AA / Paris / Ümit Dönmez

Les femmes dominent largement le paysage du travail à temps partiel en France, avec une représentation de 77 % parmi les salariés concernés, selon une analyse de la Dares (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques, liée au ministère du Travail).

Ce chiffre illustre les inégalités structurelles dans l’accès à l’emploi à temps complet et met en lumière les facteurs sociaux et économiques influençant ces choix.

Les motifs de recours diffèrent sensiblement entre hommes et femmes. Près de 43 % des femmes justifient leur temps partiel par des responsabilités familiales, contre 16,7 % des hommes. À l’inverse, ces derniers mentionnent plus fréquemment l’absence d’opportunités à temps plein (34,3 %, contre 23,5 % des femmes). Ces écarts traduisent des rôles genrés encore fortement ancrés, où les femmes se voient souvent attribuer les tâches domestiques et parentales.

- Des variations selon l'âge et le secteur

Parmi les jeunes (15-24 ans), le temps partiel est surtout lié à la poursuite d’études ou de formations. Cette tranche d’âge travaille généralement moins de trois jours par semaine, une configuration adaptée aux exigences académiques. En revanche, chez les seniors, le temps partiel répond davantage à des besoins de temps libre, de santé ou de complément de revenu.

Le secteur tertiaire concentre une large part des emplois à temps partiel, notamment dans l’hébergement-restauration et les services, où les emplois « courts » (moins de 24 heures hebdomadaires) prédominent. À l’inverse, l’industrie offre des temps partiels plus longs, souvent concentrés sur moins de cinq jours.

- Une organisation du temps qui varie

L’analyse distingue quatre modalités principales d’organisation :

- Temps partiel « court » (31,2 %) : moins de 24 heures réparties sur moins de cinq jours.

- Temps partiel « concentré » (26,1 %) : au moins 24 heures concentrées sur moins de cinq jours, souvent choisi pour des raisons familiales.

- Temps partiel « fragmenté » (15,4 %) : moins de 24 heures étalées sur cinq jours ou plus, particulièrement fréquent chez les ouvriers et seniors.

- Temps partiel « long » (27,3 %) : plus de 24 heures sur cinq jours ou plus, principalement adopté par les salariés d’âge intermédiaire.

- Une perspective d’égalité en question

Ces chiffres et configurations révèlent une double contrainte pesant sur les femmes : des attentes sociétales concernant leur rôle familial et une moindre accessibilité à des emplois à temps complet, notamment dans des secteurs féminisés.

Pour tendre vers une égalité réelle, les politiques publiques pourraient favoriser davantage de solutions de garde d’enfants et promouvoir des conditions de travail permettant de mieux concilier vie professionnelle et personnelle, selon la Dares.