Erdogan s'oppose à une option militaire au Niger et souhaite un retour rapide à un ordre constitutionnel
- Le Président turc a par ailleurs souligné l'importance d'une prochaine rencontre en tête à tête avec Vladimir Poutine notamment pour discuter de la reprise de l'accord céréalier en mer Noire
Ankara
AA / Ankara / Hande İlbeyi Canca
Le Président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré qu'en dépit d'un calendrier chargé, il pourrait, s'il en a l'occasion, s'entretenir en tête-à-tête avec son homologue russe Vladimir Poutine pour discuter de l'accord sur les céréales de la mer Noire.
Le Chef de l'Etat turc a effectué, dimanche, une visite d'une journée à Budapest, à l'occasion de la fête nationale hongroise, et des championnats du monde d'athlétisme.
Il a ainsi, à cette occasion, rencontré séparément son homologue hongroise, Katalin Novak, et le Premier ministre, Viktor Orban, pour discuter des relations bilatérales, ainsi que des développements régionaux et mondiaux.
Lors de son vol retour de Budapest, Erdogan a répondu aux questions des journalistes. Il est, notamment revenu sur sa prochaine rencontre avec Vladimir Poutine, initialement prévue en ce mois d'août.
"En septembre, il y a la réunion du G-20 en Inde et l'Assemblée générale des Nations unies aux États-Unis. Si nous en trouvons l'occasion dans ce contexte chargé, nous rencontrerons (Vladimir) Poutine et lui parlerons en tête-à-tête", a-t-il déclaré.
Le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan, pourrait se rendre prochainement en Russie pour des entretiens en tête-à-tête, a ajouté le Président turc, estimant que cela pourrait donner de meilleurs résultats.
En ce qui concerne d'éventuels pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine, le leader turc a déclaré qu'il espérait obtenir des résultats si Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky acceptaient une médiation turque.
Le mois dernier, la Russie a suspendu sa participation à l'accord qu'elle avait signé l'été dernier avec la Türkiye, l'ONU et l'Ukraine pour reprendre les exportations de céréales à partir de trois ports ukrainiens de la mer Noire, qui avaient été interrompues après le début de la guerre entre la Russie et l'Ukraine en février 2022. Moscou s'est plaint à plusieurs reprises que la partie russe de l'accord n'était pas mise en œuvre.
- La candidature de la Suède à l'OTAN
Le Président turc a également été interrogé au sujet du processus d'adhésion de la Suède à l'OTAN.
"L'adhésion de la Suède à l'OTAN est laissée à l'appréciation du parlement turc", a réaffirmé Erdogan, ajoutant que Stockholm devait tenir ses promesses et empêcher les attaques contre le Coran.
"Si la Suède ne contrôle pas les rues de Stockholm et que les attaques contre nos valeurs sacrées se poursuivent, il ne faudra pas nous en vouloir", a-t-il insisté, soulignant entre autres la position ferme d'Ankara sur les sujets comme la lutte contre le terrorisme.
- Les développements au Niger
Le dirigeant turc s'est aussi exprimé sur la situation au Niger où les militaires ont pris le pouvoir le 26 juillet dernier.
Il a regretté que "pour l'instant, aucune solution n'a été trouvée."
"Nous travaillons actuellement sur la manière dont nous pouvons jouer notre rôle clé ici avec notre ministère des affaires étrangères, et nous continuerons à le faire, et nous espérons trouver une solution au Niger", a-t-il dit.
Et de poursuivre: "J'espère que le Niger, pays ami et frère, parviendra à un ordre constitutionnel et à une gouvernance démocratique le plus rapidement possible."
Le Chef de l'Etat turc a, néanmoins, rejetté l'option militaire défendue par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
"Je ne trouve pas juste la décision de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest d'intervenir militairement au Niger. À la suite de cette décision, le Mali et le Burkina Faso ont également averti qu'une telle intervention militaire au Niger reviendrait à leur faire la guerre. Une intervention militaire au Niger signifierait que l'instabilité s'étendrait à de nombreux pays d'Afrique", a-t-il avancé.
"J'espère que la paix sociale et la stabilité seront rétablies au Niger dès que possible et que le peuple nigérien protégera la démocratie et organisera des élections dès que possible. En tant que Türkiye, nous continuerons à soutenir le peuple nigérien, un pays ami et frère", a-t-il conclu.
* Traduit du turc par Tuncay Çakmak