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France : L’effondrement du système de santé plus proche que jamais

- Dans un entretien accordé à Anadolu, Philippe Pellegrini, syndicaliste de la CGT, élu du personnel du CHU de Nice, estime que « l’effondrement du système de santé est en cours ».

Ekip  | 17.01.2023 - Mıse À Jour : 17.01.2023
France : L’effondrement du système de santé plus proche que jamais

France

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

Le système de santé français fait, depuis des décennies, l’objet de vives inquiétudes, tant du côté des patients et des usagers, que du côté des personnels soignants.

Usés par des conditions de travail parfois complexes, des manques de places, des missions éprouvantes et un manque de reconnaissance, ces derniers sont très nombreux à dénoncer la politique gouvernementale à l’égard du secteur sanitaire.

Entre décembre et janvier, ces difficultés ont été largement dénoncées à travers des manifestations, des revendications et même des mouvements de grève, visant à alerter l’Exécutif sur le danger que représenterait une poursuite de sa politique en matière de santé.

Aucune branche n’a d’ailleurs été épargnée par les contestations auxquelles se sont joints les salariés du milieu hospitalier, les médecins libéraux, ou encore les infirmiers.

Dans un entretien accordé à Anadolu, Philippe Pellegrini, syndicaliste de la CGT (confédération générale du travail), élu du personnel du CHU de Nice (centre hospitalier universitaire), estime que « l’effondrement du système de santé est en cours ».

Pointant « différentes lacunes, notamment en ressources humaines, avec un manque très net de personnel », des « carrières très peu attractives », cet infirmier de profession estime que c’est aujourd’hui uniquement « grâce a ceux qui aiment leur métier et ont envie de bien le faire » que le système de santé tient encore à bout de bras.

« Si on devait compter sur une réelle volonté politique, ça fait longtemps qu’il y aurait déjà eu cet effondrement », grince également le syndicaliste très actif dans le département des Alpes-Maritimes, et qui insiste sur la nécessité de « rendre hommage aux professionnels qui font tenir le système avec les moyens qu’on leur donne ».

Son constat est évidemment partagé par plusieurs personnels soignants rencontrés par Anadolu, mais l’inquiétude est plus palpable du côté des infirmiers, qui sont de plus en plus nombreux à rendre leur blouse et se réorienter professionnellement pour quitter un système de santé qui selon eux « broie » les soignants.

Chaïma, 32 ans, diplômée d’Etat depuis 10 ans, a quitté récemment un poste en CDI en hôpital psychiatrique pour se tourner vers des missions d’intérim dont elle assure qu’elles « sont moins éprouvantes parce qu’on n’est pas vraiment impliqués dans l’établissement sur le long terme et on peut choisir les horaires sur lesquels on préfère travailler ».

« Mais il ne faut pas croire que c’est pour mon confort personnel que je veux quitter le métier. C’est surtout parce que j’ai peur, un jour, de commettre une erreur, qui puisse être fatale, à cause de l’épuisement ou d’un manque de moyens », explique la jeune femme.

Une remarque qui fait d’ailleurs échos aux propos de Philippe Pellegrini, qui alerte sur les « lacune préjudiciables pour un service public et indignes d’un pays comme la France ».

« On vit dans une espèce de précarité et l’hôpital nous rend malades », lance l’élu du personnel du CHU de Nice qui met en perspective l’augmentation « des maladies professionnelles », le nombre de soignants « malades qui continuent à travailler parce qu’ils ont besoin de leurs revenus », et la réforme des retraites dont les contours ont été dévoilés aux Français le 10 janvier courant et qui va allonger l’âge de départ à la retraite à 64 ans d’ici 2030.

Pour Philippe Pellegrini, il s’agit d’un « sabotage orchestré par le gouvernement ».

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