La France rappelle son ambassadeur en Algérie « pour consultations » et expulse « 12 agents algériens »
-Cette décision annoncée par le chef de la diplomatie, Jean-Noël Barrot, intervient en réponse à l’expulsion de 12 agents français du territoire algérien

Provence-Alpes-Cote d Azur
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
La France a décidé de rappeler son ambassadeur en Algérie « pour consultations » et d'expulser « 12 agents algériens » de son territoire, a annoncé mardi le ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères, Jean-Noël Barrot, dans un publication sur le réseau social X.
Ce dernier assure agir « en réponse » à la « décision injustifiée et incompréhensible » des autorités algériennes, de procéder à l’expulsion de 12 fonctionnaires français du territoire algérien.
« Les autorités algériennes ont choisi l’escalade: nous répliquons comme annoncé (…). Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique » a-t-il déclaré pour justifier la décision du Quai d’Orsay.
Dans le même temps, l’Elysée a publié un communiqué de presse dans lequel il est indiqué que « la France prend note avec consternation de la décision des autorités algériennes d’expulser 12 agents diplomatiques ».
La présidence estime que « cette décision méconnait les règles élémentaires des procédures judiciaires » et accuse l’Algérie de prendre « la responsabilité d’une dégradation brutale (des) relations bilatérales » entre les deux pays.
« Dans ce contexte difficile, la France défendra ses intérêts et continuera d’exiger de l’Algérie qu’elle respecte pleinement ses obligations à son égard, s’agissant tout particulièrement de notre sécurité nationale et de la coopération en matière migratoire. Ces exigences vont avec l’ambition que la France continuera d’avoir pour ses relations avec l’Algérie, compte tenu de ses intérêts, de son histoire et des liens humains existants entre nos deux pays » poursuit le communiqué de presse.
Pour conclure, Emmanuel Macron « appelle les autorités algériennes à faire preuve de responsabilité dans le cadre du dialogue exigeant et constructif engagé le 31 mars dernier avec le Président algérien » et considère que « l’intérêt même de la France et de l’Algérie est de reprendre le dialogue ».
Ces développement interviennent alors que les deux parties avaient entamé, fin mars, un processus de retour à la normale après près de 8 mois de tensions.
En effet, les relations entre les deux pays se sont dégradées, à l'été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal, a compliqué davantage la situation, tout comme le refoulement de migrants en situation irrégulière visés par des obligations de quitter le territoire français, dont l'influenceur algérien Doualemn.
Ces deux affaires ont suscité la colère de plusieurs ministres français, dont Bruno Retailleau (Intérieur) et Jean-Noël Barrot qui menaçaient de recourir au « rapport de force ».
Les autorités françaises ont même décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour « défendre les intérêts des Français ».
Un début d'apaisement est ensuite intervenu avec l'appel téléphonique Macron-Tebboune, à l'occasion de l'aïd el-Fitr, fin mars, suivi d'une visite à Alger du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, le 6 avril courant, marquant « une nouvelle phase dans une relation d’égal à égal » entre la France et l’Algérie.
Reçu par le chef de l'Etat algérien, le chef de la diplomatie française a affirmé que les deux pays avaient « décidé de tourner la page ».
Toutefois, l'arrestation d'un cadre consulaire algérien, début avril à Paris, dans le cadre d'une enquête judiciaire sur la présumée tentative d’enlèvement de l’opposant algérien « Amir DZ », a suscité la colère d'Alger qui n'a pas tardé à exprimer sa contestation auprès de l'ambassadeur de France à Alger, considérant que l'arrestation d'un cadre consulaire à Paris est venue « torpiller » les récents progrès diplomatiques entre les deux pays.
Dans un communiqué rendu public dans la soirée du lundi 14 avril, le ministère algérien des Affaires étrangères a expliqué que l'expulsion des 12 agents français faisait suite à l'arrestation « spectaculaire et ostentatoire, sur la voie publique par les services sous tutelle du ministère de l'Intérieur français, d'un agent consulaire d'un État souverain accrédité en France, en date du 8 avril 2025 ».
« Ce procédé indigne par lequel le ministre de l'Intérieur [français] voulait rabaisser l'Algérie s'est fait sans aucune considération du statut consulaire de cet agent, en faisant fi de tous les usages et pratiques diplomatiques et en flagrante violation des conventions et traités pertinents en la matière », a soutenu la diplomatie algérienne, prévenant que cela ne sera pas sans conséquences.