
France
AA / Tunis / Fatma Ben Amor
L'influenceur algérien Doualemn a été interpellé ce jeudi matin au domicile de sa fille à Montpellier, où il était hébergé. Ils est transféré par les forces de l'ordre à Paris pour le placer en Centre de Rétention Administrative (CRA) en vue de son expulsion, ont rapporté des médias français.
Selon Le Figaro, un nouvel arrêté d'expulsion a été pris à l'encontre de l'influenceur de 59 ans.
"Ce que nous craignons fermement c'est que dans la précipitation qui a été celle du mois de janvier, ils soient tentés de le renvoyer en urgence en Algérie pour entraver nos voies de recours", ont déclaré ses avocats au micro de BFMTV.
Une Commission de magistrats français du département de l'Hérault (sud) avait donné, le 12 mars courant, un avis favorable à l'expulsion de Doualemn, déjà condamné à 5 mois de prisons avec sursis et visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Suivi par quelque 138 mille personnes sur TikTok, Doualemn, Boualem Naman de son vrai nom, était poursuivi depuis janvier dernier pour incitation à la violence après une publication sur les réseaux sociaux.
Suite à cette publication, il a été expulsé suite à une décision du ministère de l'Intérieur, arguant que l'influenceur constituait une menace à l'ordre public. Il a été, toutefois, refoulé par l'Algérie, faute de laissez-passer consulaire et pour "non-respect de la procédure", selon Alger.
L'affaire a tourné en incident diplomatique entre Paris et Alger.
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. En plus de la question des archives et la restitution des biens d’Algériens confisqués, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes. L’Algérie réclame aussi la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle.
Les relations entre les deux pays se sont dégradées davantage, depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal et le refoulement de migrants algériens, dont Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au "rapport de force", selon les déclarations répétitives du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Côté algérien, le président Abdelmajid Tebboune a pointé "des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de "perte de temps" et mettant en garde contre "une séparation qui deviendrait irréparable".
"Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) Mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu", a-t-il déploré.
Le 25 février 2025, Paris a décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour "défendre les intérêts des Français".