Türkİye

Caricature provocatrice de Charlie Hebdo : Une artiste palestinienne répond par un dessin

- Au cours d'une interview à Anadolu, Abrar Sabbah a expliqué qu'il ne faut pas se moquer des personnes qui souffrent

Mücahit Aydemir  | 12.02.2023 - Mıse À Jour : 12.02.2023
Caricature provocatrice de Charlie Hebdo : Une artiste palestinienne répond par un dessin

Quds

AA / Jérusalem / Mucahit Aydemir

"J'ai voulu envoyer un message de soutien à la Türkiye", a déclaré l'artiste palestinienne Abrar Sabbah, au sujet de son dessin en réponse à la caricature provocatrice du magazine français Charlie Hebdo, qui se moquait de la catastrophe du tremblement de terre en Turquie.

Le magazine français Charlie Hebdo a suscité l'indignation en publiant une caricature se moquant de la Türkiye après les deux tremblements de terre meurtriers qui ont frappé le pays lundi.

Après les séismes survenus lundi, Charlie Hebdo a publié les dessins des bâtiments effondrés, avec la légende "Même pas besoin d'envoyer de chars."

Abrar Sabbah, une dessinatrice, illustratrice et graphiste palestinienne de 26 ans, a édité la caricature de Charlie Hebdo dans une vidéo qu'elle a publiée sur son compte de médias sociaux avec la légende : "Immoral Charlie Hebdo. Ce n'est pas ainsi que l'on dessine. C'est comme cela que vous auriez dû le représenter ! Nous nous relèverons. Le peuple se relèvera!"

Sa vidéo a reçu des milliers de likes et devenue virale sur Internet en peu de temps


**"On ne devrait pas se moquer des personnes qui souffrent"

Abrar Sabbah a accordé une interview à Anadolu après la publication de sa vidéo.

"J'ai vu la caricature de Charlie Hebdo en ces temps difficiles que nous vivons. Bien sûr, comme des millions de personnes, j'étais en colère et je ne pouvais pas rester silencieuse. À mon avis, il ne peut s'agir d'une caricature. Une caricature est une œuvre satirique. Mais il ne faut pas se moquer des personnes qui souffrent", s'est-elle indignée.

Selon elle, les droits de nombreuses personnes sont violés, ajoutant qu'elle a voulu illustrer dans sa vidéo ce que de nombreuses personnes voulaient dire.

"Par la même occasion, j'ai voulu faire passer le message que la Türkiye est un pays très fort, tout comme le peuple turc qui n'abandonne pas. J'espère que ce message est bien passé. Notre arme la plus puissante est la plume. En écrivant ou en dessinant, nous pouvons ainsi envoyer un message plus durable. Je voulais que le message en réponse à la caricature de Charlie Hebdo soit dans une langue qu'ils comprennent", a-t-elle poursuivi.

Et d'ajouter : "J'ai reçu beaucoup de réactions positives. J'ai reçu de nombreux messages de soutien sur mon compte personnel à l'instar 'Nous ne pouvions pas nous faire entendre, vous avez dit ce que nous ne pouvions pas dire' ou encore 'Vous nous avez donné le moral alors que nous souffrions beaucoup et que nous étions déprimés'"


**Une douloureuse catastrophe

La jeune Palestinienne a vécu en Türkiye pendant six ans pour ses études universitaires. Elle a expliqué ressentir autant de douleur qu'un citoyen turc.

"Que Dieu aide les peuples de Türkiye et de Syrie. Je me suis sentie comme si ma propre famille avait été blessée", a-t-elle déclaré.

Elle a poursuivi en disant que le désespoir qu'elle a ressenti l'a poussée à redessiner la caricature de Charlie Hebdo.

"J'ai fait ce dessin en pensant notamment à ce que je peux faire moi-même et à la façon dont je peux contribuer. J'ai essayé d'imaginer une caricature en utilisant mon talent. J'espère que cette caricature mal orientée (Charlie Hebdo) a été corrigée", a-t-elle dit.


** "La Türkiye se relèvera"

Selon Abrar Sabbah, le peuple turc apprécie Jérusalem et la Palestine autant que les Palestiniens.

"Cette (cause palestinienne) est une cause commune, bien sûr, mais l'intérêt et les sentiments de nos frères turcs en Palestine sont plus évidents", a affirmé la jeune artiste.

Abrar Sabbah a expliqué qu'elle suit constamment les discours ou les interventions du président turc Recep Tayyip Erdogan et des ministres turcs concernant la Palestine, qui réitèrent régulièrement : "Nous sommes une seule nation. La seule différence entre nous peut être la langue".

"J'espère que nous survivrons à cette douloureuse catastrophe. La Türkiye se relèvera. Le peuple turc est très fort", a-t-elle lancé.


** Les études en Türkiye

Abrar Sabbah est arrivée en 2016 en Türkiye pour suivre une formation de premier cycle universitaire. Elle a appris la langue turque à l'Université d'Ankara, au Centre de recherche et d'application de l'enseignement de la langue turque (Tomer).

En 2021, elle a obtenu son diplôme en journalisme à la faculté de communication de l'université de Konya. Elle était la première du département et la troisième de la faculté.

Elle vit dans la ville d'Akka, une partie des terres palestiniennes historiques et située à l'intérieur des frontières de l'actuel Israël. La jeune artiste palestinienne parle le turc, l'anglais et l'hébreu, en plus de sa langue maternelle, l'arabe.

Abrar Sabbah a expliqué qu'elle essaie d'utiliser les langues qu'elle parle pour transmettre au public international des informations précises sur la catastrophe en Türkiye.

"J'essaie de faire connaître nos droits en utilisant ces langues. J'essaie autant que possible de traduire les informations (en provenance de la zone sinistrée) afin que davantage de personnes soient conscientes de cette catastrophe", a-t-elle conclu.


* Traduit du turc par Alex Sinhan Bogmis

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