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Alger-Bamako : de l’eau dans le gaz ?

Esma Ben Said  | 20.04.2018 - Mıse À Jour : 20.04.2018
Alger-Bamako : de l’eau dans le gaz ?

Algeria

AA/Alger/Tarik Zaidi

Bamako serait-elle en colère contre Alger après le rapatriement de certains de ses ressortissants ? Jeudi, en début de soirée, le porte-parole du ministère algérien des affaires étrangères, Ben-Ali Chérif, a annoncé la tenue plus tôt d'une entrevue entre un haut cadre de son département et l’ambassadeur malien à Alger.

«Dans le cadre de ses activités diplomatiques ordinaires, S.E.M. Nainy Touré, Ambassadeur de la République du Mali en Algérie, a été reçu, ce jour, au siège du ministère des Affaires étrangères, par l’Ambassadeur Sofiane Mimouni, Directeur général Afrique. L’entretien a porté sur les relations bilatérales et les perspectives de leur renforcement », a indiqué Benali Cherif dans une déclaration à l'agence officielle, APS.

Cette rencontre, «qui intervient au lendemain des visites effectuées en Algérie par le ministre malien de l’Énergie, ainsi que la ministre malienne de la Culture, qui a pris part au 4ème Salon international de la créativité auquel le Mali était l’invité d’honneur, a permis de procéder à une évaluation de la coopération bilatérale et de convenir des actions futures de nature à la dynamiser davantage», a-t-il précisé.

Cette information serait probablement passée inaperçue n’eut été le contexte.

En effet, peu de temps auparavant, la BBC avait rapporté que l’ambassadeur et le consul général du Mali en Algérie ont été rappelés par leur pays pour consultation sur la situation précaire de leurs ressortissants.

Selon cette source, les autorités maliennes entendaient protester après l’expulsion de 1.441 Maliens d’Algérie, entre les mois de janvier et mars de l’année en cours, dans des conditions jugées «très difficiles».

Le ministre malien de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Abdramane Sylla, cité par la BBC, a affirmé que les « traitements pas tout à fait acceptables» infligés à ses ressortissants constituent la raison ayant poussé le gouvernement du Mali à rappeler ses représentants diplomatiques pour consultation.

Mais le porte-parole du MAE algérien n’évoque, ni ne dément ce rappel.

A moins que l’annonce de la rencontre entre l’ambassadeur malien et le directeur général Afrique ne constitue une forme de démenti déguisé.

Ce n’est pas la première fois que la question des migrants clandestins provoque un léger malaise entre les deux capitales.

Il y a quelques semaines, des migrants maliens rapatriés d’Algérie se sont rassemblés devant l’ambassade d’Algérie à Bamako en lançant des pierres sur l’édifice et en proférant des insultes à l’encontre des employés.

Un acte qualifié « d’inacceptable » par Alger qui avait convoqué alors l’ambassadeur malien à Alger pour lui exprimer ses «vives protestations officielles ».

Pas moins de 27.000 migrants subsahariens ont été rapatriés vers leurs pays d’origine ces trois dernières années, a affirmé récemment devant le parlement le ministre algérien de l’intérieur et des collectivités locales, Noureddine Bedoui.

L’opération se poursuit « dans le cadre du strict respect des droits de l’Homme, en dépit de ce qui se dit et s’écrit dont le but est de ternir l’image de l’Algérie », avait-il expliqué, comme pour répondre aux critiques des ONG dont Amnesty International et HRW qui avaient critiqué les « conditions » de rapatriement massifs des migrants.

«Nous avons le droit de préserver notre sécurité », a-t-il dit en exprimant ses appréhensions que ces migrants soient exploités par des réseaux criminels.

Selon le ministre, l’Algérie enregistre 500 tentatives quotidiennes de migration clandestine.

Alger et Bamako entretiennent des relations historiques. Alger a toujours joué un rôle de médiateur dans le règlement du conflit qui oppose le pouvoir central à la rébellion de la région de l'Azawad au nord du pays.

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