Affaire Bétharram : devant la commission d’enquête, l’intervention de François Bayrou aurait visé son fils
- Devant les députés, plusieurs témoignages laissent penser que l’intervention de François Bayrou en 1998 aurait été motivée par la présence de son fils parmi les élèves de Bétharram.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
L’ancien gendarme Alain Hontangs a réitéré jeudi 10 avril, devant la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Bétharram, ses propos concernant une intervention de François Bayrou en 1998 dans l’enquête visant le prêtre Siviet Carricart.
Par voie d’un communiqué, la presse française rappelle qu’Alain Hontangs a affirmé que le juge d’instruction de l’époque, Christian Mirande, lui avait dit qu’« il y a eu une intervention de M. Bayrou ». Selon lui, cette intervention aurait conduit à retarder la présentation du prêtre Carricart au juge, à la demande du procureur général.
Un autre ancien gendarme, cité par Hontangs et également auditionné, a confirmé avoir eu connaissance de ces propos à l’époque.
Le juge Christian Mirande, interrogé par les députés, a déclaré ne pas se souvenir avoir mentionné François Bayrou devant les gendarmes. Il a toutefois confirmé avoir été surpris par l’intervention du procureur général dans le dossier, en précisant : « C’était la première fois que ça m’arrivait. »
Les auditions ont également mis en lumière l’existence d’un rapport d’inspection de trois pages, rédigé en 1996 par Camille Latrubesse après une visite à Bétharram. Ce rapport concluait que Notre-Dame de Bétharram « n’est pas un établissement où les élèves sont brutalisés ». Il avait été transmis à François Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale.
Devant la commission, Paul Vannier, rapporteur, a estimé que cette inspection avait été réalisée dans des conditions qui relevaient d’une « mission impossible », en raison de la brièveté et de l’isolement de l’inspecteur.
La question de l’intérêt particulier de François Bayrou pour la situation de son propre fils, élève à Bétharram, a également été évoquée lors des auditions. Eric Arassus, ancien camarade de classe de Calixte Bayrou, a été entendu récemment par la commission.
Enfin, Christian Mirande a confirmé avoir rencontré François Bayrou à son domicile à l’époque, lors d’un entretien de plusieurs heures.
L’affaire Bétharram, dans laquelle plus de 200 plaintes ont été déposées pour des faits de violences sexuelles, reste au cœur des travaux de la commission d’enquête. Celle-ci entend désormais « faire la lumière sur les conditions de cette libération », en référence à la remise en liberté sous contrôle judiciaire du père Carricart deux semaines après sa mise en examen.
Au-delà des responsabilités individuelles, l’affaire pose la question des pratiques d’intervention politique dans les dossiers judiciaires sensibles, particulièrement lorsqu’ils touchent la sphère familiale.
Pour rappel, après sa mise en examen et sa remise en liberté sous contrôle judiciaire, le père Siviet Carricart a quitté la France. Il s’est enfui au Vatican, interrompant ainsi les investigations ouvertes contre lui. En 2000, il se serait donné la mort.