Politique

La défense de Médine par Fahreddin Pasha, attestée par les archives ottomanes

- Documents à l'appui, les historiens turcs retracent l'histoire du commandant ottoman à Hedjaz et sa défense de la Ville du Prophète

Hafawa Rebhi  | 21.12.2017 - Mıse À Jour : 22.12.2017
La défense de Médine par Fahreddin Pasha, attestée par les archives ottomanes

Ankara

AA / Ankara / Yıldız Nevin Gündoğmuş

Les archives ottomanes sont unanimes. Le commandant militaire Fahreddin Pasha méritait bien ses surnoms de « Tigre du Désert » et de « Héros de Médine », « lui qui a vaillamment défendu la ville du Prophète Mohammed en distribuant argent et blé à ses habitants, durant le siège imposé par l’armée britanniques et ses alliées parmi les tribus du Hedjaz ».

Après les tweets du ministre émirati des Affaires étrangères Abdullah bin Zayed portant atteinte au président turc Récep Tayyip Erdogan et accusant le commandant militaire turc, qui a défendu la ville de Médine pendant la Première Guerre mondiale, d’avoir commis des crimes contre la population locale, les documents des archives ottomanes, conservées au Département des archives de l’Etat ont montré le contraire.

Le commandant turc a en effet subvenu aux besoins des habitants et n’a pas abandonné la défense de la ville malgré le manque d'équipements, de munitions et de nourriture. Il a même ordonné à ses soldats de manger des sauterelles et de persévérer pour continuer à résister aux Anglais.

Selon un document ottoman daté du 9 novembre 1915, Fahreddin Pasha a insisté, dans une notification écrite envoyée à Istanbul, que des paiements devraient être versés aux distributeurs qui fournissaient du blé aux familles nécessiteuses à Médine pendant le siège.

Dans un autre document daté du 1er septembre 1916, Fahreddin Pasha a souligné, dans une correspondance avec le commandement à Istanbul, « que les montants envoyés pour protéger la ville seraient insuffisants parce que des sommes d’argent seraient versés aux musulmans qui s’étaient trouvés dans le besoin ».

Les archives ottomanes conservent aussi le document de la nomination, le 20 mai 1916, de Fahreddin Pasha, qui était alors le commandant du douzième corps de l'armée, au poste de commandant des forces ottomanes dans le Hedjaz.

Les annales gardent également les détails du mandat de ce commandant et de ses réalisations. Dans une correspondance adressée au commandement à Istanbul le 21 août 1917, le commandant et gouverneur annonçait l’inauguration d’une avenue de 20 mètres de largeur, aux alentours de la Mosquée du Prophète à Médine. La célébration a coïncidé alors avec la fête d’Aid al-Fitr.

Tous ces documents historiques indiquent que Fahreddin Pasha a bien géré la crise du siège britannique de Médine. Non seulement il a assuré la gestion administrative, mais il se souciait tout autant des besoins des habitants de la ville.

L’historien turc Enes Demir a confirmé à Anadolu « le dévouement du commandant ottoman et son abnégation à défendre Médine pendant deux ans et sept mois».

Fahreddin Pasha a continué à défendre la ville de Médine et la tombe du Prophète, malgré la capitulation de l'armée ottomane stationnée sur tous les fronts, le 30 octobre 1918, ne prêtant pas attention aux ordres de ses supérieurs hiérarchiques.

Dépourvu de munitions et de nourriture et avec personne pour lui expédier le moindre ravitaillement, le Tigre du Désert a tenu tête 72 jours aux britanniques et à leurs complices, a relaté l’historien turc.

« Les Britanniques ont volé beaucoup d'antiquités des zones qu'ils occupaient, et ramené ce qu'ils ont volé à Londres. Fahreddin Pasha en était conscient, et c’est pour cette raison qu’il a, en 1918, envoyé les reliques sacrés du Prophète Mohammed à Istanbul, la capitale de l’Islam, sous haute protection », a ajouté Demir, saluant la perspicacité et la clairvoyance du commandant ottoman.

Commentant par ailleurs les tweets du ministre émirati contre le commandant Fahreddin Pasha et les Turcs en général, l’historien a avisé : « C'est une démarche purement politique. La force grandissante de la Turquie, ses efforts déployés afin de préserver l'honneur de Nation islamique et sa défense de Jérusalem dans la période récente ont un rapport direct avec le comportement du ministre émirati ».

C’est que, selon Demir, « l'amélioration de l'image de la Turquie, dirigée par le président Recep Tayyip Erdogan, dans les pays arabes agacent plus d’un ».

« Cet acte du ministre émirati est un stratagème visant à induire en erreur l'opinion publique arabe envers les Turcs, et à ternir l'image de la Turquie », a-t-il conclu.

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