Le gouvernement français organise « l’Islam de France »
France
AA/Paris/Fatih Karakaya
Samedi 5 février, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin installera le Forum pour l'Islam de France (FORIF), au Conseil économique social et environnemental à Paris.
En effet alors que le Conseil Français du culte musulman (CFCM), constitué de dix fédérations devrait se dissoudre mi-février, le gouvernement tente d’imposer la mise en place de cette nouvelle institution censée représenter l'Islam en France.
Ainsi, à la suite des efforts du président Emmanuel Macron et du gouvernement pour façonner certaines organisations musulmanes et l’Islam selon les principes de la République et de la laïcité dans le cadre du projet "Islam de France", le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), qui opère depuis 2003 et qui était comme l’interlocuteur privilégié de l’état est désormais hors de jeu au profit d’une autre organisation.
En effet, le Forum pour l'islam de France (FORIF), qui remplacera le CFCM, deviendra opérationnel avec la première réunion qui se tiendra samedi à Paris.
Il y a des musulmans, des responsables religieux et des représentants d'organisations musulmanes choisis par le ministère de l'Intérieur et des préfets dans les 4 groupes de travail différents établis au sein du FORIF.
Les groupes de travail se concentreront notamment sur la formation des imams, les prisons, les hôpitaux et les responsables religieux de l'armée, la sécurité des mosquées et l'application de la loi "séparatisme".
Gérald Darmanin a déclaré que l'objectif du FORIF était de « se débarrasser de l'influence de l'Algérie, de la Turquie et du Maroc » pour l'islam en France. Il a ensuite précisé que « l'islam n'était pas la religion des étrangers en France, c'est la religion de certains Français, elle ne doit pas être dépendante de l'argent ou des autorités étrangères ».
Pourtant, de nombreux musulmans non liés à aucune organisation, contestent la méthode du gouvernement français. Il s’agit pour eux « d’une main mise sur l’Islam de France ».
Certains estiment que jamais un gouvernement français n’a mis sous tutelle une religion.
Interrogé par « Algérie Patriotique », le président de l’Observatoire contre l’islamophobie en France, Abdallah Zekri s’est insurgé en dénonçant une fustigation systématique de l’islam et des musulmans.
«Depuis quelques jours, nous sommes gavés, les musulmans sont agacés. Ouvrez toutes les chaînes de télévision, les radios, la presse, c’est le même sujet qui revient : l’islam, le grand remplacement, l’intégrisme, le salafisme. Il y a cinq ou six millions de musulmans en France alors qu’on ne parle que d’une poignée d’extrémistes comme s’ils représentaient tous les musulmans», s’est-il indigné.
Pour lui, les débats sur « l’Islam de France » sont « des foutaises », puisqu’il n’y a pas de « de judaïsme de France pas plus qu’il n’y a un christianisme de France ».
Il a également accusé le président français de vouloir « marquer son empreinte comme tous les autres».
Les organisations turques ont signé la charte
Le président du CCMTF et vice-président du CFCM İbrahim Alcı et le président du CIMG France et secrétaire général du CFCM Fatih Sarıkır ont été visés pour ne pas avoir signé la charte en mars 2021 au motif qu'il marginalisait les musulmans.
Cependant, Alcı et Sarıkır ont signé la charte fin décembre dernier afin de créer l'unité entre les organisations musulmanes pendant la tension et d'empêcher que les musulmans ne soient lésés avant la prochaine élection présidentielle.
Mais cela n’a pas empêché d’écarter les mosquées turques liées à ces deux organisations. Ainsi, les représentants des musulmans de France ne seront pas élus par les concernés mais désignés par le gouvernement français.