AA/ Douala (Cameroun)/ Pado Chemie
Au Cameroun, les autorités sont dépassées par le volume des déchets en plastique qui jonchent les rues de certaines villes comme Douala. Le recyclage semble être la seule voix de secours mais collecteurs et recycleurs manquent de moyens.
A Bilonguè, l’un des quartiers périphériques de la capitale économique du Cameroun, Douala, déchets et bouteilles en plastique trainent dans toutes les rues du quartier. Le drain « Kombe », principale voie de canalisation d’eau de ce quartier peuplé de milliers d’habitants, s'en trouve souvent bouché.
« Ces ordures ont rétréci le drain. A la moindre petite pluie, l’eau nous rejoint dans les maisons. Il y a toujours des inondations dans ce quartier », indique à Anadolu Timothée Gagwi. Le chef du quartier de Bilonguè expliquant que la cause principale de ces inondations est l’abondance des déchets plastiques.
Bilonguè n’est pas le seul lieu qui vit au milieu des déchets à Douala. D’après la Fondation camerounaise de la terre vivante (Fctv), l’une des principales associations de lutte pour la protection de l’environnement au Cameroun, chaque année, sur les 15.250 tonnes de déchets plastiques produits sur l’ensemble du territoire national, 1500 tonnes de déchets sont déversés à Douala.
Ces déchets non biodégradables, submergent les rues, polluent l’environnement, bouchent les drains et causent des inondations. Une situation qui préoccupe les autorités camerounaises.
« La production des déchets dans une ville comme Douala est colossale et il faut que leur gestion soit prise en compte avec un sérieux particulier à tous les niveaux», indique à Anadolu, le délégué régional de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable pour le Littoral.
Sidi Baré reconnait cependant la difficulté de cette tâche: «Il faut développer un partenariat public-privé au niveau local de manière à impliquer directement ceux qui sont concernés par ces déchets. J’appelle les micro-entreprises, les communes d’arrondissement et tous ceux qui font dans le recyclage au secours», implore Sidi Baré.
Pour le délégué, l’Etat seul ne peut pas « débarrasser le Cameroun de ces déchets ». Il révèle que la société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam), unique entreprise publique de collecte des déchets, ne parvient pas aux zones enclavées, conséquence : les déchets produits dans ces endroits y restent.
Pour aider le gouvernement dans cette tâche, des collecteurs et recycleurs transforment au quotidien ces déchets.
« Je collecte des déchets plastiques tels les emballages, les bouteilles, les chaises, les casiers, les chaussures, les coques d’ordinateurs, de télévision et bien d’autres que je revends par la suite aux recycleurs », confie Miehel Ndé, l’un des plus grands collecteurs de plastiques de la ville de Douala. Le prix du Kg varie entre 125 F. Cfa (0,24 Usd) et 300 F. Cfa (0,56 Usd).
Une fois ravitaillés en déchets plastiques, les recycleurs les transforment en chaussures, pavés, roues de brouettes, bijoux… « Nous les passons sur le broyeur. Une fois broyés, nous fondons ces déchets dans les fours pour obtenir une pâte que nous mettons dans des moules pour obtenir des roues de brouettes ou des assiettes par exemple », détaille James Besong, un recycleur. Certains ajoutent à la pâte fondue du sable pour obtenir les pavés.
Cependant, la quantité de plastiques utilisée par les recycleurs est largement en deçà des 1500 tonnes produits dans la ville de Douala. « Les recycleurs n’ont pas de véhicules. Ils ont à peine deux tricycles offerts par la Fctv et les organismes internationaux. Nous avons besoin d’être subventionnés par l’Etat car nous ne le sommes pas actuellement. Autrement, nous vivrons dans un pays pollué par les déchets plastiques », avertit Robert Nzoa, un recycleur.
Pour trouver des solutions à ce problème, la 1ère conférence nationale sur la gestion des déchets s’est tenue le 27 novembre dernier à Douala. « Tout le monde doit se sentir concerné par la collecte des déchets, que ce soit la société civile, la population ou le gouvernement », a conclu Leonel Carbel Tonye, point focal Fctv à Douala. Bien plus, les participants se sont engagés à lancer des campagnes de sensibilisation, renforcer les capacités des recycleurs, faire des plaidoyers et du Lobbying pour la gestion des déchets plastiques au Cameroun.
« Les déchets plastiques sont un danger pour notre environnement. Nous pouvons les transformer en richesse tout comme ils peuvent être un désastre pour notre pays. On peut créer des milliers d’emplois rien que dans la formation des jeunes pour la collecte et le recyclage de ces ordures », assure, à Anadolu, Kutnjem Daouda, environnementaliste.
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