétendu « Accord du siècle » pour la paix.

Ce dont nous avons besoin dans une Cause, qui a pour élément central Jérusalem, ce n'est point d'exprimer des réactions superficielles et étroites basées sur des partis-pris quelconques, mais d’œuvrer à réunir les conditions d’un environnement pour une paix mondiale, ainsi qu’une solidarité entière du Monde musulman avec la Turquie pour défendre la ville sainte.

*Dr Serdar Çam, vice-ministre turc de la Culture et du Tourisme

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