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Fidan: "La priorité turque est de neutraliser les capacités militaires du YPG" en Syrie

- « Ils n’ont aucune place ici. Les éléments actuels doivent se dissoudre, déposer les armes et se placer sous le contrôle total du gouvernement central, c’est une obligation », a martelé le chef de la Diplomatie turque concernant le YPG, lié au PKK

Sümeyye Dilara Dinçer, Büşranur Keskinkılıç, Gökhan Çeliker  | 20.03.2025 - Mıse À Jour : 20.03.2025
Fidan: "La priorité turque est de neutraliser les capacités militaires du YPG" en Syrie

Ankara

AA/Ankara

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a qualifié de « positive » la récente conversation téléphonique entre le président Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Donald Trump, soulignant qu’Erdogan est l’un des président pour lequel Trump à du respect.

S’exprimant lors d’un dîner de rupture du jeûne du Ramadan hier soir mercredi avec des journalistes, Fidan a abordé plusieurs dossiers clés, dont sa visite à Damas, où la question du YPG, lié au PKK, a dominé les échanges.

Il a réaffirmé la priorité turque de neutraliser les capacités militaires du YPG, exigeant son autodissolution et son intégration sous le contrôle du gouvernement syrien, jugeant « inacceptable » que l’organisation conserve des capacités comme la production d’armes ou de systèmes de défense.

« Ils n’ont aucune place ici. Les éléments actuels doivent se dissoudre, déposer les armes et se placer sous le contrôle total du gouvernement central, c’est une obligation. Le gouvernement central doit être en mesure d’assumer pleinement cette chaîne de commandement », a-t-il insisté.

Fidan a noté une convergence de vues avec Damas sur la lutte antiterroriste, tout en plaidant pour l’octroi de droits aux Kurdes syriens, inexistants sous Assad, et un traitement égal pour tous les citoyens. Le retour des Syriens déplacés a également été évoqué, avec l’idée qu’un environnement sécurisé favoriserait leur retour, rappelant qu’un environnement sécurisé priverait notamment les groupes armés d’espace d’action.

Sur le plan régional, Fidan a estimé que la présence militaire américaine en Syrie, coûteuse et de plus en plus critiquée aux États-Unis, ne semble pas prioritaire pour Trump, le PKK tentant de légitimer son rôle via les prisonniers de Daech retenus dans les prisons pour le compte des pays occidentaux dans la majeure partie des cas.

« La présence militaire américaine a un coût, et son utilité est de plus en plus remise en question par l’opinion publique américaine. Auparavant, des facteurs comme l’Iran, la Russie et le régime d’Assad étaient en jeu, mais la conjoncture a changé. Un retrait serait moins coûteux pour eux », a-t-il souligné.

Sur Daech, il a insisté sur une lutte régionale autonome : « Nos problèmes, nous les réglons nous-mêmes », avec des capacités militaires mobilisables. Il a salué les efforts de coopération régionale contre Daech, notamment via une réunion à Amman avec la Jordanie, l’Irak, le Liban et la Syrie, visant à établir un centre commun d’opérations et de renseignement.

Concernant le camp d’Al-Hol contrôlé par le PKK/YPG, abritant environ 40 000 personnes, il a indiqué que l’Irak et la Syrie sont prêts à rapatrier leurs citoyens, bien que la question des prisonniers reste en suspens.

Fidan a aussi abordé les relations turco-américaines, soulignant la volonté de Trump de résoudre les différends bilatéraux. Erdogan aurait insisté, lors du dernier appel téléphonique avec Trump sur la levée des restrictions dans la défense et la lutte antiterroriste, tandis qu’une visite aux États-Unis est envisagée sans date fixée.

Fidan a dénoncé l’occupation israélienne du sud de la Syrie, accusant Israël de vouloir l’étendre, et les attaques à Gaza, où Netanyahu a rompu le cessez-le-feu avec la reprise des bombardements, annonçant une réunion au Caire le 23 mars pour arrêter le « génocide ».

Sur Chypre, Fidan a évoqué une réunion à Genève (17-18 mars) sous l’égide de l’ONU, un rapport concluant à l’absence de terrain commun, renforçant la position turque pour une reconnaissance des deux entités.

« Ce rapport a également été enregistré, il dit qu'il n'y a pas de terrain d'entente entre les deux parties, qu'est-ce que cela signifie ? Il s'agit d'une question que nous défendons depuis des années. La réalité est que deux communautés de l'île vivent séparément avec leurs propres institutions. Le fait que l'une d'entre elles soit reconnue comme un État et ait accès à toutes sortes d'opportunités alors que l'autre n'est pas reconnue est la principale raison de l'injustice qui règne sur l'île. Dans le passé, nous avons accepté les projets de solution de l'ONU préparés en nous appuyant sur l'arbitrage du système international, mais les Grecs n'étaient pas d'accord. Aujourd'hui, la situation sur le terrain est différente. Cette situation doit se refléter dans la recherche d'une solution politique », a-t-il plaidé.

Concernant la guerre Russie-Ukraine, il a noté des avancées partielles sur un cessez-le-feu entre Trump et Poutine (échange de prisonniers, sécurité énergétique), la Türkiye offrant son soutien à un accord mutuel.

Fidan a aussi critiqué la dépendance européenne aux États-Unis en matière de sécurité, plaidant pour une coopération plus large via l’OTAN, et a regretté les lenteurs sur la levée des visas européens pour les Turcs, prônant une libéralisation.

Enfin, il a averti que le conflit palestinien pourrait provoquer des fractures régionales majeures.

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