AA/Alger/Karim Kabir

Dans les milieux sportifs algériens et sur les réseaux sociaux, la décision fait jaser : pourquoi la Fédération algérienne de football (FAF) a-t-elle décidé subitement de fixer des critères pour les joueurs binationaux aspirant à rejoindre la sélection algérienne ?

Il y a quelques jours, la FAF écrivait sur son compte twitter que «deux critères seront pris en considération pour convoquer un joueur évoluant à l'étranger : son engagement inconditionnel en faveur de l'Algérie et sa supériorité technique par rapport au joueur local».

Selon la presse algérienne, cette décision qualifiée « d’erreur » est intervenue après que la FAF ait tenté d’approcher la jeune pépite de l’Olympique Lyonnais (OL), Houssem Aouar, d’origine algérienne, mais qui hésite pour l’heure à rejoindre la sélection algérienne.

«Je ne me suis pas encore posé la question sur le choix de ma sélection. Je viens d'intégrer le groupe professionnel de l'OL et mon objectif immédiat est de m'imposer au sein de mon équipe », a indiqué récemment Aouar (19 ans) à des médias.

Echaudée par l’épisode, Nabil Fekir, enfant de parents algériens, qui a donné son accord de principe, dans un premier temps, avant de renoncer et de rejoindre l’équipe de France, la FAF a donc décidé de fixer des critères. Mais cette décision, rendue publique, a provoqué un tollé.

Beaucoup de joueurs dont l’ex capitaine d’équipe, Mehdi Lahcene, sociétaire de Getafe en Espagne, et Sofiane Feghouli, joueur du club turc de e Galatassaray ont très vite réagi sur leur compte twitter, en affichant leur « étonnement » et en « déniant à quiconque de douter de leur amour pour les couleurs de l’Algérie ».

« Antar yahia, fils de Sedrata, chaoui libre (du nom d’une tribu berbère dans l’est de l’Algérie), algérien, fils d’algérien, neveu de chahid, de la génération de Bouguerra , Ziani, Megueni et Benhadj, les meilleurs à avoir hissé le drapeau haut et rendu heureux le cœur des algériens », a réagi, pour sa part, sur son compte twitter l’ancien capitaine d’équipe, Antar Yahia, auteur du but d’anthologie en 2009 contre l’Egypte lors d’un match de barrage disputé au Soudan et qui avait qualifié l’Algérie au mondial sud-africain de l’année suivante.

Antar Yahia a accompagné son message d’une photo le montrant avec les autres joueurs, mélange de locaux et de binationaux.

Au sein du staff technique des "Verts", la décision a également fait désordre. «Ecoutez, on ne fait pas de différence entre les joueurs algériens, que ce soient ceux qui jouent ici ou bien à l'étranger et qui ont une autre nationalité (…)», a réagi le directeur technique national, Rabah Sâadane dans des propos repris par les journaux.

Pour cet ancien sélectionneur « ceux qui viennent en équipe d’Algérie, ils le font avec le cœur ».

«Franchement, ça me touche quand j'entends dire que des joueurs actuels de l'équipe nationale ne jouent pas avec le cœur. C'est faux, car dans ce cas, ils ne seraient pas venus dès le premier jour. Du moment qu'ils ont accepté de revêtir le maillot algérien, c'est qu'ils sont motivés à le représenter dignement.» a-t-il encore dit comme pour répondre à certaines critiques apparues après l’élimination de l’équipe du mondial russe et pointant du doigt certains « joueurs binationaux » qui soi-disant ne se donnent pas à fond.

Même au sein du Gouvernement, on ne dissimule pas une certaines gêne.

«Je ne doute pas un seul instant de l’amour que portent les joueurs binationaux à l’EN. Ils ont apporté beaucoup à l’équipe. On ne peut dire d’un joueur qui n’a pas fait un grand match qu’il n’aime pas l’équipe. Le patriotisme ne se mesure pas en disant que tel joueur aime l’équipe mieux que tel autre», a déclaré à une chaîne de télévision locale privée le ministre des Sports Ould Ali El Hadi.

Mais, il a considéré que la «FAF est libre de ses décisions». Selon les spéculations de la presse, la FAF envisage de s’expliquer lors des prochains jours surtout que sa décision risque d’entraver le travail du nouveau staff technique qui s’efforce à remettre sur les rails une équipe qui a perdu son âme ces derniers temps.