Yémen: Le chef des Houthis fixe quatre conditions pour mettre fin à la crise

AA/Sanaa/Mohamed Chabiri

 Abdel Malek al-Houthi, chef du groupe éponyme (Ansar Allah) a fixé quatre conditions pour mettre fin à la crise qui prévaut au Yémen et qui s’est notablement aggravée depuis lundi 19 janvier, date à laquelle des affrontements violents et intermittents ont opposé la garde présidentielle aux combattants houthis.

Dans un discours télévisé diffusé par la chaîne houthie "al Massira", al-Houthi a parlé de quatre conditions majeures pour mettre fin au conflit.

Il s’agit d’abord de «rectifier le statut de la commission nationale chargée du contrôle  et du suivi des recommandations du dialogue national général clôturé en janvier 2014».

La deuxième condition concerne l’accélération de la révision du projet constitutionnel en en éliminant les articles superflus et en y ajoutant les points jugés manquants avant de le transférer à la commission nationale, a précisé al-Houthi.

La troisième condition est la mise en application d’un partenariat réel et concret conformément à l’Accord de paix et de partenariat, établi avec le Président de la république 

Une gestion ciblée et immédiate de la situation sécuritaire est la quatrième condition fixée par le chef des Houthis.

S’agissant de l’escalade actuelle engagée par les Houthis, il a précisé que c’est "une démarche appuyée par le peuple yéménite et ajouté: «Notre pays fait l’objet de nombreux complots extérieurs. Il est également secoué  par les conflits internes» notant que « plusieurs forces yéménites au pouvoir et à leur tête le président Abd Rabbo Mansour Hédi ne gèrent ni la situation actuelle ni les défis et autres dangers avec responsabilité et en faisant abstraction des considérations d’ordre personnel ».

Le chef houthi accuse par ailleurs les autorités yéménites de comploter pour contourner la mise en œuvre réelle des recommandations émanant  du Dialogue national et de vouloir se désister des engagements prévus dans l’Accord de paix et de partenariat.

Il précise, à ce propos, que les autorités ne font pas participer toutes les parties, comme prévu par l’accord, dénonçant au passage, "les pillages qui se poursuivent et dans lesquels sont impliqués des proches du président et la corruption qui continue à gangréner  la sphère politique et économique".  Il a, également accusé les autorités d’appuyer al-Qaida et d’avoir œuvré à compliquer davantage la situation dans le sud. 

Abdel Malek al-Houthi a  déclaré être opposé au projet des six districts qui ne fera que «diviser le pays en favorisant son parcellement».

S’adressant au peuple yéménite le chef houthi s’est voulu rassurant en affirmant que son «mouvement ne vise pas le peuple et son objectif n’est guère de déraciner aucune partie politique ni de régler des comptes avec qui que ce soit ». il a, en outre, appelé les Yéménites à prendre part aux manifestations, marches et autres rassemblements tribaux d’envergure pour « faire entendre leur voix aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur ».

S’adressant au président yéménite il lui a conseillé de «ne pas se laisser influencer par les intervenants extérieurs et par les complots orchestrés à l’échelle intérieure et de veiller à appliquer l’Accord de paix qui servira l’intérêt de toutes les parties».

Abdel Malek al-Houthi a par ailleurs salué l’armée yéménite parlant d’une «armée émérite qui a prouvé son patriotisme en protégeant les intérêts du peuple »

Il s'est adressé par ailleurs au Conseil de sécurité de l’ONU en ces termes: « Toutes les mesures qui seront prises pour faire fléchir et assujettir le pays et nous faire taire face aux complots ne vous serviront à rien » affirmant « être prêts à toutes les situations ».

Il a par ailleurs rappelé que « ce large soulèvement populaire est un acte conscient et responsable dont les objectifs sont légitimes et qui ne vise aucune partie » soulignant qu’ils souhaitent avoir de bonne relations avec tous les pays arabes et musulmans ainsi qu’avec les pays occidentaux.

Depuis la matinée du lundi 19 janvier, la capitale yéménite Sanaa vit des affrontements intermittents entre les forces de la garde présidentielle et les combattants houthis qui disent avoir assiégé la palais présidentiel ou se trouve la résidence du premier ministre, khaled Bahah.

Pour les Houthis la principale revendication consiste à canaliser tous le efforts pour mettre en application l’Accord de paix et de partenariat conformément à un agenda bien déterminé étant donné que c’est «un accord équitable qui rend justice à toutes les parties et qui a été reconnu par les forces régionales et internationales »

Depuis le 21 septembre «Ansar Allah » (Houthis) contrôlent les principales  institutions gouvernementales à Sanaa. Par ailleurs et en dépit de la signature d’un accord de paix avec les autorités yéménites ainsi que de l’annexe sécuritaire du même accord, qui compte entre autres clauses, le retrait des combattants houthis de la capitale, ceux-ci poursuivent leur expansion sur le terrain dans plusieurs provinces et villes yéménites. L’accord prévoit également la formation d’un gouvernement de compétences et la désignation de conseillers politiques parmi les Houthis et le mouvement sudiste.

 Des pays arabes et occidentaux accusent l'Iran d’appuyer les Houthis à qui il fournirait armes et  munitions dans le cadre du conflit régional qui l’oppose à l’Arabie saoudite, accusation niée par l'Iran.

Le groupe houthi  a  été impulsé en 1992 par Houcine badr al-Houthi, tué par les forces gouvernementales en 2004. Le Yémen a connu depuis six guerres ( entre 2004 et 2010) opposant les Houthis, fortement présents dans la province de Saada (nord), aux forces gouvernementales. Ces guerres ont fait des milliers de morts d’un côté comme de l’autre.