Le Togo.. "Afrique en miniature"

AA/Tunis/Esma Ben Said

Le Togo, dont la richesse des sites lui vaut le surnom "d'Afrique en miniature" connaitra, samedi, un scrutin présidentiel à un tour. Communauté internationale et acteurs politiques souhaitent au petit pays ouest-africain des élections basées sur la transparence afin qu'il devienne grand tisseur de la démocratie.

Données générales : (basées sur la Coface -Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur)

Couvrant une superficie de 56 785 km², le Togo s’étire sur près de 700 km du nord au sud avec une largeur n’excédant pas 100 km. Il est enserré entre le Ghana à l'Ouest, le Bénin à l'Est, le Burkina Faso au Nord et une façade d'à peine 60 km sur l'Océan Atlantique.

Cette faible superficie n’empêche néanmoins pas le Togo d’être reconnu pour la grande diversité de ses paysages composés de côte de sable dans le sud, de collines, de vallées, de montagnes dans le centre, des plaines arides et des savanes dans le nord.

Economie

Si la croissance du Togo est en dessous de la moyenne des pays de la sous-région ouest-africaine (UEMOA), ses indicateurs économiques sont toutefois en progression.

Ainsi en 2015, la croissance du produit intérieur brut (PIB) est de 5.7 %  pour le début de 2015 contre 5.6 % en 2014, et ce, grâce aux investissements publics et privés, grâce au secteur primaire, essentiellement avec la production et l’exportation de phosphate et de ciment, et à l’augmentation des dépenses publiques et de l’aide internationale qui a fait défaut durant plusieurs années.

L’inflation est quant à elle maitrisée depuis  2013 (1.8)  et se trouve sous la cible des 3 % fixée par l’UEMOA . Elle devrait cependant passer à 2.7% en 2015 au vu de l’augmentation de la demande interne et de l’investissement public.  

Pour les perspectives de 2015, l’économie devrait tirer profit de son activité portuaire et aéroportuaire en pleine expansion avec la construction d’une nouvelle darse (+54,2% de transit entre 2013 et 2014), qui a déjà permis en 2014 de dynamiser la production industrielle et les services.             

Le secteur minier et industriel poursuivra sa progression grâce à l’investissement public et à l’octroi de nouvelles licences d’exploitation minière (phosphate et or).

Cependant, l’agriculture, qui représente 41% du PIB et 75% de la population active mais qui reste peu productive, a enregistré une croissance modérée, du fait de mauvaises récoltes (-4% dans la production de céréales et -14% pour les tubercules). Les résultats de ce secteur seront fortement dépendants des conditions climatiques en 2015.

Contexte socio-politique :

Les bailleurs de fonds internationaux, dont dépend très fortement l’économie togolaise, sont très attentifs aux évolutions politiques et aux libertés publiques (censure des médias, arrestations). Le déroulement de la présidentielle est donc crucial car des tensions politiques à la suite de ce scrutin entraineraient une instabilité générale qui se traduirait par une défection des investissements et des dons. 

Les observateurs politiques sont toutefois confiants car même si depuis 2005 le fichier électoral est contesté car, selon l'opposition, il comporte des erreurs, notamment un nombre important d'"électeurs fictifs" qui joueraient en faveur du président actuel Fauré Gnassingbé (qui brigue son 3e mandat), cette fois des initiatives ont été prises pour garantir davantage de transparence.

Ainsi, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), a imposé à la CENI (Commission électorale Nationale indépendante) de nettoyer le fichier électoral. La version actuelle, approuvée par tous les parties, n'est pas exempt d'erreurs mais permet aux togolais d'aller sereinement à la présidentielle.

L'environnement des affaires est quant à lui assez difficile en raison de la corruption, de la gouvernance déficiente et de la lourdeur administrative, selon les agences de notations.

Cependant, en 2015, le Togo consolidera ses liens avec l’UEMOA notammentpour mettre en place un système de tarifs douaniers communs. De plus, ses relations avec l’Europe sont bonnes et le pays a tout intérêt à les entretenir vu que la zone euro absorbe 11% de ses exportations.

Pour la majorité des acteurs politiques, les conditions sont davantages réunies pour parvenir à un scrutin libre samedi et il faudra à tout prix éviter  un scénario de violence semblable à celui du scrutin de 2005 (où à la suite des contestations de résultats des centaines de personnes ont perdu la vie) afin de ne pas créer un climat d’instabilité, notamment économique, préjudiciable à tous.