Türkİye

"En accueillant les Juifs, l'Etat Ottoman a fait perdurer la tradition islamique"

- Selon le Prof. Seyban de l'Université de Sakarya, l’exode des Juifs d'Espagne et d'Europe a été une conséquence de la haine entre Juifs et Chrétiens basée sur des questions religieuses.

Mücahit Türetken, Tuncay Çakmak  | 01.08.2018 - Mıse À Jour : 01.08.2018
"En accueillant les Juifs, l'Etat Ottoman a fait perdurer la tradition islamique" ( AA - Anadolu Ajansı )

Istanbul

AA - Sakarya (Turquie)

"Les Juifs ont commencé à prendre part aux différents échelons de l’Etat Ottoman à partir des années 1600".

Le Professeur Lutfi Seyban, de l’Université de Sakarya (SAÜ) dans le nord-ouest de la Turquie, est revenu sur la place des Juifs dans l’Empire Ottoman.

Il a d’abord rappelé que les Ottomans ont ouvert leurs portes aux Juifs exilés et pourchassés d’Europe en 1492.

Selon le Prof. Seyban, l’exode des Juifs a été une conséquence de la haine entre Juifs et Chrétiens basée sur des questions religieuses.

"Les Chrétiens étaient intolérants envers ceux qui n’étaient pas de la même religion", a-t-il affirmé, parlant du règne d’Isabella en Espagne.

"Cette haine ne concernait pas seulement les Juifs, mais aussi les Musulmans en Andalousie. Entre 1492 et 1609, les Musulmans d’Andalousie ont été massacrés et un très important génocide a été commis. A l’époque, il y avait près de 850 mille musulmans en Andalousie. Ils ont d’abord été poussés à abandonner leur religion, puis entre 1609 et 1614, ils ont subi les violences de l’Inquisition", a-t-il rappelé.

- "Après Thessalonique, c’est Galata et Izmir qui ont accueilli le plus de Juifs"

L’académicien affirme que les Juifs d’Espagne ont pu survivre grâce aux Musulmans.

"Avant la conquête de l’Andalousie par les Musulmans, les Juifs étaient les esclaves des Visigots. Les Musulmans ont aboli l’esclavage, et comme dans tous les autres pays musulmans, ils ont intégré le monde commercial et diplomatique de l’état", a-t-il expliqué.

Concernant l’exode forcé des Juifs, le Prof. Seyban reconnaît l’inexistence de chiffres exactes.

"L’exode s’est surtout fait vers les terres ottomanes, même si quelques pays comme la Hollande protestante ont accueilli un nombre plutôt faible de Juifs. Ils se sont surtout installés en Afrique du Nord, dans les Balkans, à Istanbul, en Anatolie, à Damas et Safed et en Palestine", a-t-il raconté.

Et d’ajouter : "Les Juifs se sont principalement installés à Thessalonique (Grèce). Ensuite, ce sont Galata (Istanbul), Izmir et Safed qui ont accueillis de nombreux exilés."

L’historien a encore expliqué que c’est le Sultan ottoman Beyazid II qui a accordé l’accueil aux Juifs exilés.

"En ouvrant ses portes aux Juifs, les Ottomans ont ainsi respecté la tradition turque et islamique. Cela démontre la grandeur de l’Etat ottoman, à la fois état turc et état d’Orient. C’est le propre des grands états que d’attirer les populations en difficulté ou en danger. C’est dans un sens le cas des Etats-Unis et de l’Europe aujourd’hui", a-t-il dit.

Seyban a encore indiqué que les Juifs ont vécu librement sous l’Empire Ottoman.

Ils se sont surtout investi dans les domaines du commerce, de l’économie et de la diplomatie.

"Les Juifs venant d’Andalousie étaient plus entreprenants que ceux qui vivaient sur les terres orientales de l’Empire Ottoman. Ils sont arrivés avec les acquis de l’Etat musulman d’Andalousie. Ils se sont donc vite imposé dans la société ottomane. Jusque la création de la République et même après, les Juifs impliqués dans la gestion de l’Etat étaient originaires d’Andalousie", a-t-il aussi expliqué.

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