Marzouki: ''ce qui s'est passé ce soir est un coup d'Etat''
- L'ancien président Moncef Marzouki : "si le coup d'État réussit, la situation économique et sanitaire du pays se détériorera davantage"

Tunisia
AA / Tunis
L'ancien président tunisien Moncef Marzouki a exprimé, lundi à l'aube, son rejet des récentes décisions du président Kaïs Saïed, les considérant comme un ''coup d'Etat".
Plus tôt dans la soirée du dimanche, le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé lors d'une rencontre avec de hauts cadres sécuritaires et militaires, qu'il a décidé de démettre le chef du gouvernement Hichem Mechichi de ses fonctions. Et qu'il assumera le pouvoir exécutif, avec l'aide d'un chef du gouvernement qu'il nommerait, et de geler, en outre, les pouvoirs du Parlement.
Suite à cela, Marzouki a déclaré, dans un message vidéo au peuple tunisien, diffusé sur son compte Facebook : ''ce qui s'est passé ce soir est un coup d'État et une violation de la Constitution''.
Il a ajouté, en ce sens, que Saïed a ''violé la Constitution sur laquelle il a juré, et s'est donné tous les pouvoirs''.
Et l'ancien président tunisien de poursuivre que ''Kaïs Saïed s'est accaparé du pouvoir exécutif et se considère désormais comme le juge suprême''.
Marzouki a averti que "si le coup d'État réussit, la situation économique et sanitaire du pays se détériorera davantage". Il l'a par ailleurs qualifiée comme "le plus gros problème pour la Tunisie", selon ses déclarations.
Saïed avait déjà souligné que ses décisions "ne sont pas une suspension de la Constitution, et non une dérogation à la légitimité constitutionnelle", ajoutant : ''si la loi se transforme en un outil de règlement de comptes et un outil pour les voleurs qui ont pillé les fonds et l'argent du peuple appauvri, ce ne sont pas des lois qui expriment la volonté du peuple, mais plutôt des outils pour voler la volonté du peuple".
Les décisions de Saïed surviennent à la suite des manifestations qui ont eu lieu dans plusieurs gouvernorats tunisiens à l'invitation de militants, exigeant le renversement du système au pouvoir et accusant l'opposition d’avoir échoué, face aux crises politique, économique et sanitaire.
Ces manifestations ont été marquées par des attaques contre le siège du Mouvement Ennahdha, dans un certain nombre de gouvernorats du pays. Le Mouvement avait condamné ces violences, par voie de communiqué, et a accusé les personnes impliquées dans ces attaques d'être des "bandes criminelles employées par des parties à l'extérieur et à l'intérieur des frontières du pays, dans le but de répandre le chaos et le sabotage, et au service des agendas visant à renverser la voie démocratique et ouvrant la voie au retour de l'oppression et de la tyrannie''.
La Tunisie est considérée comme le seul pays arabe qui a réussi à effectuer une transition démocratique parmi d'autres pays arabes qui ont également connu des révolutions populaires ayant renversé les régimes au pouvoir, notamment en Égypte, en Libye et au Yémen.
Cependant, depuis le mois de janvier dernier, la Tunisie subit une crise politique, opposant Kaïs Saïed à Hichem Mechichi, en raison d'un remaniement ministériel effectué par ce dernier, mais rejeté par le président de la République.
Outre sa crise politique, le pays subit également une grave crise économique, aggravée par les répercussions de la pandémie de Covid-19, qui frappe le pays de plein fouet, avec la menace d'un effondrement imminent du système de santé, ce qui a conduit de nombreux pays à lui apporter une aide médicale urgente, ces derniers jours.
* Traduit de l'arabe par Hajer Cherni.
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